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Serono: «un séisme pour l’économie suisse»

Le palais de verre de Marck Serono de Genève s'écroule. Keystone

Ce titre résume le choc provoqué par l’annonce de la fermeture de Serono à Genève par le groupe allemand Merck. 1250 emplois biffés pour Genève, 80 pour Vaud : la presse ne cache pas son souci face à ce licenciement collectif, quitte à égratigner parfois l’ex-propriétaire Ernesto Bertarelli.

Au total 1330 employés du groupe pharmaceutique sont concernés, 750 postes seront transférés vers d’autres sites, et 500 seront supprimés d’ici au 1er semestre 2013.

 «La Honte!» «Un séisme pour l’économie suisse» «Ciel orageux sur le lac Léman» «Les Allemands ferment le joyau de la pharma genevoise» «Merck tourne le dos à Genève» «La fin brutale d’une union qui a fait fiasco», ces quelques titres résument les répercussions du choc provoqué par la nouvelle.

«Merck Serono était en difficulté, rappelle Le Courrier. Le Rebif, sa molécule vedette utilisée dans le traitement de la sclérose en plaque, est tombé dans le domaine public, et le nouveau groupe issu du rachat n’a pas réussi à trouver une nouvelle martingale.»

«La star du yachting Ernesto Bertarelli»

«1330 postes fichus! Les Allemands disent: nous avons un peu de poisse. L’héritier de Serono, Bertarelli, est ‘très triste et un peu surpris’. Et c’est tout?» Le quotidien populaire suisse alémanique  Blick taille sa syntaxe à la hache pour dénoncer une «honte»

«Ou pouvait s’attendre à de mauvaises nouvelles du côté de Serono, mais pas à une fermeture abrupte», relève la Basler Zeitung. Mais le journal de la région bâloise pointe du doigt sur le prix très exagéré payé par Merck il y a six ans pour acheter Serono à Ernesto Bertarelli.

Le Tages Anzeiger tape sur le même clou: «La star du yachting Ernesto Bertarelli a encaissé 10 milliards d’euros et c’est le personnel qui paie maintenant la facture. Une deuxième victoire dans la coupe de l’America était apparemment plus importante à ses yeux que l’avenir de la société de biotechnologie héritée de son grand-père et qu’il avait dirigée pendant dix ans».

«L’argent fait le bonheur, monsieur Bertarelli», renchérit le Blick. «Le jour de ses 41 ans, il a vendu l’œuvre de sa famille», mais «la richesse implique des responsabilités, par exemple en investissant dans une nouvelle entreprise pour créer des emplois».

La fin des vaches grasses?

«Pour l’économie genevoise, c’est une perte amère et un signe que les années de vaches grasses pourraient être terminées pour les cantons francophones», commente la Neue Zürcher Zeitung.

Le journal zurichois poursuit: l’Arc lémanique a vécu ces dix dernières années «un boom qui comportait aussi des désavantages» en donnant à la région un «un petit air nouveau riche de Beverly Hills». Allusion à la croissance très rapide des prix des terrains et des biens immobiliers, forçant des familles à déménager: tout ça «pourrait appartenir bientôt au passé», conclut la NZZ.

«Le rêve caressé par de nombreuses personnes, celui de créer une ‘Silicon Valley’ romande dans le domaine des sciences de la vie, va-t-il se briser net?», se demande la Tribune de Genève. Et de souligner que, y compris la division générique de Novartis, Sandoz, «les géants de la pharma sont aussi attaqués par de nouveaux acteurs provenant de pays émergents» et «peuvent donc devenir, parfois, des colosses aux pieds d’argile.»

«L’Arc lémanique est-il la terre maudite?», se demande Le Temps , en rappelant que le site historique de Novartis à Prangins (Vaud) vient à peine d’être sauvé grâce aux efforts des autorités et du personnel.

Le Corriere del Ticino estime qu’il faut tenir compte aussi de facteurs structurels dans la gestion de Serono par Merck, et notamment la réduction des marges sur les médicaments. «Le groupe allemand invoque des problèmes au niveau international. Mais on sait, par exemple, qu’il a aussi connu des problèmes pour faire homologuer son nouveau médicament contre la sclérose en plaques». Le quotidien italophone estime que c’est «une erreur de conclure que la Suisse n’a plus sa place dans la pharma».

La méthode Coué

La Tribune de Genève opte pour la méthode Coué et rappelle que la région lémanique «fourmille de petites pousses, adossées à l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne)». «Ces petites structures n’offrent que quelques poignées d’emplois. Mais elles permettent à de nombreux chercheurs d’acquérir rapidement des connaissances ».

Le Temps reconnaît lui aussi que «la principale raison de la fermeture abrupte du siège genevois de la multinationale allemande est à chercher du côté du manque d’innovation» et que «ce choix drastique (…) est d’une toute autre portée qu’une simple restructuration conjoncturelle» puisque Merck situe son avenir scientifique ailleurs qu’à Genève.

Pragmatique, Le Temps appelle à «limiter le gâchis» et espère que le «vivier des sciences de la vie de la région, stimulé par le pôle de l’EPFL», permettra aux chercheurs de développer leurs projets. Après tout, conclut le journal francophone, 30 millions d’euros sont mis sur la table par le plan social de Merck pour créer de jeunes entreprises.

Pour l’Aargauer Zeitung, il est temps que la politique s’en mêle: «une véritable innovation en échange de la sécurité et de bonnes conditions cadres. Il est temps de conclure un véritable pacte car les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de l’industrie pharmaceutique mondiale. Car d’importants brevets arrivent à leur terme, ce qui va peser lourdement sur les chiffres d’affaires».

Le groupe allemand Merck, qui emploie 40’000 personnes dans 67 pays, avait annoncé en février un plan d’économie

La division Merck Serono sera regroupée au siège à Darmstadt, afin de supprimer les doublons avec Genève, où 500 postes seront supprimés.

Plus de 750 employés de Genève seront réaffectés: 130 dans le canton de Vaud, les autres en Allemagne, aux Etats-Unis (Boston) et en Chine (Pékin).

Merck Serono projette la suppression d’environ 80 des postes actuels sur l’ensemble des sites du canton de Vaud (Aubonne, Corsier-sur-Vevey et Coinsins).

Merck Serono maintiendra environ 1000 emplois en Suisse (contre 2100 actuellement), dont 800 dans le canton de Vaud.

Des possibilités de recherche de nouveaux emplois vont être offertes aux 500 collaborateurs dont les postes sont supprimés.

Un fonds de 30 millions d’euros va être mis à disposition pour aider à la création d’entreprises. Un

(Source: ATS)

Serono participe au succès du premier bébé-éprouvette du monde: Louise Brown née en 1978.

Ares-Serono prend le virage biotechnologique au début des années 80 et s’implante à Aubonne (VD) en 1984.

Sa croissance subit un coup d’arrêt en 1993, lorsque des pays européens cessent de rembourser ses médicaments vedettes. Ares-Serono se concentre alors sur le Rebif, destiné à soigner la sclérose en plaques.

En 1996, à 31 ans, Ernesto Bertarelli prend la relève de son père. Sous sa direction, le chiffre d’affaires quadruple en moins de dix ans. Ares-Serono devient Serono et se fait coter à Wall Street.

En 2005, le groupe genevois se voit infliger aux Etats-Unis une amende de 700 millions de dollars pour avoir prescrit un médicament dans des conditions douteuses. La sanction aura l’effet d’un coup de gourdin.

Un an plus tard, Ernesto Bertarelli cède la part majoritaire de 64,5% détenue par sa famille à l’allemand Merck KgaA, pour quelque 16,8 milliards de francs.

(Source: ATS)

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