Une réserve alimentaire d’urgence pour chaque ménage suisse
Principalement de l’eau, mais aussi des pâtes et du riz et des aliments prêts à consommer. Puis l’huile, le sel et le sucre. Ce sont les réserves d’urgence que chaque Suisse devrait avoir dans son garde-manger pour survivre une semaine. Avec la pandémie, hier, et la guerre en Ukraine, aujourd’hui, ce thème des réserves alimentaires est à nouveau dans l’air du temps.
Les Suisses sont réputés pour leur précision. L’article 102 de la Constitution fédérale, qui traite de l’approvisionnement du pays, stipule: «La Confédération assure l’approvisionnement du pays en biens et services de première nécessité afin de pouvoir faire face à une menace de guerre, à une autre manifestation de force ou à une grave pénurie à laquelle l’économie n’est pas en mesure de remédier par ses propres moyens. Elle prend des mesures préventives.» L’article indique encore que la Confédération peut, en cas de besoin, déroger au principe de la liberté économique.
Pour assurer cette tâche importante et vitale, il existe l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE). Les offices fédéraux sont un peu comme les ministères dans d’autres pays. Un peu comme s’il existait en Italie un ministère des Stocks alimentaires et des biens de consommation (qui serait certainement désigné sous un autre nom).
Mais quels sont donc ces biens et services essentiels au fonctionnement de la société et de l’économie mentionnés dans la Constitution fédérale? Il s’agit d’aliments, de médicaments, d’eau potable, d’énergie, de technologies de l’information et de la communication.
Pour constituer ces stocks, le système d’approvisionnement suisse repose sur la coopération entre le secteur privé et l’État. Cela signifie que la tâche de garantir une disponibilité suffisante des biens et des services incombe au secteur privé. Les grands importateurs et distributeurs sont obligés par l’État de disposer de stocks suffisants pour 3 à 6 mois selon le produit.
Par exemple, les stocks de sucre doivent couvrir les besoins de la population pendant trois mois. Les stocks doivent également être de trois mois pour les analgésiques, de quatre mois pour le blé, de quatre mois et demi pour l’essence et ainsi de suite. Toutes ces «mises de côté parce qu’on ne sait jamais» coûtent environ 13 francs par an et par personne.
Jusqu’à présent, en citant la célèbre phrase du discours d’investiture de John Fitzgerald Kennedy à la Maison-Blanche, «ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays», nous savons ce que l’État fait pour nous.
Mais chaque personne peut aussi être active. L’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays recommande à la population de constituer une réserve suffisante à la maison pour être autosuffisante pendant une semaine. C’est ce qu’on appelle les «provisions domestiques». Il y a peu encore, cette formulation semblait pour le moins exagérée. Aujourd’hui, à la lumière de ce qui se passe entre guerre et pandémie, cela devient tout du moins compréhensible.
Disons-le tout net: les personnes vivant aujourd’hui en Suisse n’ont jamais vraiment connu de périodes de grandes catastrophes. C’est pourquoi, depuis la fin de la Guerre froide, le Suisse moyen a perdu l’habitude de conserver une réserve de nourriture et de biens de consommation courants à la maison. Aujourd’hui, trois Suisses sur quatre n’ont jamais pensé à conserver de tels stocks à la maison.
Et dire que jusqu’au début des années 1990, la Confédération lançait tous les deux ans une campagne nationale d’information sur la nécessité de constituer des stocks d’urgence. Ces réserves domestiques, écrivait la Confédération dans les brochures qu’elle distribuait à la population, servent à «affronter avec sérénité» un bref moment de difficulté en donnant à l’État quelques jours (une semaine au maximum) pour intervenir.
Et toute la population suivait ces recommandations et conservait ces réserves (qui était normalement le double ou le triple de la quantité nécessaire) dans les bunkers construits un peu partout pendant la Guerre froide.
Pour terminer, venons-en à l’aspect pratique des choses. De quoi devraient se composer ces provisions? Comme l’explique bien le graphique, le gouvernement fédéral recommande 9 litres d’eau par personne. En outre, chaque ménage devrait conserver à la cave (pour qui en a une) ou au moins dans la cuisine les produits qui font partie de son alimentation quotidienne.
Autre conseil important: les aliments doivent être en partie prêts à être consommés (fruits secs, biscottes, lait longue conservation, fromages à pâte dure et charcuterie). En effet, une éventuelle pénurie d’eau courante et d’électricité ne permettrait pas de cuisiner. Ensuite, il va sans dire, il convient de constituer des réserves de pâtes, de riz, de conserves. Enfin, l’huile, le sel et le sucre sont également fortement recommandés.
Si vous voulez, allez-y et faites ces réserves d’urgence. Maintenant vous savez quoi acheter. Mais tout le monde espère qu’il ne faille jamais avoir besoin d’y recourir.
Traduit de l’italien par Olivier Pauchard
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