Les cantons à la rescousse de la lecture à l’école
L'étude PISA a montré que les élèves suisses peinent à apprendre à lire. Un an et demi après la sortie du rapport, les cantons veulent corriger le tir.
Mais l’amélioration souhaitée par les cantons a un prix: ils demandent plus d’un million de francs.
En décembre 2001, la publication des premiers résultats de l’étude PISA, réalisée dans 32 pays de l’OCDE, avait infligé une véritable douche froide au système scolaire suisse.
Elle avait en effet mis au jour que 20% des élèves en fin de scolarité obligatoire avaient des compétences médiocres en lecture en comparaison internationale.
L’étude montrait encore que la Suisse était l’un des pays où les compétences en lecture des enfants étaient le plus fortement influencées par leur origine sociale et culturelle, l’école ne parvenant pas à gommer les inégalités.
Cours d’appui pour les étrangers
Présenté lundi, le plan d’action élaboré par la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) se base sur cinq études réalisées sur mandat de l’Office fédéral de la statistique (OFS) et qui approfondissent les enseignements de l’étude PISA.
Pour combler les lacunes en lecture des élèves, la CDIP entend surtout donner plus de poids à l’enseignement de la langue officielle dans les programmes scolaires.
En Suisse alémanique, les enseignants devront donner leurs cours en allemand standard et non pas en dialecte.
Les cours d’appui pour les élèves étrangers seront par ailleurs renforcés. Les études ont en effet montré que près de la moitié d’entre eux ont éprouvé de grandes difficultés avec le test de lecture.
Les pays les mieux classés organisent depuis longtemps des cours d’appui ciblés, a souligné la ministre vaudoise Anne-Catherine Lyon, en charge de l’Instruction publique.
La CDIP préconise par ailleurs de mettre sur pied des cours de langues pour les parents d’élèves qui ne parlent pas la langue officielle.
Sélection plus juste
La maîtrise de la langue se développant surtout dans les premières années de socialisation de l’enfant, l’école enfantine sera rendue obligatoire dès l’âge de 4 ans. L’offre d’encadrement extrascolaire sera en outre étendue.
Enfin, le plan d’action prévoit d’accorder davantage d’autonomie aux établissements scolaires et de mettre en place des contrôles réguliers de la qualité de l’enseignement.
«Mais il ne s’agit en aucun cas de placer les établissements scolaires en concurrence», a précisé Anne-Catherine Lyon.
Pour améliorer l’égalité des chances entre les élèves, les procédures de sélection des élèves seront en outre revues. Les études ont montré que la sélection dépendait moins des performances scolaires des élèves que de leur milieu social ou du type de classe fréquentée.
Plus d’un million de francs
Ces mesures ne peuvent pas toutes être menées à bien par le seul milieu scolaire, a observé Anne-Catherine Lyon. Et de souligner l’importance d’une stratégie claire en matière de politique sociale, familiale et migratoire à l’échelon national.
L’école a besoin du soutien des cantons, des communes et de la société, notamment pour développer les offres d’encadrement extrascolaire et le soutien aux parents immigrés.
Les coûts des mesures préconisées par la CDIP oscillent entre 1,25 et 1,89 million de francs. A côté des cantons et des communes, la Confédération devra elle aussi passer à la caisse, a déclaré le président de la CDIP, le conseiller d’Etat saint-gallois Hans Ulrich Stöckling.
swissinfo et les agences
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.