Un double «oui» pour garantir notre prévoyance vieillesse et renforcer l’AVS
Le projet de prévoyance vieillesse 2020 est un paquet équilibré qui renforce le système suisse des retraites et garantit le niveau des rentes, estime Barbara Gysi. L’AVS revêt une grande importance pour beaucoup de retraitées et de retraités qui vivent à l’étranger, puisqu’elle leur assure une retraite bien méritée, affirme la députée socialiste saint-galloise.
Depuis 70 ans, l’AVS, l’assurance vieillesse et survivants, est l’assurance sociale et le pilier le plus important de notre prévoyance vieillesse. Elle est financée via un système de répartition, ce qui lui permet de résister aux turbulences des marchés financiers. Grâce à l’augmentation des salaires et de la productivité, son financement est stable: depuis plus de 40 ans, le taux de prélèvement sur les salaires n’a pas augmenté. Alors que la génération des «baby-boomers» arrive gentiment à l’âge de la retraite, un financement supplémentaire est nécessaire.
La prévoyance professionnelle (LPP), beaucoup plus dépendante des marchés financiers, est confrontée depuis un certain temps déjà à la faiblesse des taux d’intérêt. Cette situation, conjuguée à l’augmentation de l’espérance de vie, rend nécessaire la baisse du taux de conversion de la part obligatoire des avoirs du deuxième pilier. Les caisses de pension, qui assurent également la composante salariale dépassant le seuil obligatoire de 84’000 francs, ont déjà depuis longtemps réduit massivement leur taux de conversion.
Après plusieurs tentatives de réforme infructueuses, le Conseil fédéral a décidé de ficeler un paquet de mesures. Les objectifs de la réforme sont la préservation du niveau des rentes, la consolidation du système de protection sociale et la flexibilisation de l’âge du départ à la retraite. Ces objectifs ont pu être atteints et la charge est supportable. Ce compromis a été trouvé après une âpre lutte, au cours de laquelle toutes les parties ont dû faire des concessions, tout en réussissant à mettre en œuvre leurs revendications principales.
Sécurisation du financement de l’AVS
L’AVS est pérennisée jusqu’en 2030 avec un financement supplémentaire modéré. La Confédération continuera à prendre en charge 19,55% des dépenses annuelles de l’assurance. Dans le même temps, 0,3 point de pourcentage de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui était jusqu’à présent réservée à l’assainissement de l’assurance invalidité (AI), sera directement dédié à l’AVS. A partir de 2021, la TVA sera à nouveau relevée de 0,3 point de pourcentage pour atteindre un taux de 8,3%. Une charge supportable, puisque cela représente l’équivalent de 30 centimes sur un achat de 100 francs.
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Prévoyance vieillesse 2020: une réforme fictive
Une contribution non négligeable devra également être fournie par les femmes. L’âge de la retraite des femmes sera progressivement relevé à 65 ans. Dans le même temps, la flexibilisation de l’âge de la retraite (c’est ainsi qu’on nomme cette mesure), offrira la possibilité de partir à la retraite entre 62 et 70 ans, par étapes partielles.
Première hausse de l’AVS depuis 20 ans
La diminution du taux de conversion du deuxième pilier engendrera des baisses de rente de 10%. Afin de maintenir le niveau des rentes, les cotisations salariales destinées au deuxième pilier seront légèrement revues à la hausse et des éléments supplémentaires du salaire soumis à l’assurance. Dans le même temps, les rentes de l’AVS pour les nouveaux retraités seront augmentées de 840 francs par an, les rentes de couple jusqu’à 2720 francs. Ces mêmes rentes de couples atteindront nouvellement 155% du maximum d’une rente individuelle. Cette amélioration des rentes AVS ne nécessite qu’une ponction de 0,15% sur les salaires pour les employés et les employeurs et est garantie jusqu’en 2040.
Les femmes mieux assurées
La hausse de l’âge de la retraite représente certes un fardeau pour les femmes, mais elles s’en sortent globalement bien avec cette réforme. La hausse des rentes AVS représente une réelle amélioration des conditions de vie des femmes qui ne vivent que de l’AVS durant leur retraite. La retraite anticipée est liée à des baisses de rente moins importantes, ce qui conduit à une amélioration de leur situation. Autre élément central: la meilleure reconnaissance du travail à temps partiel dans le deuxième pilier.
Une bonne solution intergénérationnelle
Contrairement aux accusations des opposants, la réforme actuelle est juste pour toutes les générations. Notre prévoyance professionnelle assure l’existence matérielle durant les vieux jours et la jeune génération ne doit pas soutenir financièrement celle de ses parents. La charge supplémentaire est modérée. Les cotisations salariales supplémentaires pour financer l’AVS sont minimes et celles de la LPP seront elles aussi à peine accrues. Les jeunes doivent par ailleurs se réjouir de l’adaptation du taux de conversion: aujourd’hui, 1,3 milliard de francs sont redistribués chaque année des jeunes vers les aînés. Pour finir: comment la jeune génération pourrait-elle concilier travail et vie de famille si tous les grands-pères et les grands-mères ne la soutenaient pas?
Pour toutes ces raisons, le paquet équilibré de la prévoyance vieillesse 2020 mérite notre soutien.
(Traduction de l’allemand: Samuel Jaberg)
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