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L’université tisse sa Toile à la maison

Le développement des nouvelles technologies permet désormais d'étudier à distance. En Suisse, l'idée d'université virtuelle fait déjà son chemin.

D’ici 2007, environ 10% des cours universitaires pourraient être donnés via Internet.

Isaac Asimov l’avait déjà prévu dans ses livres de science-fiction: un jour, nous pourrions rester tranquillement à la maison et un ordinateur se chargerait de nous enseigner tout ce qui peut être utile, de l’arithmétique aux lois de la physique.

Ce jour semble être arrivé. C’est ainsi, par exemple, que le Centre suisse d’enseignement à distance, à Brigue, a pu fêter l’an dernier ses dix ans d’existence. Son plus beau cadeau à cette occasion: un nombre d’inscrits qui a rapidement augmenté par rapport à 2001.

Mais les universités traditionnelles s’y mettent aussi. Pendant longtemps, la formation universitaire par correspondance était restée limitée, peut-être à cause du nombre élevé de hautes écoles. Mais désormais, les nouveaux moyens de communication changent la donne.

Récupérer le temps perdu

La Confédération s’est rendue compte du changement et, à travers la Conférence universitaire suisse (CUS), elle a lancé le «Campus virtuel suisse». La première phase du projet s’achève cette année. Le Parlement décidera cet automne s’il entend débloquer les crédits pour financer le campus virtuel jusqu’en 2007.

«A l’étranger, il y a une vaste offre de cours à distance. Nous avons par exemple constaté que toujours plus d’étudiants suisses s’intéressent aux cours de l’Open University anglaise », relève Federico Flückiger, de la Haute Ecole professionnelle de la Suisse italienne.

Pour rester compétitive, «il était impératif que la Suisse fasse aussi un pas dans cette direction», constate encore Federico Flückiger,

Mais à l’heure actuelle, la Suisse n’a pas encore atteint le niveau d’autres pays européens ou des Etats-Unis. Mais les premières expériences ont été menées à bien. Une deuxième étape devrait permettre d’améliorer les choses et de quitter la phase expérimentale.

Et si les rêves de la Conférences des recteurs des universités suisses se réalisent, 10% de l’enseignement universitaire pourrait être réalisé sous forme l’e-learning d’ici à 2007.

Un seul support pour de nombreux objectifs

L’intérêt soulevé par les possibles applications didactiques des nouvelles technologies est grand, même si les objectifs poursuivis sont divers.

Pour le Centre d’enseignement à distance de Brigue, il s’agit d’intégrer les cours par correspondance grâce au matériel interactif. C’est la meilleure façon de favoriser les échanges d’idéés et de rompre l’isolement de l’étudiant.

Pour leur part, les universités classiques visent un autre objectif. «Nous ne voulons pas simplement transférer les études sur Internet, explique Andrea Rocci, de l’Université de la Suisse italienne. Ce qui nous intéresse le plus, c’est la possibilité d’améliorer la qualité de nos cours, surtout en ce qui concerne l’acquisition des notions de base».

Par conséquent, «on ne pourra pas remplacer un bon vieux professeur pour les approfondissements et les discussions».

Les universités sont par ailleurs confrontées à un manque d’espace chronique. Il n’est pas facile de trouver des salles pour tous les cours, spécialement pour ceux qui sont très fréquentés.

Du coup, proposer des cours comme l’introduction au droit romain sur Internet permettrait une rationalisation des ressources.

Quant aux Hautes Ecoles professionnelles, elles semblent davantage intéressées par les cours post grades.

«Pour les cours de spécialisation, il n’y a souvent pas assez de participants pour réussir à couvrir les frais, remarque Federico Flückiger. La possibilité de collaborer avec d’autres instituts et de vendre nos modules ailleurs en Suisse et à l’étranger nous permet donc de maintenir un haut niveau de qualité.»

A chacun son choix

Pour Carlo Lepori, responsable du projet MACS (Master in advanced computer science) auprès de la Haute Ecole professionnelle de la Suisse italienne, l’enseignement par Internet permet de toucher un public plus vaste.

Ainsi, certains modules du MACS ont-ils été suivis par des personnes résidant en Allemagne et en Italie du Nord. Si le produit est bon, Internet peut donc apporter aux différentes écoles des avantages économiques et une bonne image.

Ce sera donc aux étudiants de décider quelles sont les offres d’enseignement en ligne qui valent la peine d’être suivies. Pour le moment, les participants au projet du campus virtuel semblent avoir accueilli favorablement cette nouveauté, malgré parfois quelques difficultés.

Mais ce sont en fait les professeurs qui doivent faire le plus gros effort d’adaptation. C’est en effet à eux que revient la tâche pas facile de repenser les cours de manière à tirer au mieux parti des possibilités offertes par Internet.

Actuellement, on compte en Suisse une cinquantaine de projet d’enseignement à distance. Le chemin est donc tracé, mais seul l’avenir dira si Internet va révolutionner tout l’enseignement supérieur.

swissinfo, Doris Lucini
(traduction: Olivier Pauchard)

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