Banques cantonales: la bombe européenne
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Jadis, la crise immobilière et les mauvaises créances ont fait souffrir les banques cantonales. Aujourd'hui, la menace vient de Bruxelles.
A l’heure de leur 95e assemblée générale à Aarau, les banques cantonales se posent à nouveau des questions sur leur avenir.
En effet, elles sont encore sous le coup des mésaventures des banques cantonales genevoise et vaudoise (BCGE et BCV) qui se sont avérées beaucoup plus dévastatrices que prévu.
Par ailleurs, l’érosion les gagne. Comme le prouvent les exemples de Soleure et d’Appenzell Rhodes-Intérieures, deux établissements intégrés, l’un au sein d’une assurance, l’autre au sein d’une grande banque.
Enfin, il y a cette perspective peu réjouissante de devoir abandonner, un jour peut-être, à Bruxelles la garantie de l’Etat dont bénéficient toutes les banques cantonales. Excepté la BCV (et la BCGe, en partie).
L’Union européenne (UE) assimile, en effet, les aides étatiques à des distorsions de la concurrence, un pêché grave dans le paquet législatif communautaire.
Or, si elle tient à passer le cap du second volet des négociations bilatérales – il est crucial pour elle, dans la mesure où il devrait régler la cohabitation dans le délicat secteur des services -, la Suisse pourrait bien devoir consentir de nouvelles concessions.
La suppression de la garantie étatique aux banques cantonales en ferait alors les frais. Une véritable bombe, si cette éventualité se vérifiait.
La réticence des cantons
«Psychologiquement, confirme Carlo Marti, directeur du secrétariat de l’Union des banques cantonale suisses, cette garantie est un élément important pour les banques cantonales car elle constitue un atout pour elles.»
Dans la nouvelle loi fédérale sur les banques, la garantie de l’Etat n’est plus un critère constitutif de la banque cantonale. Mais les cantons sont-ils prêts pour autant à faire le grand pas.
A écouter leurs représentants, la réponse est non. En Valais, par exemple, «la question a été réexaminée en février 2001, rappelle Gilles de Riedmatten au service juridique du Département cantonal des finances. Le gouvernement a confirmé la garantie de l’Etat».
Idem à Neuchâtel où, comme le relève Robert Schindler, aux finances de l’Etat, «la garantie de l’Etat a été longuement discutée en 1998. Le statu quo a été maintenu.»
Et d’ajouter: «Les exemples de Vaud et de Genève montrent d’ailleurs que garantie ou pas, l’Etat finit par s’engager quand la banque connaît de réelles difficultés». Un avis partagé par Albert Michel, patron de la Banque cantonale de Fribourg.
La peur du changement
Pourquoi cette réticence à abandonner la garantie de l’Etat? A l’Union des banques cantonales suisses, Carlo Marti donne son interprétation.
«C’est le changement en soi qui pose problème, affirme-t-il. On peut se demander quelle serait la réaction de la population face au biffage de la garantie de l’Etat, même s’il est totalement faux de baser le succès des banques cantonales uniquement sur cette même garantie.»
Et de poursuivre: «Le contraire est aussi vrai. Comment réagirait, par exemple, le client de la BCV, si on lui annonçait que sa banque demandait dorénavant la garantie de l’Etat».
swissinfo/avec Christian Campiche de La Liberté
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