Une liberté conditionnelle pour Swisscom
Le gouvernement a dévoilé mercredi les «grandes lignes» de son projet de privatisation de l'opérateur de télécommunications Swisscom.
Pour les analystes, mêmes si ces objectifs sont nouveaux, ils n’apportent rien de vraiment neuf. Les syndicats envisagent de lancer un référendum contre ce qu’ils appellent une stratégie alibi.
Pour l’essentiel, le Conseil fédéral (gouvernement) campe sur son idée de céder entièrement la participation majoritaire de la Confédération dans l’opérateur historique. Il mettra tout de même en consultation deux autres options, tout en prônant leur rejet.
La première prévoit le maintien d’une participation dans Swisscom Fixnet (téléphonie fixe). La deuxième consiste à créer une société de droit public chargée d’exploiter le réseau de téléphonie.
Devant la presse, le ministre des finances Hans-Rudolf Merz a préféré insister mercredi sur les mesures d’accompagnement prévues en cas de privatisation totale. Le gouvernement veut introduire des garanties pour le maintien du service universel et de l’indépendance de l’opérateur.
Seule entreprise disposant d’un réseau de téléphonie couvrant l’ensemble du territoire, Swisscom devrait ainsi être contrainte à assurer au moins jusqu’à fin 2012 les prestations de service universel.
Liberté restreinte
Par ailleurs, le Conseil fédéral a fixé des objectifs stratégiques à Swisscom pour la période 2006-2009. Objectifs qui réduisent considérablement la marge de manœuvre de l’opérateur, surtout à l’étranger.
Ainsi Swisscom ne pourra pas s’endetter au-delà de quelque cinq milliards de francs pour de nouveaux investissements ou acquisitions. Le géant bleu a pris acte. Et il déterminera sa future stratégie d’entreprise dans les mois à venir.
Rien de nouveau
«Il n’y a rien de neuf» par rapport à la stratégie de Swisscom, observent pour leur part les analystes. Le groupe ne peut pas mener une politique d’expansion indépendante.
D’un point de vue purement financier, empêcher qu’un actionnaire étranger puisse prendre le contrôle de Swisscom en instaurant une participation maximale est clairement négatif, estime Serge Zancanella, analyste chez Bordier & Cie.
D’un point de vue social, l’analyste reconnaît que si Swisscom devait passer en mains de purs investisseurs, le transfert «n’irait pas sans casse». Pour tirer le meilleur rendement possible du groupe, les restructurations seraient appelées à devenir encore plus dures.
Référendum envisagé
De son côté, le Syndicat de la communication envisage de lancer un référendum si le Parlement se rallie au projet du gouvernement. Les objectifs stratégiques du Conseil fédéral n’apportent rien de nouveau par rapport à ceux énoncés en novembre, souligne le syndicat.
Selon lui, la minorité de blocage de 33% dans le capital de Swisscom n’est en fait qu’une étape avant la privatisation complète de l’opérateur. En outre, cette minorité compromet la qualité du service universel et n’empêchera pas pour autant Swisscom de tomber en mains étrangères.
swissinfo et les agences
La participation de la Confédération dans Swisscom est passée de 66,1% à 62,45% au terme du programme 2005 de rachat d’actions de l’opérateur.
Le solde du capital de Swisscom est détenu par 64’000 actionnaires, dont 12 possèdent plus de 100’000 actions chacun.
En comparaison, l’Etat allemand possède 37% de Deutsche Telekom et l’Etat français 33% de France Telecom.
– Le 23 novembre, le gouvernement suisse, qui détient 66,1% de Swisscom, annonce vouloir vendre cette participation.
– Dans les jours suivants, on apprend que le gouvernement a interdit à l’opérateur toute acquisition à l’étranger.
– Les discussions avec l’opérateur irlandais Eircom sont interrompues à la dernière minutes. Cette transaction avortée fait perdre à Swisscom 1,5 milliard de francs en valeur boursière.
– Le 2 décembre, le gouvernement s’explique sur l’interdiction d’acquisitions à l’étranger. Il précise qu’elle ne concerne que les opérateurs de téléphonie fixe.
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