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Un Suisse au Nicaragua: les derniers jours de Yanick Iseli en Suisse

Yanick Iseli se prépare un café en compagnie de sa chienne Xo dans la cuisine de sa vieille maison jurassienne. Eva Hirschi

Cette semaine, Yanick Iseli quitte définitivement la Suisse et s'envole pour le Nicaragua. Ses bagages sont légers. Et tous les points de sa liste des choses à régler avant le grand départ sont désormais barrés.

Les valises sont faites, les affaires emballées – elles remplissent à peine un carton. «Je n’emporte que les choses les plus importantes au Nicaragua, je pourrai acheter des vêtements sur place», dit Yanick Iseli, détendu. Alors que d’autres partent avec tous leurs biens, le trentenaire se limite à une seule valise. Ses meubles resteront dans la maison de sa belle-mère dans le Jura, où il a vécu jusqu’à présent. Après son départ elle la louera. Les vêtements d’hiver de Yanick Iseli, qui ne lui seront d’aucune utilité dans son nouveau lieu de résidence, seront stockés dans le grenier.

Cet article est le premier d’une série en plusieurs parties sur l’émigration. Swissinfo accompagne le Suisse Yanick Iseli dans son aventure au Nicaragua et fournira en même temps des informations et de précieux conseils sur le thème de l’expatriation.

Outre quelques objets personnels et son ordinateur portable, les bagages du Suisse renferment également un drôle d’appareil qui, grâce aux ondes ultrasoniques qu’il émet dans la terre, sert à faire fuir les taupes et les souris. Au Nicaragua, Yanick Iseli veut l’utiliser pour éloigner les serpents de la propriété. Il sourit. Il est bien préparé. Son impatience augmente, «mais la nervosité aussi».

Formulaires et autres listes

Devant lui, sur la table de la cuisine jurassienne, sont posées des chemises transparentes colorées, chacune pour un sujet différent. Il jette un coup d’œil à sa liste de choses à faire: il a obtenu la confirmation de sa désinscription auprès de la commune et de l’office des impôts, il a déposé ses plaques d’immatriculation à l’office de la circulation routière et a également retiré son avoir auprès du fonds de compensation et de la caisse de pension. Yanick Iseli a également mis en pause son abonnement de téléphonie mobile auprès de Swisscom afin de pouvoir conserver son numéro pendant 12 mois. «J’ai trouvé quelques informations sur la page d’accueil du Département des Affaires étrangères. Le reste, je l’ai fait moi-même», explique-t-il.

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Effectivement, le site internet du Département suisse des Affaires étrangères (DFAE) comporte une sectionLien externe spéciale sur l’émigration. Elle fournit des informations sur le monde du travail dans les principaux lieux d’expatriation (le Nicaragua n’y figure toutefois pas), sur le calcul du coût de la vie et d’un budget, ou sur la manière de faire reconnaître ses diplômes et ses titres.

De l’argent qui coûte cher

Yanick Iseli pense s’en être bien sorti dans son parcours du combattant administratif. Pour lui, le plus fastidieux a été de trouver une solution pour l’argent. En effet, bien qu’il ne soit pas nécessaire de résider en Suisse pour y avoir un compte bancaire, les Suisses vivant à l’étranger doivent souvent payer des frais très élevés. À la Banque cantonale de Zurich par exemple, ils paient 31 fois plus cher que les résidents en Suisse.

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Mais Yanick Iseli a trouvé ce qu’il cherchait. À la Banque cantonale de Genève, les frais sont les plus bas – bien qu’ils soient encore trois fois plus élevés que pour les résidents. L’ouverture d’un compte, dit-il, s’est déroulée sans problème. «Ouvrir un compte au Nicaragua en tant qu’étranger n’est pas forcément facile, dit-il, donc au début je n’utiliserai que le compte suisse ainsi que de l’argent liquide.»

Le chien est du voyage

Le fait de ne pas avoir d’enfants facilite certainement les choses, constate le Suisse. En revanche, il a un chien. La femelle berger australien Xo, qu’il a adoptée au refuge pour animaux il y a quatre ans, fera partie du voyage: «Je n’émigrerai pas sans Xo. Nous sommes comme un vieux couple», dit Yanick Iseli en riant. Mais cela lui a posé un nouveau défi. Certes, Xo a déjà une puce et est vaccinée. Mais le transport s’est révélé être un casse-tête.

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Lors de ses précédents voyages, il a pris des vols – sans son chien – avec une ou deux escales jusqu’à Managua, la capitale du Nicaragua. Or, pour effectuer le même voyage avec un animal, il aurait dû payer 5000 francs. «Avec une telle somme, je peux construire une petite maison au Nicaragua!», souligne le Biennois. C’est pourquoi il a choisi un vol direct pour lui et Xo vers le pays voisin, le Costa Rica, car le billet pour la chienne lui revient à 430 francs seulement. Là, un ami du Nicaragua viendra les chercher en voiture. Il leur faudra ensuite environ 12 heures pour arriver à destination.

Ne pas remettre ses rêves à plus tard

Il est désormais temps de dire au revoir. Pour ce faire, Yanick Iseli a organisé un «week-end portes ouvertes». De manière échelonnée et donc conforme aux mesures sanitaires, de nombreuses connaissances sont venues lui rendre visite, ainsi que ses parents, sa sœur et son neveu. Que pense son entourage de son départ? «Ils sont à la fois heureux pour moi et tristes que je parte». Yanick Iseli leur est reconnaissant d’avoir toujours soutenu ses projets et ainsi de ne pas avoir dû attendre la retraite pour réaliser ses rêves. «C’est le bon moment».

Son père et la compagne de ce dernier le conduisent aujourd’hui à l’aéroport de Zurich. Le jour du départ est enfin arrivé.

Emilie Ridard

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