Qui a peur de l’infirmière polonaise?
L'extension de la libre circulation aux nouveaux membres de l'UE ne devrait pas engendrer une arrivée massive de travailleurs et de travailleuses en Suisse.
Selon une étude commandée par le gouvernement à l’Université de Genève, cette ouverture progressive des frontières n’aura que peu de conséquences sociales et économiques.
Le gouvernement a pris acte mercredi d’un rapport prospectif plutôt rassurant pour ceux qui s’inquiètent des répercussions pour la Suisse de l’élargissement de l’Union européenne (UE).
Selon ce document, commandé par l’Office fédéral des migrations à l’Observatoire de l’emploi du professeur Yves Flückiger à l’Université de Genève, l’immigration en provenance d’Europe centrale et orientale sera faible et l’augmentation du chômage en découlant sera «minime».
Des femmes jeunes et bien formées
Ainsi, en 2010, le nombre de ressortissants des nouveaux pays de l’UE – sans Malte ni Chypre (soit Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Hongrie et Tchéquie) – ayant émigré en Suisse devrait atteindre un chiffre compris entre 47’000 et 60’000 en 2010.
Les flux migratoires devraient ensuite se réduire. En effet, c’est la tranche d’âge de 20 à 34 ans qui aura le plus tendance à émigrer et l’évolution démographique de ces pays montre déjà que ces gens seront alors moins nombreux.
Plus de 70% de ces nouveaux immigrés devraient être des femmes. Près de 40% auront une formation universitaire ou équivalente.
Toujours selon le rapport genevois, ces gens devraient venir travailler surtout dans l’hôtellerie, la restauration, les commerces de gros et de détail, la santé, l’enseignement et les services aux entreprises.
Hausse du chômage négligeable
Les effets sur l’emploi en général devraient rester limités. Il est possible que le chômage augmente légèrement, de 0,04 points, vers 2014. Un effet que le rapport décrit comme purement «mécanique».
En ce qui concerne les salaires, cette nouvelle immigration devrait conduire à une baisse, mais relativement faible. Et, selon les auteurs du rapport, les mesures d’accompagnement devraient permettre de détecter et de prévenir d’éventuelles situations de sous-enchère.
Dans un premier temps, l’Assurance vieillesse et survivants (AVS) devrait bénéficier de l’arrivée de ces travailleurs, mais dans des proportions très modestes.
Les jeunes Européens de l’Est qui viendront en Suisse seront autant de nouveaux cotisants. Et ce n’est que lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite que les premiers effets devraient se faire ressentir sur les rentes.
swissinfo et les agences
Selon l’étude de l’Université de Genève, la Suisse devrait accueillir d’ici 2010 entre 47’000 et 60’000 travailleurs des nouveaux pays de l’UE (sans Malte et Chypre).
A fin 2004, ils et elles étaient déjà 19’000.
70% de ces nouveaux immigrants devraient être des femmes, la majorité aura moins de 30 ans et près de 40% sera au bénéfice d’une formation supérieure.
Le 25 septembre 2005, le peuple suisse a accepté d’étendre la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’UE.
Cet accord, qui entre en vigueur le 1er avril 2006, ne déploiera pleinement ses effets qu’à partir du 30 avril 2011. Jusqu’à cette date, la Suisse a le droit de maintenir ses contingents (3000 permis de longue durée et 29’000 de courte durée par année) et de continuer à accorder la priorité aux travailleurs indigènes.
En cas d’immigration massive, elle pourrait même prolonger ce délai jusqu’en 2014.
En outre, la Suisse a prévu de renforcer ses mesures de lutte contre la sous-enchère salariale.
Jusqu’à 150 inspecteurs du travail traqueront les abus et les Conventions collectives (qui garantissent des conditions minimales) pourront acquérir force de loi pour tout un secteur.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.