Un pétrole cher fait aussi souffrir la Suisse
Pour le président de la Banque nationale suisse Jean-Pierre Roth, la flambée du pétrole pourrait avoir des effets négatifs sur la reprise économique en Suisse.
Cet avertissement intervient alors que les prix du baril ont atteint de nouveaux sommets en raison du passage de l’ouragan Katrina sur les raffineries de pétrole américaines.
«Il est évident que le prix du pétrole risque de ralentir l’économie, mais il est difficile de mesurer son impact», a déclaré vendredi Jean-Pierre Roth en marge d’une conférence à Zurich.
Un «choc terrible»
Les dommages que Katrina a fait subir aux raffineries de pétrole du Sud des Etats-Unis font craindre une pénurie. Conséquence: le prix du baril se situe désormais à presque 70 dollars (86,10 francs).
Les répercussions se sont rapidement faites sentir sur le prix des produits pétroliers. En Suisse, le prix moyen d’un litre de carburant sans plomb a atteint 1,75 francs. Un record absolu!
«On n’avait jamais assisté à une augmentation de 10 centimes par litre en un laps de temps aussi court», commente Rolf Hartl, directeur de l’Union pétrolière suisse. Quant à Hanspeter Hausheer, économiste auprès de la banque UBS, il qualifie cette hausse de «grand choc».
Il est par ailleurs à craindre que la situation n’empire encore. En cas de pénurie, les Etats-Unis pourraient en effet se tourner vers les réserves de pétroles européennes.
Certaines compagnies de transport en Suisse envisagent déjà de monter leurs tarifs pour compenser la hausse du prix du pétrole. Les tarifs du transport routier et des taxis pourraient donc monter.
«Le prix du diesel nous rend la vie difficile», commente Beat Keiser, porte-parole de l’Association suisse des transports routiers (ASTAG). Et celui-ci de préciser que le prix facturé aux clients pourrait augmenter d’au moins 6%.
La coopérative de covoiturage Mobility a quant à elle d’ores et déjà décider de monter ses prix à partir du mois prochain. En revanche, les cars postaux ne prévoient pas de hausse pour le moment, bien qu’ils soient un grand consommateur de carburant (33 millions de litres par an).
Pas d’effets sur la confiance des consommateurs
Dans la situation actuelle, tout le monde se demande bien sûr si le prix du pétrole va encore monter. Economiste auprès de Credit Suisse, Claudio Saputelli ne le pense pas.
«Si cela monte encore, ce sera de quelques centimes, mais pas davantage, déclare-t-il. Par ailleurs, le prix devrait vraiment monter beaucoup plus pour avoir un impact notable sur le comportement des consommateurs.»
Claudio Saputelli fait remarquer que le manque de confiance des consommateurs suisses ces deux à trois dernières années était surtout le fait du mauvais état du marché du travail. «C’est moins une question de prix du pétrole, ajoute-t-il. Nous ne nous attendons pas à ce que ce prix ait une grande influence sur la confiance des consommateurs.»
L’économiste reste donc optimiste. «Le risque de récession est assez faible, car l’économie suisse et plus ou moins stable et nous avons une bonne demande intérieure, dit-il. Cette demande est une bonne base pour une croissance au cours des prochains trimestres.»
swissinfo, Robert Brookes
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
Evolution du prix moyen du litre d’essence sans plomb en Suisse en 2005:
1,36 francs en janvier
1,46 en juin
1,75 actuellement
– Les grandes compagnies pétrolières ont annoncé des chiffres d’affaires records.
– Aux Etats-Unis, ExxonMobil a dégagé au premier semestre un bénéfice de 15,5 milliards de dollars, en progression de 38% par rapport au premier semestre 2004.
– Royal Dutch / Shell a annoncé un bénéfice net de 11,9 milliards de dollars, en hausse de 39%.
– Le bénéfice net de BP a bondi de presque un tiers à 12,2 milliards de dollars.
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