Coronavirus: l’économie suisse commence à tousser
L’épidémie de coronavirus a des conséquences néfastes sur l’économie suisse. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne; certains secteurs sont plus touchés que d’autres. Petit tour d’horizon – non exhaustif.
Il est clair que le coronavirus aura des effets sur la santé de l’économie. Il y a quelques jours, l’institut BAK indiquait dans un communiquéLien externe que «les conséquences économiques ne se limiteront pas à quelques petits effets, comme on l’espérait au début». L’institut d’études conjoncturelles a calculé que la croissance du produit intérieur brut (PIB) sera considérablement ralentie au premier semestre et a raboté ses prévisions de croissance à 1,3% pour 2020 contre 1,5% précédemment.
Les chercheurs du BAK ne sont pas les seuls à être pessimistes. C’est ainsi que Crédit Suisse s’attend à un «impact significatif». La seconde banque du pays a ramené ses prévisions de croissance du PIB pour l’année en cours à 1% contre 1,4% jusqu’ici.
Au-delà de ces chiffres un peu abstraits, on peut effectivement observer une certaine nervosité dans les milieux économiques. Et pour plusieurs secteurs, la baisse d’activité liée à la situation sanitaire a d’ores et déjà des conséquences très concrètes.
Plus de grandes manifestations
En Suisse, la mesure qui a le plus frappé le public est l’interdiction, par le Conseil fédéral, de la tenue de manifestations réunissant plus de mille personnes. Les autorités cantonales et communales ont aussi le pouvoir d’interdire des manifestations plus petites.
La victime la plus emblématique de ces mesures d’interdiction est le Salon de l’automobile de Genève. Mais bien d’autres manifestations ont été annulées. Parmi elles, le célèbre carnaval de Bâle ou encore les Brandons de Payerne, le plus grand carnaval de Suisse romande.
Ces interdictions de rassemblement touchent aussi durement le milieu culturel et sportif. C’est ainsi que les principales ligues sportives suisses (football, hockey sur glace et basketball) ont suspendu les matches jusqu’au 15 mars au moins. Côté culture, le Festival international du film de Fribourg a par exemple renoncé à sa prochaine édition.
Toutes ces annulations peuvent avoir des conséquences graves pour bon nombre de clubs ou de sociétés qui doivent compter avec des budgets parfois très serrés.
Moins de touristes
Il y a quelques semaines encore, des médias consacraient des reportages au ras-le-bol de la population face au tourisme de masse chinois. En ce début d’année, la situation a radicalement changé. Le flot des touristes – et pas seulement chinois – a fondu.
Les secteurs de l’hôtellerie et de la gastronomie souffrent. «La situation est très grave. Nous avons beaucoup d’entreprises qui ont des pertes de chiffre d’affaires entre 60 et 80%», a déclaré Casimir Platzer, président de Gastrosuisse, sur les ondes de la télévision publique RTS.
Hôtels et restaurants ne sont pas les seuls à souffrir de cette baisse de l’activité touristique. Certaines sociétés de transports sont également lourdement impactées.
Exportations à la peine
Le ralentissement économique mondial dû au coronavirus touche plus particulièrement des secteurs économiques traditionnellement tournés vers l’exportation.
Selon une étudeLien externe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’industrie chimique serait le secteur économique qui serait le plus touché en Suisse. Sur un total de 1,08 milliard de dollars d’impact sur les exportations suisses, qui fait de la Suisse le 10e acteur économique le plus touché, elle perdrait 283 millions de dollars.
D’autres secteurs phares de l’industrie suisse devraient souffrir de la situation, comme l’agroalimentaire et l’industrie des machines. Mais un secteur semble tout particulièrement menacé: l’horlogerie.
Depuis plusieurs années, la Chine est devenue le plus gros client des horlogers suisses. Par conséquent, les événements dans l’Empire du Milieu ont un impact direct chez les producteurs de l’arc jurassien. Le politique anticorruption du gouvernement chinois – qui interdit des cadeaux tels que des montres – et les troubles à Hong Kong avaient déjà eu des effets négatifs. La crise sanitaire du coronavirus constitue donc un nouveau nuage dans un ciel déjà passablement assombri.
Attention au franc
Un dernier élément pourrait peser sur l’économie suisse dans le contexte de cette crise sanitaire: l’appréciation du franc. La monnaie suisse a traditionnellement une fonction de valeur refuge. Si la situation devait rester durablement tendue en Europe, nul doute que cela augmenterait la valeur du franc face à l’euro.
Or un franc fort est un boulet supplémentaire pour l’industrie suisse d’exportation.
Dégringolade de la bourse
À l’instar d’autres places financières mondiales, la Bourse suisse a enregistré un nouveau recul. La journée du lundi 9 mars peut même être qualifiée de «lundi noir».
A la clôture, le Swiss Market Index (SMILien externe), qui rassemble les 20 sociétés phares de l’économie suisse, accusait un recul de 5,55%. Les entreprises actives dans la banque et les assurances ont été particulièrement touchées. Credit Suisse était en baisse de 12,86%, UBS de 10,42% et Zurich Insurance de 9,42%.
A l’étranger, la situation parfois bien pire encore. La bourse a par exemple baissé de 8,39% à Paris, de 7,69% à Londres ou encore de 11,17% à Milan. Les bourses mondiales ont réagi négativement aux incertitudes économiques liées à la crise sanitaire, ainsi qu’à un effondrement des cours du pétrole.
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