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Ces e-mails qui nous pourrissent la vie

Les spams représentent 75% à 85% des e-mails échangés à travers le monde. swissinfo.ch

Réunis à Genève, les représentants d’une soixantaine de pays - dont la Suisse - se sont penchés mercredi et jeudi sur l'épidémie de pourriels (spams) qui frappe Internet.

De son côté, la Suisse prépare un article de loi pour protéger les internautes contre ces e-mails indésirables.

«Le spam, c’est le cancer de la messagerie électronique», lance Hassan Makki, de l’Office fédéral de la communication (OFCOM), l’un des représentants suisses à la conférence de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Et l’épidémie se propage. Selon certaines études, les «pourriels» représenteraient entre 75% et 85% des courriers électroniques reçus par chaque ordinateur connecté à Internet dans le monde. La proportion a plus que doublé en un an.

Mais le plus grave, selon Hassan Makki, réside dans le caractère délictueux de ces messages. «80% à 90% des spams cherchent à abuser l’internaute pour le voler.»

Complexes et multiples

De plus en plus sophistiqué, le pourriel se faufile partout. Il s’est déjà propagé aux messages courts (SMS). Au Japon, il affecterait 90% des téléphones portables.

«On peut s’attendre à en arriver au même point dans le monde entier», estime l’Australien Robert Horton, président de la conférence de l’UIT.

Le pourriel génère aussi sa propre économie souterraine. Robert Shaw, spécialiste d’Internet à l’UIT, déconseille désormais d’afficher son adresse électronique sur le web, car elle risque d’être «glanée» par des publicitaires.

«L’une des activités rentables du secteur consiste à vendre des CD remplis d’adresses électroniques aux spammers», constate-t-il.

Environ 5% des internautes se laissent tromper par le «fishing» (la pêche), une technique qui consiste à demander à des milliers de victimes potentielles de communiquer leur numéro de carte de crédit ou leurs coordonnées bancaires sous un faux prétexte.

Une loi en préparation

Pour protéger l’internaute, la Suisse prévoit d’intégrer un article anti-spam à la Loi sur les télécommunications, actuellement en révision. En cas d’acceptation, l’accord du destinataire serait requis pour pouvoir lui envoyer de la publicité.

Bien sûr, rien n’empêchera un spammer d’envoyer ses messages malgré tout. Mais, avec l’article de loi, il pourra être poursuivi. En fait, le principe est pratiquement le même que pour le téléphone fixe actuellement.

Mais il faudra encore patienter. «Le projet de révision vient de passer en commission, précise Roberto Rivola, porte-parole de l’OFCOM. En principe, la loi devrait donc être soumise au Parlement durant la session d’automne.»

Si tout va bien, elle entrera en vigueur au mieux en été 2005.

Collaboration internationale

De toute manière, la loi ne pourra pas, à elle seule, éradiquer le fléau. Une concertation internationale est indispensable. Tous les participants à la réunion de Genève s’accordent sur ce point.

La conférence, la première jamais organisée à propos du pourriel, doit précisément permettre de renforcer la coopération. L’objectif est de mettre fin à l’épidémie de spams dans un délai de deux ans.

Comme première étape, les organismes de régulation du secteur devraient mettre en place un annuaire international de contacts dans chaque pays, le problème du pourriel étant souvent traité par différents organismes.

Ils devraient également échanger des idées à propos des différents types de législations actuellement mises en place dans plusieurs pays comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Corée du Sud.

swissinfo et les agences

Les spams proposent le plus souvent:
1. Médicaments (29,53%)
2. Hypothèques (9,68%)
3. Agrandissements du pénis (7,05%)
4. Shopping (6,86%)
Ils proviennent:
1. USA (55,69%)
2. Corée du Sud (10,2%)
3. Chine (6,6%)
4. Brésil (3,35%)
(Source: Commtouch)

– Les spams représenteraient entre 75% et 85% des courriers électroniques reçus par chaque ordinateur connecté à Internet.

– L’UIT estime les coûts mondiaux des mesures anti-spam à environ 30 milliards de francs pour 2003.

– Selon le gouvernement suisse, l’administration fédérale à elle seule dépense 2 millions de francs pour prévenir, bloquer et éliminer les spams.

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