Jour de gloire pour les petits Suisses dans la presse étrangère
L’exploit au bout du suspense! La presse internationale est unanime après l’élimination de la France par la Suisse en huitième de finale de l’Euro. Et si les Bleus avaient pêché par excès de confiance?, se demandent les commentateurs.
«Anéantis», titre L’ÉquipeLien externe. La presse de l’Hexagone décrit l’élimination de la France en huitième finale de l’Euro comme un fiasco, mais n’oublie pas de saluer l’exploit réalisé lundi soir par les Helvètes. «Cela faisait soixante-sept ans que la Suisse n’avait plus atteint les quarts de finale d’un grand tournoi. Elle s’est sublimée pour sortir le champion du monde», reconnaît le quotidien sportif français.
Ces «petits Suisses», qui nourrissent un vieux complexe d’infériorité à l’égard du voisin hexagonal, ont finalement réussi à battre la «Grande Nation» aux tirs au but. La victoire prend une dimension particulière à la lumière de la relation d’amour-haine qu’entretiennent les deux voisins depuis au moins deux siècles.
Avant le match, les médias français avaient d’ailleurs consacré plusieurs articles à une rivalité «à sens unique» entre les deux pays. «C’est l’histoire d’une rivalité que les Suisses sont les seuls à voir», commentait notamment Europe 1Lien externe. «Sans manquer de respect au voisin – en tout cas, pas plus qu’on ne le fait d’habitude –, il semble quand même que ce soit côté suisse que ce match revête une importance toute particulière», commentait le magazine So FootLien externe.
«Ils se sont vus trop beaux, et on leur a tendu le miroir aussi»
Après la victoire suisse, c’est l’arrogance des Bleus qui est épinglée par la presse. «Le tacle de l’Euro – Et les Bleus apprirent l’humilité», commente le magazine le PointLien externe. Même analyse dans le quotidien Ouest FranceLien externe: «Les champions du monde ont pris une leçon de vie et d’humilité par des petits Suisses plus dynamiques, plus solidaires, mieux organisés. Juste plus collectifs.» Le journal fait même son mea culpa: «Ils se sont vus trop beaux, et on leur a tendu le miroir aussi.»
Le Figaro se montre très remonté: «Tête basse et en pleurs, les champions du monde ont quitté l’Euro et Bucarest par la plus petite des portes, pour ce qui restera l’un des plus grands fiascos de l’histoire de la sélection.»
Le MondeLien externe, qui titre «les Bleus se prennent un mur suisse en huitième de finale», fait part de son incompréhension face à l’échec des champions du monde. «Comment cette équipe annoncée grande favorite du tournoi s’est laissé retourner comme une crêpe en dix minutes après avoir mené de deux buts?», se demande le grand quotidien français. «La réponse échappe à tout raisonnement logique», conclut-il.
Si la plupart des journaux français évoquent un échec collectif, Kylian Mbappé est pointé du doigt. Le joueur censé être l’une des stars de l’équipe a non seulement raté le penalty décisif, mais a également traversé cet Euro sans marquer le moindre but. «Une terrible désillusion pour les Bleus et le crack de Bondy», tonne Le ParisienLien externe.
Ouest France fait preuve de sévérité: «C’est Mbappé qui a précipité la chute des siens en ratant le dernier tir au but de la série fatidique. Comme un symbole. Une belle claque, pour que jeunesse se fasse.»
LibérationLien externe tente de prendre un peu de hauteur face aux violentes critiques. Le quotidien français parle du «Woodstock du foot» et souligne la beauté du sport: «Une invraisemblable séquence de liberté où deux équipes que tout sépare, le palmarès, la reconnaissance, le statut des joueurs et le reste, ont communié dans une sorte de grand-messe du ballon.»
«Le couteau suisse a fonctionné»
Le match était aussi très observé par l’Espagne, qui affrontera la formation helvétique ce vendredi à Saint-Pétersbourg, en quarts de finale. «El fracaso» (l’échec) de Kylian Mbappé titre le quotidien sportif MarcaLien externe. D’autres médias ibériques cherchent à connaître le prochain adversaire de leur équipe nationale. «Le couteau suisse a fonctionné, comme toujours. N’attendez pas grand-chose de cette équipe, mais elle possède une fiabilité que de nombreux prétendants au titre aimeraient avoir», écrit AsLien externe, un quotidien spécialisé dans le football.
Ailleurs en Europe, l’élimination des Bleus, présentés comme les grands favoris de la compétition, est plutôt bien accueillie. Le quotidien belge Le SoirLien externe parle de «Frexit». La Dernière HeureLien externe opte pour l’ironie, en titrant «Les Bleus ramenés à la maison!», petit remix du titre bien célèbre de Vegedream, popularisé lors du sacre français lors de la Coupe du monde 2018.
«Ciao Ciao Mbappé», lance la Gazzetta dello SportLien externe, en Italie avec une photo du tir au but manqué par l’attaquant français. «Mbappé condamne la France», ajoute le Corriere dello Sport.
L’allemand KickerLien externe relève les étonnants choix stratégiques du sélectionneur français Didier Deschamps. Il se demande aussi si «La France a échoué à cause de son arrogance?» «Une Suisse enthousiaste et compétente s’est mise à examiner avec joie les faiblesses» du système mis en place par l’entraîneur français, note d’ailleurs en Angleterre The GuardianLien externe.
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