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Les Suisses plébiscitent la sécurité alimentaire

champ de choux
Actuellement, la Suisse produit juste un peu plus de la moitié de la nourriture qu'elle consomme. Le reste doit être importé. Emanuel Ammon/AURA

​​​​​​​«Il ne faut pas voir dans ce vote une incitation au protectionnisme» a dit le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann au soir du oui très net (78,7%) à l’article constitutionnel sur la sécurité alimentaire.

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Le ministre, également en charge de l’agriculture, a appelé les paysans suisses à s’orienter vers les besoins du marché et à tirer parti des opportunités offertes par le libre-échange.

«La production indigène est très importante pour la sécurité alimentaire, a dit Johann Schneider-Ammann. Mais aujourd’hui déjà, la Suisse est orientée vers les importations. Il ne faut pas avoir peu du libre-échange. Des perspectives attrayantes s’offrent à l’agriculture suisse, dont les produits de haute qualité sont de plus en plus appréciés».

Soutien aux paysans suisses

Chez les partisans de la sécurité alimentaire, on voit d’abord dans ce très net succès un large soutien à l’agriculture indigène.

«Le peuple veut préserver une agriculture de proximité forte et garder en partie la main sur le contenu de son assiette», a réagi Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des paysans (USP). «Cet article permet de faire face à des défis tels que la démographie, le sol qui disparaît ou le réchauffement climatique», a-t-il ajouté.

Pour celui qui est également député libéral-radical (droite) au parlement fédéral, ce nouvel article permet aussi de continuer à renforcer la qualité des produits et doit viser à offrir des conditions décentes aux familles paysannes. Autre élément important: pour les produits importés, la Suisse tiendra désormais davantage compte de la durabilité, donc de facteurs environnementaux et sociaux à l’étranger.

Un comité regroupant Verts, Verts Libéraux, Socialistes, Libéraux-radicaux, Association des petits paysans et Fondation pour la protection des consommateurs se réjouit, certes, de cette voie vers plus de durabilité. Mais il salue aussi l’ouverture au marché et la possibilité de toujours conclure des accords de libre-échange.

Tous les partis représentés au parlement soutenaient l’article constitutionnel et se réjouissent donc du résultat. Ils sont rejoints par la Fédération des industries alimentaires suisses, l’Association pour un secteur agroalimentaire fort (ASSAF) ou l’Association vaudoise des métiers de la terre Prométerre.

Pour l’ASSAF toutefois, le nouvel article devra être appliqué dans les prochains accords commerciaux prévus. Dans ceux avec l’Indonésie et la Malaisie, le volet huile de palme devra être revu, car il est «impensable de favoriser l’huile de palme alors que la plantation de palmiers est la cause principale de la destruction des forêts tropicales», écrit l’organisation.

Malgré ce succès, les Verts maintiennent quant à eux leur propre initiative. Elle exige un renforcement de l’offre de denrées alimentaires sûres et de bonne qualité, produites dans le respect de l’environnement, des ressources et des animaux, ainsi que dans des conditions de travail équitables.

Tout le monde d’accord

Le texte accepté aujourd’hui est en fait un contre-projet à l’initiative populaire Pour la sécurité alimentaireLien externe, lancée en 2014 par l’USP, et qui avait fait un véritable tabac: pratiquement 150’000 signatures récoltées en seulement trois mois.

Pratiquement tous les parlementaires étaient d’accord de fixer des principes constitutionnels pour garantir à l’avenir la sécurité alimentaire et défendre le secteur agro-alimentaire suisse face à la mondialisation. Mais beaucoup ont jugé que l’initiative était trop vague, offrait une marge d’appréciation excessive et se centrait bien trop sur la production indigène.

Le Parlement a donc décidé de lui opposer un contre-projet direct, plus précis et plus complet. Il concerne toute la chaîne agro-alimentaire, de la production à la consommation, en passant par la transformation, la commercialisation, sans oublier les importations.

Ce contre-projet avait convaincu les promoteurs de l’initiative, qui ont accepté de la retirer à son profit. 

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