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«UBS tourne la page du bling-bling»

CEO d’UBS, Sergio Ermotti annonçant la nouvelle qui «fait mal». AFP

Réaliste, la presse suisse a salué mercredi l'annonce par UBS du redimensionnement de sa banque d'affaires. Et voit la suppression de 10’000 emplois, dont 2500 en Suisse, comme un sacrifice douloureux mais nécessaire.

«Adieu vache sacrée», «UBS mise sur les valeurs sûres», «Victoire pour la place financière suisse», «Monsieur Ermotti, quels collaborateurs allez-vous virer?» «Ondes de choc sur UBS», pouvait-on lire dans la presse suisse.

Parmi ces titres, citons encore ce «Mardi noir» qui barre la une du Blick comme un brassard de deuil pour cumuler l’annonce des licenciements chez UBS aux ravages de la tempête Sandy aux Etats-Unis.

La Neue Zürcher Zeitung rappelle que «la chute du bilan total d’UBS de près de 40% à 1370 milliards de francs depuis l’apogée de 2007 semble menaçante comparée aux quelque 600 milliards du produit national brut de la Suisse». Le quotidien zurichois déplore la suppression «douloureuse de 2500 emplois qui touchera près d’un employé sur dix sur le marché national».

 

«En tournant la page de la banque d’affaires, Sergio Ermotti, CEO du groupe depuis un an, tourne surtout une page importante de l’histoire de la première banque suisse. Celle de l’argent facile et des produits financiers compliqués, des gains rapides et des pertes abyssales, commente la Tribune de Genève. Après le vol plané de 2008, c’est à un atterrissage plus ou moins en douceur qu’on assiste.»

«La marque d’Axel Weber»

Dans cette affaire, Le Temps voit «la marque d’Axel Weber» l’ancien banquier central allemand nommé en mai dernier à la présidence d’UBS. Le mouvement avait déjà été amorcé en raison du «durcissement des règles pour décourager les activités, hautement risquées, de banque d’affaires (…) mais, il y a un an encore, une réorganisation de cette ampleur n’était sûrement pas prévue.»

Le quotidien francophone émet l’hypothèse que la réflexion a peut-être été accélérée par l’affaire du trader ‘fou’ londonien qui a fait perdre 2,25 milliards de dollars à UBS. « Les auditions du procès en cours à Londres ont révélé une culture de la recherche du gain maximum qui ne cadre pas avec les ambitions d’Axel Weber.»

Tout en déplorant lui aussi les licenciements à venir, Le Temps se réjouit par contre de la «bonne nouvelle pour le contribuable suisse puisque la banque devient ainsi un peu moins ‘trop grande pour faire faillite’» Allusion au repêchage du numéro un bancaire suisse par la Confédération en 2008 à hauteur de 66 milliards de francs.

Le Tages Anzeiger relève pour sa part que «le rythme de la rénovation d’UBS se fait mordant, mais la musique ne change pas. Sergio Ermotti a répété mardi dans tous les micros et sur tous les tons que le nouveau modèle commercial est unique, extraordinaire. Mais ses prédécesseurs n’ont jamais raté un occasion de promettre monts et merveilles.

Forcée d’obéir aux régulateurs

Tout en reconnaissant que «ni Ermotti ni Axel Weber ne peuvent être rendus responsables des ratés de leurs prédécesseurs», le Tages Anzeiger demande encore à être convaincu. «Nous ne joindrons pas si vite notre voix au chœur des analystes qui fêtent UBS comme un pionnier. Car la vérité est différente: ce sont les régulateurs du marché, à commencer par la Banque nationale suisse, qui ont serré la vis aux banquiers d’investissement. Pour faire des affaires risquées, il faut désormais garantir tant de capitaux qu’elles ne sont plus aussi rentables. Ce qui n’est pas rentable ne produit aucun bénéfice, et, donc, de bonus de fin d’année. Et ça, c’est un langage que les banquiers comprennent.»

«Plus à la pointe, plus rapide, plus solide». UBS utilise «un slogan digne des Jeux olympiques pour annoncer la restructuration peut-être la plus radicale de son histoire récente», écrit la Süd Deutsche Zeitung pour annoncer ce «coup de tonnerre».

Citant Axel Weber, le journal du sud de l’Allemagne relève que, «depuis la crise financière mondiale, les conditions régulatrices des banques ont radicalement changé le marché», si bien qu’«il ne laisse aucun doute que d’autres banques devront suivre le mouvement tôt ou tard».

A qui le tour?

A l’étranger, le journal économique français Les Echos partage cette opinion et estime que «le recentrage d’UBS pourrait faire réfléchir ses concurrents: «La boucle est bouclée. En décidant de licencier 10’000 salariés et de se recentrer sur la banque privée, UBS effectue un véritable retour aux sources.»

En lançant au passage une flèche à Credit Suisse, principal rival zurichois dUBS qui «semble toujours hésiter sur la stratégie à suivre», Les Echos imaginent que d’autres établissements pourraient suivre l’exemple. Relevant que «toutes les banques analysent actuellement le moment opportun pour se délester des activités qui n’ont pas la taille critique suffisante pour être très rentable», il chuchote que «des noms circulent déjà dans les salles de marché», en France y compris.

«Disparité de traitement»

Bien que nécessaire, la coupe des effectifs est gênante car disproportionnée, écrit La Regione, qui parle d’un «manque de symétrie dans les sacrifices entre le personnel et les hauts dirigeants.

«Non répréhensible du point de vue éthique, cette disparité de traitement augmente le sentiment d’incertitude des collaborateurs, ce que peut se révéler contre-productif pour la banque.» Le quotidien italophone conclut qu’il aurait suffi de réduire de quelques points la rétribution des ‘top managers’ pour permettre aux personnes «en sureffectif» de garder leur travail.

Laissons la conclusion à La Tribune de Genève: «UBS Passe du XXL au L, sa taille va devenir plus humaine. La banque sera certes un peu moins flamboyante… un peu plus à l’image de la Suisse, au fond. En temps de crise, la banque se fait plus grise.»

D’ici à 2015, le numéro un bancaire helvétique ramènera son effectif total à 54’000 salariés en supprimant près de 10’000 emplois, dont 2500 en Suisse.

L’opération entraîne une perte nette de 2,17 milliards de francs au 3e trimestre.


L’accélération de la mise en oeuvre de la stratégie décidée l’an passé vise à l’abandon ou la rationalisation de certaines activités au sein d’Investment Bank, la division banque d’affaires.

Source de pertes chroniques depuis la crise financière, cette unité devra se concentrer sur ses points forts, à savoir le conseil, l’analyse financière, les changes et les métaux précieux.

Le redimensionnement doit permettre à UBS de réaliser des économies supplémentaires de 3,4 milliards de francs par an d’ici à 2015. Celles-ci viennent s’ajouter aux 2 milliards attendus des mesures annoncées en août 2011.

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