Des perspectives suisses en 10 langues

Au coeur de la gestion du trafic du Gothard

La centrale de gestion du trafic avant l'agitation pascale. swissinfo.ch

Comme chaque année à la même époque, des milliers de touristes vont emprunter le tunnel du Gothard durant le week-end pascal.

Et comme chaque année, les employés de la centrale de gestion du trafic du tunnel à Göschenen seront sur le pont. Visite des lieux avant le jour J en compagnie de Werner Kappeler.

Juste avant d’entrer dans le tunnel du Gothard, côté Uri, il faut tourner à droite, faire quelques virages avant d’arriver devant un bâtiment aux portes de verre et surmonté d’une inscription en lettres dorées: «Werkhof Göschenen».

Dans l’interphone, une voix plutôt avenante nous invite à grimper quelques marches. C’est celle de Werner Kappeler, le chef adjoint du service public et du transport routier de la police de Göschenen en poste depuis l’ouverture du tunnel en 1980.

C’était effectivement un 5 septembre, il y a 25 ans, et après environ dix ans de travaux que les premiers véhicules s’engageaient dans ce long tube de 16,918 kilomètres de long pour rejoindre le Tessin.

Debout en haut de l’escalier, un homme en uniforme de police nous salue aimablement et nous invite à le suivre dans les couloirs. Le cœur de la gestion du trafic du Gothard se trouve un peu plus loin.

Entre 20’000 et 25’000 véhicules

«Vous avez de la chance!, rit-il dans un franc suisse allemand. En ce moment, vous pouvez pénétrer ici car c’est la centrale d’Airolo qui est responsable du trafic. Cela change toutes les deux semaines, c’est pourquoi nous sommes actuellement en effectifs réduits.»

La salle est spacieuse. Au plafond, les néons sont «emprisonnés» dans de petites alvéoles et illuminent puissamment les parois, qui sont autant de murs d’écrans de télévision montrant l’intérieur du tunnel, de panneaux représentants des segments dudit tunnel et les différents emplacements spécifiques. Le matériel informatique, lui, semble «d’un autre âge».

A Pâques pourtant, cette même salle ressemblera à une véritable ruche bourdonnante tant le trafic, dans le tunnel, sera intense.

Pour une journée dite «normale», ce sont près de 10’000 véhicules qui transitent par le Gothard dans les deux sens. Durant les week-ends, ce nombre monte à 12’000 ou 13’000.

Chaque année, lors des fêtes pascales, ce ne sont pas moins de 20’000 à 25’000 voitures et camions qui se présentent en totalité aux embouchures uranaise et tessinoise du tube souterrain.

«Pour cette fin de semaine, explique Werner Kappeler, nous avons entre cinq et dix personnes de plus en service que lors d’une journée normale durant laquelle seules quatre à cinq personnes sont sur le pont.»

Mesures de sécurité

Depuis le terrible accident du 24 octobre 2001 où 11 personnes avaient perdu la vie, plusieurs nouvelles mesures de sécurité ont été prises. Statistiques à l’appui, elles portent leurs fruits.

«Le 24 octobre 2001, nous avons malheureusement eu un accident effroyable dans le tunnel, se rappelle Werner Kappeler. Et la collision entre deux poids lourds a provoqué un incendie. Suite à cela, le tunnel a été fermé durant plusieurs semaines.»

Et le chef adjoint du service public et du transport routier de la police de Göschenen de poursuivre: «Le 23 décembre de la même année nous avons pu rouvrir l’ouvrage».

Parmi les changements les plus importants, la possibilité de changer la totalité de l’air du tunnel en moins de quinze minutes et la décision de n’envoyer que deux camions par minute dans le tunnel.

Drôles de niches

Sur toute sa longueur, ce dernier recèle également des sas de secours (tous les 250 mètres) donnant accès à une galerie en parallèle. Ces niches ont d’ailleurs de tous temps occasionné des situations cocasses.

«Je me souviens notamment d’avoir fait intervenir une patrouille car des gens y jouaient au freesbee, conclut Werner Kappeler. Un autre plantait sa tente avec la ferme intention d’y passer la nuit. Enfin, je me rappelle également d’un Japonais, debout au milieu du tunnel, en train de prendre des photos.»

swissinfo, Mathias Froidevaux, Göschenen

Le tunnel routier du Gothard a été inauguré le 5 septembre 1980
Il mesure 16,918 kilomètres de long
10’000 véhicules le traversent chaque jour de la semaine
Ils sont entre 12’000 et 13’000 chaque week-end
Pour les fêtes de Pâques (du vendredi au lundi) entre 20’000 et 25’000 véhicules l’empruntent quotidiennement
130 millions de véhicules sont passés par le Gothard depuis son inauguration
Le dispositif de sécurité comprend 88 caméras, y compris les caméras extérieures, 22 ventilateurs, 4 conduits d’aération, des sémaphores tous les 250 mètres et 64 niches de secours

– Deux centrales de gestion du trafic (une à Göschenen dans le canton d’Uri et l’autre à Airolo au Tessin) se partagent le contrôle du flux routier. La responsabilité change toutes les deux semaines.

– Le 24 octobre 2001, un grave accident de la circulation dans le tunnel avait causé la mort de 11 personnes. La réfection du tunnel après cet accident a coûté 14,5 millions de francs aux autorités fédérales.

– Parmi les nouvelles mesures de sécurité, la possibilité de changer totalement l’air du tunnel en 15 minutes. Et seuls deux poids lourds sont autorisés à pénétrer dans le tunnel chaque minute.

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision