Feu vert pour le déminage de l’Irak
La Fondation suisse de déminage a envoyé cinq équipes en Irak. Leur mission: nettoyer les routes et les villes des munitions non explosées.
La FSD répond ainsi aux demandes des Nations-Unies, plus particulièrement du Programme alimentaire mondial.
Le déminage du sol irakien est urgent. En effet, la distribution d’approvisionnement à la population ne peut pas se faire de manière optimale tant que cette opération n’aura pas été menée à bien.
Les convois de vivres de l’ONU sont actuellement sur les routes d’Iran et de Jordanie et le Programme alimentaire mondial a annoncé la semaine dernière qu’il projette d’ouvrir deux couloirs humanitaires en Irak. La FSD sera donc chargée de déblayer le terrain.
«Nous ouvrons des routes, nous nous assurons qu’entrepôts et bureaux sont sûrs et que les populations civiles pourront recevoir l’aide dont elles ont besoin sans risquer d’être blessées par des bombes ou des mines», explique Hansjörg Eberle, responsable suisse de la FSD.
«Nous avons vu des images qui sont alarmantes, poursuit-il. Des endroits comme des mosquées ou des cours d’école sont truffés de munitions non explosées et d’armes enterrées qui attirent les enfants des alentours.»
Risque de pression de la part des ONG
La FSD a commandé un équipement lourd pour effectuer sa mission en Irak. Notamment des véhicules anti-mines conçus pour absorber le choc d’une explosion. Mais des mois, voire des semaines pourraient encore s’écouler avant que ces véhicules n’arrivent.
«Dans l’intervalle, les hommes n’auront donc que leurs mains pour dégager le terrain aussi vite que possible, déclare Hansjörg Eberle. Déminer et enlever les bombes à fragmentation une par une est un travail extrêmement pénible et dangereux.»
Selon Hansjörg Eberle, la FSD représente pour le moment la seule organisation de déminage présente en Irak. Mais il espère que la situation changera bientôt. «Je serais très heureux de voir venir d’autres organisations, déclare-t-il. Parce qu’il y a beaucoup trop de travail ici pour une seule.»
Hansjörg Eberle redoute par ailleurs que la FSD soit mise sous pression par les organisations non gouvernementales (ONG) qui estiment que les opérations de déminage pourraient être plus rapides. Les ONG brûlent en effet d’apporter leur aide aux populations.
«Il y a déjà beaucoup de pression sur nous et les gens pensent que nous devrions travailler plus vite, relève Hansjörg Eberle. Seulement, nous sommes obligés de nous conformer aux règles fixées par l’ONU. Or si celle-ci décide qu’il n’est pas possible d’aller dans une zone, ce n’est effectivement pas possible.»
Un budget de plus en plus restreint
Les équipes de la FSD sont constituées de civils venant de divers pays et possédant des connaissances militaire. Ils ont généralement été engagés sur plusieurs points chauds de la planète, de l’Afghanistan à l’Angola en passant par le Sri Lanka et le Soudan.
La FSD est financé par plusieurs sources: des donateurs privés, les autorités suisses, des organisations internationales et les gouvernements de divers pays, notamment ceux des Etats-Unis et de l’Allemagne.
Lors d’engagements d’urgence, la FSD reçoit également des fonds de la part de l’organisation qui la mandate. Dans le cas de l’Irak, il s’agit du Programme alimentaire mondial des Nations-Unies. Cependant, la FSD manque d’argent, surtout en raison de la diminution de la contribution du gouvernement suisse.
«Malheureusement, nous voyons les fonds diminuer année après année, déplore Hansjörg Eberle. Et il semble que l’argent de la Direction du développement et de la coopération (DDC) ne pourra plus être utilisé dans ce but. Je ne comprends pas cette décision, d’autant qu’il est dans l’intérêt politique de la Suisse de montrer qu’elle s’investit dans le déminage.»
A ces reproches, Marco Ferrari, responsable du secteur humanitaire de la DDC, répond que le gouvernement suisse «aimerait bien augmenter ses contributions, mais qu’il a ses propres restrictions budgétaires».
Marco Ferrari considère également que le déminage ne devrait pas être considéré comme une activité purement humanitaire. «Nous aimerions plutôt nous concentrer sur l’aide aux victimes et la prévention, déclare-t-il. Si vous avez une puissance militaire occupante, il n’est pas logique de confier le déminage à des humanitaires alors que cela pourrait être fait par l’armée.»
Cette argumentation ne convainc pas Hansjörg Eberle: «Mon expérience montre que les militaires déminent une route ou un terrain pour y faire passer leurs chars ou leurs camions. Mais le déminage humanitaire est fait par des organisations comme le FSD ou des compagnies privées.»
swissinfo, Anna Nelson à Genève
(traduction: Olivier Pauchard)
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