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Enseignement romand: à la poursuite de l´harmonisation

Keystone

La rentrée des classes sonne pour les élèves romands, comme pour les théoriciens de l’éducation. Ce lundi démarre la rédaction d’un nouveau projet d’unification de l’enseignement romand. Ce travail devrait aboutir d’ici 2004.

Comme chaque année, les écoliers romands reprennent le chemin de l’école en ordre dispersé. Ce lundi les Jurassiens, les Neuchâtelois et les Valaisans font leur retour en classe alors que les Fribourgeois, les Genevois et les Vaudois s’offrent encore quelques jours de farniente. Et ce calendrier hétérogène n’est qu’un des aspects du fédéralisme qui régit le système éducatif suisse. En effet, l’organisation de l’enseignement primaire et secondaire est de la compétence des cantons, et la Suisse ne compte pas moins de 26 ministres de l’Education.

Depuis des années, la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique tente de donner une certaine cohérence au système éducatif, sans pour autant remettre en cause la sacro-sainte autonomie cantonale. Une tâche qui n’est pas simple. «Il a fallu attendre les années 70 pour que, malgré quelques différences, tous les cantons organisent enfin leur rentrée des classes en automne», rappelle Olivier Marada, collaborateur scientifique à la Conférence intercantonale de l’instruction publique (CIIP) de la Suisse romande et du Tessin. Autre victoire des directeurs romands de l’instruction publique: la mise en place d’un plan d’études commun à tous les cantons pour la scolarité obligatoire. Elaboré il y a 30 ans, cet instrument visait notamment à définir les programmes d’enseignement primaire et secondaire.

Aujourd’hui, un nouveau projet d’unification de l’enseignement romand est en chantier. Son sigle: PECARO, autrement dit plan d’études-cadre romand. «Sa rédaction commence ce lundi. Et on espère que le programme sera définitivement prêt en 2004», précise Olivier Maradan. A la différence du précédent plan d’études romand, PECARO ne se contentera pas de définir le contenu des programmes. Il fixera également les seuils de connaissance que les élèves devront intégrer au fil de leur scolarité. L’objectif est, en quelque sorte, de garantir le niveau de chaque élève avant de passer à l’étape suivante.

Mais le plan d’études-cadre romand est bien plus ambitieux. A l’instar de tous les pays occidentaux, la Suisse a élargi l’an dernier sa définition de l’enseignement. Ainsi, l’école n’est plus simplement chargée d’inculquer des connaissances aux élèves: elle doit aussi les accompagner dans leur évolution. «L’école doit remplir une mission éducative au sens large, affirme Olivier Maradan. On doit y introduire la notion de savoir-être, autrement dit tout ce qui contribue à la socialisation d’une personne. PECARO entend soutenir la réalisation de cet objectif.» Si du côté des enseignants, on se réjouit d’une telle initiative, on se veut toutefois prudent, et surtout on souligne que les réalités de l’école laissent peu de place à l’idéalisme.

«Développer les compétences des élèves dans tous les domaines, prendre en compte le potentiel de chacun, ce sont des objectifs honorables et même réalisables, souligne Marie-Claire Tabin, présidente du Syndicat des enseignants romands, pour autant que les enseignants soient placés dans des conditions de travail optimales. Ce qui n’est pas le cas.» Et Marie-Claire Tabin de citer notamment la montée de la violence dans les écoles ou le problème des classes surchargées et souvent hétérogènes où il est impossible de faire progresser les élèves au même rythme.

«Les nouveaux objectifs pédagogiques placent les enseignants dans des situations auxquelles ils ne sont souvent pas bien préparés. Aujourd’hui, il faudrait qu’ils soient tout à la fois des pédagogues, des sociologues, des psychologues et parfois même des parents de substitution. Des rôles qu’ils ne peuvent pas toujours assumer.» En bref, le métier d’enseignant devient toujours plus difficile, et les nouvelles valeurs éducatives, notamment soutenues par PECARO, ne sont pas toujours en phase avec les réalités du terrain.

Enseignants et théoriciens de l’éducation sont au moins d’accord sur un point: une amélioration de la situation passe par une meilleure formation des enseignants. Tous les espoirs reposent donc sur l’ouverture prochaine des HEP, les hautes écoles pédagogiques. Elles offriront une formation plus longue, plus proche du niveau universitaire, mais elles laisseront surtout une plus grande place à la pratique, permettant ainsi aux enseignants de se familiariser avec les exigences réelles du métier.

Vanda Janka



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