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Attaqué, Nestlé réplique à Davos

Peter Brabeck a énergiquement réfuté les accusations portées contre Nestlé. Keystone Archive

En marge du forum de Davos, une ONG suisse a renouvelé ses attaques contre le géant de l'agro-alimentaire.

Des accusations que Peter Brabeck-Letmathe, directeur exécutif de Nestlé, a réfutées énergiquement, lors d’un débat public dans la station.

«Des employés de Nestlé ont été tués en Colombie. Or, personne ne s’en est offusqué. Quant aux graves accusations portées sur nos activités dans ce pays, elles sont infondées», réplique Peter Brabeck-Letmathe.

C’est avec une véhémence certaine que le patron de la firme veveysanne a répondu vendredi aux critiques des ONG, en particulier celle de la Déclaration de Berne (une ONG suisse spécialisée dans les questions de développement).

Ce coup de gueule a été proféré lors d’un débat organisé par l’Open forum de Davos, un forum co-organisé par le WEF et des ONG suisses en marge de celui de Davos.

Une question d’image

«L’Open forum offre à Nestlé l’occasion de redorer son image sans conditions», estime donc la Déclaration de Berne qui, elle, co-organise le Public Eye on Davos.

«Nous dénonçons en particulier les réclamations de Nestlé à l’égard de l’Ethiopie, soit 6 millions de dollars», précise Lara Cataldi, membre de l’ONG.

Cette accusation est erronée selon Peter Brabeck-Letmathe. «Nestlé a conclu un accord avec le gouvernement éthiopien. La somme en litige a été réduite à 1,5 millions de dollars qui seront versé à une ONG en faveur de la population éthiopienne».

Le patron de Nestlé nie également que ses usines en Colombie entravent l’activité des syndicats. Une accusation également répétée vendredi par la Déclaration de Berne.

«Nestlé est totalement en faveur des droits syndicaux», a martelé Peter Brabeck-Letmathe.

Le Global compact en question

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle, Nestlé a adhéré au Pacte global (global compact) de l’ONU, lancé par Kofi Annan il y a 4 ans au forum de Davos.

Cette initiative du Secrétaire général de l’ONU était justement l’objet du débat organisé par l’Open forum de Davos. Et ce, avec la participation de Joseph Deiss dans ses nouvelles fonctions de ministre suisse de l’économie.

L’idée de Kofi Annan est en effet fortement soutenue par le gouvernement helvétique. Elle vise à responsabiliser le monde de l’économie, sur le plan social et environnemental.

«La Suisse possède de nombreuses multinationales et abrite les sièges de nombreuses autres. C’est pourquoi nous tenons à améliorer les pratiques des entreprises», a justifié Joseph Deiss.

Une démarche de relations publiques

«Pour des entreprises comme Nestlé, le pacte global correspond à une pure démarche de relations publiques», rétorque Lara Cataldi.

Kenneth Roth, directeur de Human Rights Watch et participant au débat de l’Open forum, défend, lui, le projet onusien auquel son organisation est partie prenante.

«Cette initiative oblige les entreprises participantes à fournir des déclarations d’intention. Nous pouvons donc les prendre au mot», estime Kenneth Roth.

De son coté, Norbert Hochreutner, président de l’association Suisse ONU, a précisé: «Cette initiative est un processus d’apprentissage et non un code de conduite».

Un organe de vérification

Pour Lara Cataldi, c’est justement là que le bât blesse. Son organisation milite donc en faveur de standards sociaux et gouvernementaux vérifiables sur le terrain par des organismes indépendants.

«Laisser aux entreprises le soin d’adopter ces standards ou les imposer par l’entremise des gouvernements. C’est bien la question qu’il va falloir trancher, a reconnu Samuel Di Piazza, directeur exécutif du cabinet d’audit PricewaterhouseCooper’s.

La confiance que le WEF veut rétablir à Davos est peut-être à ce prix.

swissinfo, Frédéric Burnand, Davos

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