Après trois générations, l’intégration n’est plus à prouver!
La Suisse doit reconnaître les petits-enfants d’immigrés; des jeunes nés, formés en Suisse et parfaitement intégrés, qui gardent peu de liens avec leur pays d’origine. Adrian Wüthrich, le président de Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, estime qu’il faut accepter la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération.
Le 12 février prochain, les citoyens suisses pourront décider si les jeunes étrangères et étrangers issus de la troisième génération auront accès à une procédure simplifiée de naturalisation lorsqu’ils en feront la demande. La naturalisation facilitée ne sera pas automatique, puisque les personnes concernées devront manifester leur volonté et ne pourront le faire que jusqu’à leurs 25 ans.
De plus, les conditions pour accéder à une telle demande restent strictes et limitent le cercle des personnes concernées. Pour saisir le véritable enjeu du scrutin, il est toutefois nécessaire de comprendre qui sont les jeunes de la troisième génération et quels avantages profiteront autant à ces jeunes qu’à l’ensemble de la société, dans le cas où un OUI sortait des urnes le 12 février.
Liens avec le pays d’origine souvent inexistants
Le changement de la Constitution sur lequel il faudra se prononcer ne concerne que les jeunes nés en Suisse, dont les parents et grands-parents ont également vécu en Suisse. Les jeunes ainsi que leurs parents devront y avoir suivi cinq ans de scolarité obligatoire et être titulaires d’un permis C.
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Non à la naturalisation standardisée par l’administration fédérale!
D’après une récente étude réalisée par l’Université de Genève, les principales nationalités concernées sont les Italiens, les personnes originaires des Balkans, les Turcs, les Espagnols et les Portugais. Ces petits-enfants d’immigrés, nés en Suisse, parlent parfaitement une langue nationale. Après une scolarité et des diplômes obtenus en Suisse, leur avenir professionnel et social s’y profilera certainement aussi. Dans ce contexte, l’intégration de la troisième génération n’est plus à prouver: il faut la reconnaître! Et ce d’autant plus que, pour elle, les liens avec le pays d’origine des grands-parents sont inexistants, ou moins importants que celui établi avec la Suisse.
Il serait donc injuste de soumettre aux mêmes conditions de naturalisation les petits-enfants nés en Suisse, dont l’histoire et le parcours non-migratoire diffère de celui des parents et grands-parents. C’est pourquoi simplifier la procédure en supprimant les auditions destinées à prouver l’intégration de personnes déjà intégrées est une avancée nécessaire et justifiée.
«N’oublions pas que leurs parents et grands-parents ont aussi participé à la construction de la Suisse actuelle.»
Par ailleurs, instaurer une compétence fédérale pour la naturalisation facilitée de la troisième génération permettra de traiter tout le monde sur un pied d’égalité, indépendamment du canton de résidence. Si certains cantons prévoient déjà une procédure facilitée pour la deuxième génération, ils garderont cette compétence sans entraver le principe de l’égalité de traitement pour la troisième génération.
Une chance pour notre société et l’avenir de la Suisse
Selon la même étude déjà citée, le nombre de personnes susceptibles de remplir les conditions de naturalisation prévues pour la troisième génération s’élève à 25’000. Ces personnes vivent en Suisse et vont certainement y rester. Il est donc primordial de les reconnaître comme appartenant aussi de droit et non plus seulement de fait à la Suisse. Leur reconnaissance constitue une chance pour la société, puisqu’il s’agit de personnes intégrées, qui forment le tissu social et professionnel pouvant favoriser l’essor économique de la Suisse.
N’oublions pas que leurs parents et grands-parents ont aussi participé à la construction de la Suisse actuelle. L’histoire des travailleurs saisonniers en est l’une des preuves. Par ailleurs, la reconnaissance qui passe aussi par l’octroi de droits civiques permettra d’élargir la participation politique de la population et de renforcer le système démocratique.
Miser sur la jeunesse d’aujourd’hui, c’est aussi miser sur l’avenir de la Suisse. Pour toutes ces raisons, Travail.Suisse, l’organisation faîtière indépendante des travailleurs et travailleuses, recommande de voter OUI le 12 février 2017.
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