Café: le commerce équitable séduit l’industrie
Nestlé, le géant suisse de l’alimentation, ainsi que les trois autres principales entreprises actives dans le commerce du café, définissent les axes d’un code de conduite.
L’idée est d’offrir de meilleures conditions de travail aux ouvriers des exploitations de café et de respecter les standards environnementaux.
Le «Common Code for the Coffee Community» (CCCC) a été présenté jeudi à Hambourg par les représentants de l’industrie du café et par le gouvernement allemand, l’un des initiateurs du projet.
Le CCCC réunit des organisations non gouvernementales (ONG), des syndicats et des pays producteurs de café ainsi que les quatre principales entreprises actives dans ce secteur: Nestlé (Suisse), Tchibo (Allemagne), Kraft Foods et Sara Lee (Etats-Unis).
L’organisation écologiste Greenpeace s’est toutefois retirée du code, car les entreprises n’ont pas clairement indiqué vouloir renoncer aux organismes génétiquement modifiés (OGM).
«Nous regrettons que les principales entreprises de l’industrie du café, Nestlé y compris, n’aient pas été prêtes à exclure l’emploi d’OGM pour privilégier une production écologique et durable», déclare Andreas Bernstoff, porte-parole de la section suisse de Greenpeace.
Meilleures conditions de travail
Reste que les entreprises s’engagent à payer des salaires minimaux aux producteurs, interdire le travail des enfants et le travail forcé, permettre les syndicats et appliquer les standards internationaux concernant l’usage de pesticides et la protection des eaux.
A noter que les quatre entreprises acceptent ce code sur une base volontaire. Ce genre de code existe déjà dans d’autres secteurs comme par exemple les industries de l’habillement et du diamant.
Le CCCC est une réponse à des plaintes de consommateurs et d’ONG. Ceux-ci estiment que les grandes compagnies exploitent les producteurs et pratiquent des prix trop bas dans un marché déjà marqué par une sur-production aux effets dramatiques.
Encore en phase de test
«Il n’existe pas encore de code de conduite, précise toutefois François-Xavier Perroud, porte-parole de Nestlé. Nous n’en sommes qu’au stade préliminaire. Les partenaires sont simplement tombés d’accord sur de grands principes. Il faut maintenant les tester.»
Nestlé estime en tout cas que le CCCC est une bonne chose. «C’est une excellente idée, déclare son porte-parole. Cette initiative va d’ailleurs aussi dans notre intérêt, puisque, en offrant de meilleures conditions aux producteurs, elle permet d’assurer la sécurité de l’approvisionnement et la qualité du produit.»
Pour l’heure, il est difficile de dire quand le CCCC pourrait entrer en vigueur. «Il est impossible de dire dans combien de temps, mais en tout cas pas avant des mois», conclut François-Xavier Perroud.
«Les premiers cafés produits dans les conditions du nouveau code devraient arriver sur le marché mondial après la récolte 2005-2006», affirme de son côté Annemieke Wijn, responsable du programme «durabilité» de Kraft Foods en Allemagne.
swissinfo et les agences
Environ 25 millions de personnes dans 70 pays en voie de développement dépendent de la production de café.
Le marché du café représente environ 35 milliards de dollars (43,9 milliards de francs) par an.
Le Brésil est le plus grand producteur au monde (30%), suivi du Vietnam.
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