Swiss/Lufthansa: «Tout le reste n’est que rêve»
La résistance face à la vente de Swiss à la compagnie allemande Lufthansa s’effiloche, comme en a témoigné la presse dominicale.
Alors que le vice-président de Swiss se fait l’avocat de la cession, un sondage montre que la majorité des Suisses y est également favorable.
Encore opposé à une telle opération il y a deux ans, Walter Bosch, vice-président de Swiss, a fait volte-face. Dans une interview publiée dimanche dans la «SonntagsZeitung», il assure que «le deal Lufthansa est la bonne solution» et que «tout le reste n’est que rêve».
La voie solitaire passant par une recapitalisation n’est selon lui «pas réaliste». Il faudrait pour cela un engagement autant économique que politique, or «il n’y a pas le moindre signe» d’une telle volonté, note-t-il.
1 milliard d’investissements nécessaires
Après pratiquement trois ans d’existence et des pertes de plus de 1,8 milliard de francs, Swiss doit encore investir. La compagnie doit consacrer 700 millions de francs pour moderniser sa flotte régionale et 300 millions pour acheter de nouveaux appareils long-courriers. Cela nécessite une augmentation de capital de quelque 600 millions de francs.
Dans l’interview, Walter Bosch ne commente pas les chiffres. Il déclare en revanche que «lorsque certains disent que l’on fait un cadeau à Lufthansa, on ne doit pas oublier que cette compagnie devra financer ces investissements. On ne peut pas parler de gratuité».
De son côté, cité dans la «NZZ am Sonntag», le président de Swiss, Pieter Bouw, déclare que «Lufthansa est la seule société prête à se lancer dans un partenariat industriel et à endosser le risque entrepreneurial».
Selon Walter Bosch, Lufthansa entend positionner Swiss dans le haut de gamme, continue l’administrateur. La compagnie restera autonome dans le groupe allemand, avec sa propre direction.
Sur le plan politique, dans une interview à la «NZZ am Sonntag», le ministre Christoph Blocher, chef du département de Justice et Police, s’est quant à lui refusé à tout commentaire sur les négociations en cours. Mais il rappelle qu’il a été un «opposant acharné» à la création de Swiss dès le début.
Suite des opérations
Sur la suite des opérations, Christoph Blocher souligne que tant le Département fédéral des finances (DFF) que l’Office fédéral de la justice (OFJ) ont abouti à la conclusion que le Conseil fédéral peut décider seul du sort du paquet de titres que la Confédération détient dans Swiss (20,4 % du capital).
Il ne veut cependant pas spéculer sur la position qu’adoptera en fin de compte le gouvernement sur cette question. Le Zurichois reconnaît en revanche que la question du bruit à Kloten, et donc du régime de vol et des atterrissages, joue un rôle dans le dossier.
Il confirme en effet que le Conseil fédéral veut obtenir l’allégement des restrictions de vols imposées par l’Allemagne à l’aéroport de Kloten suite à l’échec de l’accord aérien réglant la répartition des nuisances sonores. «Cela sera certainement inclus dans la transaction. La reprise d’une compagnie aérienne et le régime d’approches ont beaucoup à voir l’un avec l’autre», a-t-il déclaré.
Du côté des opposants
Le rachat par Lufthansa ne fait pas l’unanimité. Mais les deux avocats zougois (Marius Grossenbacher et Jürg Brand) qui avaient lancé vendredi le projet de créer une holding (SR Invest) pour permettre à Swiss de rester autonome ont jeté l’éponge.
Ils n’ont reçu que 4 à 5 millions de francs, un montant insuffisant pour aller de l’avant, a dit Marius Grossenbacher à l’ats.
Par contre, dans le «Blick», l’ancien patron d’Hotelplan, Claus Niederer, a affirmé quant à lui qu’il se mettait à disposition pour prendre la tête de Swiss et redresser le groupe. Il qualifie le projet de vente de «lamentable».
Une population résignée
Swissair avait valeur de symbole pour la population helvétique. Swiss n’a manifestement pas atteint ce statut.
Selon un sondage publié par le «SonntagsBlick», plus d’un Suisse sur deux approuve la vente de la compagnie aérienne à Lufthansa. 53% des Suisses sont favorables à la reprise de Swiss par Lufthansa, 31% s’y opposent et 16% sont indécis.
Ils sont 57% à penser que Swiss, seule, n’a aucune chance de survie. A noter que les Romands sont plus réticents que les Alémaniques face à la vente de Swiss, avec 47% seulement d’avis favorables.
Le sondage, réalisé par l’institut Isopublic auprès de 1.002 personnes du 16 au 18 mars dernier, souligne également que les Suisses ne veulent toutefois pas brader leur compagnie aérienne: 53% des sondés souhaitent que la Confédération vende ses actions au cours actuel de la bourse. Seul un quart d’entre eux seraient d’accord de les céder à un prix inférieur et 6%… de les donner.
swissinfo et les agences
Les analystes estiment la valeur de Swiss à quelque 850 millions de francs suisses.
Sa capitalisation boursière est de 500 millions de francs.
Le prix de rachat n’est pas encore connu, mais on parle d’un montant compris entre 120 et 600 millions.
Lufthansa devra aussi reprendre la dette de Swiss, qui frise 1,1 milliard de francs.
– Il y a une semaine, Lufthansa et Swiss ont annoncé négocier le rachat de la seconde par la première.
– Lufthansa souhaite intégrer Swiss à ses activités dès le commencement du prochain horaire d’hiver.
– Le délai fixé par Lufthansa lors des entretiens avec les actionnaires principaux de Swiss (Confédération, UBS, Credit Suisse) expire le mardi 22 mars.
– La Confédération étant le principal actionnaire, sa décision sera décisive.
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