Clap de fin pour Oskar Freysinger et son goût de la provocation
Ejecté du gouvernement valaisan après une législature seulement, Oskar Freysinger subit le même destin que son mentor Christoph Blocher avant lui. Ses frasques à répétition et son acoquinement avec les milieux d’extrême-droite ont été sévèrement sanctionnés par les électeurs valaisans, souligne la presse suisse de ce lundi.
C’est un véritable séisme politique qu’a vécu le canton du Valais dimanche 19 mars. Figure de proue de la droite nationaliste en Suisse romande et vice-président de l’UDC suisse, Oskar Freysinger a été délogé de l’exécutif cantonal après une législature seulement. Candidat le mieux élu il y a quatre ans, le trublion à la queue de cheval a dû se contenter de la sixième place, synonyme de non-réélection. Les électeurs lui ont préféré un novice en politique, le libéral-radical (centre-droit) Frédéric Favre, 38 ans. Une défaite historique, puisque cela faisait 80 ans qu’un candidat sortant n’avait pas été réélu dans le canton du Valais.
«Oskar Freysinger est brutalement tombé de son piédestal valaisan. Bye-bye, le chanteur au catogan» Tribune de Genève
De Genève à Zurich, cette éviction est largement commentée dans la presse suisse de ce lundi. «Oskar Freysinger n’aura été qu’un ministre éphémère. Lui qui, il y a quinze mois encore, visait une place au Conseil fédéral (gouvernement suisse), est brutalement tombé de son piédestal valaisan. Bye-bye, le chanteur au catogan», écrit ainsi la Tribune de Genève.
De nombreux observateurs de la vie politique suisse n’hésitent pas à dresser un parallèle entre le destin d’Oskar Freysinger et celui de Christoph Blocher, chef de file de l’UDC suisse, qui avait été évincé après une législature seulement passée au Conseil fédéral (2003-2007). «Comme Blocher avant lui, Oskar Freysinger a cru, à tort, pouvoir jouer sur les deux tableaux: siéger au Conseil d’Etat (gouvernement valaisan) tout en gardant son profil d’opposant. Jamais il n’a revêtu les habits du ministre», souligne ainsi La Liberté de Fribourg.
Notoriété internationale
Il faut dire qu’Oskar Freysinger était l’un des personnages les plus en vue et les plus controversés du paysage politique suisse. Elu au Parlement fédéral en 2003 (où il est resté jusqu’en 2015), le Valaisan (57 ans) est rapidement devenu incontournable, sa notoriété dépassant largement les frontières de son canton et même de son pays. Multilingue, lettré, habile orateur, à l’aise devant les caméras et les microphones, et surtout adepte de la provocation, le fondateur de la section valaisanne de l’UDC figurait dans le cercle des élus les plus radicaux de la droite conservatrice helvétique.
«Un homme dont le programme principal repose essentiellement sur des provocations dégoûtantes n’avait pas sa place dans un gouvernement cantonal» Der Bund
En 2009, il fut l’un des chefs de file de l’initiative «anti-minarets», dont l’acceptation dans les urnes suscita un écho médiatique planétaire. Grand admirateur de Vladimir Poutine et de sa politique, Oskar Freysinger était par ailleurs régulièrement invité à donner des conférences dans les cercles d’extrême-droite et conspirationnistes de toute l’Europe, même après son élection au gouvernement cantonal.
Tout au long de sa carrière politique, qui selon de nombreux éditorialistes a pris fin ce dimanche, Oskar Freysinger s’est démarqué par son acoquinement avec les idéologies antihumanistes, estime le Tages Anzeiger. «Il a décoré sa maison avec un drapeau du IIe Reich utilisé par les néo-nazis, a relativisé le génocide arménien et engagé un raciste et négationniste du génocide de Srebrenica comme conseiller politique», rappelle ainsi le quotidien zurichois.
Fin 2016, l’UDC valaisan a peut-être commis la provocation de trop en engageant aux frais du contribuable un consultant survivaliste italien proche des milieux d’extrême-droite qui avait tenu des propos odieux sur les réseaux sociaux. «Dans ces circonstances, il est étonnant que la carrière de Freysinger n’ait pris fin que ce dimanche. Un homme dont le programme principal repose essentiellement sur des provocations dégoûtantes n’avait pas sa place dans un gouvernement cantonal», conclut le Bund de Berne.
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