Ces Suisses qui s’enflamment pour Porto Alegre
Une trentaine de personnes - syndicalistes, parlementaires, représentants d'ONG, fonctionnaires - forment la délégation suisse au 3e Forum social mondial (WSF) de Porto Alegre.
Qu’ils soient néophytes ou habitués, tous jugent ce déplacement indispensable.
La Déclaration de Berne envoie deux représentants au WSF. Il s’agit d’une ONG qui œuvre «pour modifier le comportement des gouvernements et des entreprises dans leurs relations avec les pays du Sud»
Membre de la coordination du mouvement, Andreas Missbach affirme qu’il est important d’y participer, car la Déclaration de Berne «poursuit les mêmes objectifs en Suisse».
De plus, le succès du forum social «montre la montée en puissance du mouvement contre la globalisation néolibérale.»
Mais l’aspect le plus important de ce rendez-vous au Brésil, c’est qu’il «constitue quelque chose de positif, avec des propositions, souligne Andreas Missbach. Il est en cela très différent des manifestations contre le G8, l’OMC ou encore de WEF de Davos.»
Beaucoup de déclarations d’intention
La députée socialiste Valérie Garbani participe pour la seconde fois au WSF de Porto Alegre. Elle avait déjà apprécié la première édition en raison des innombrables contacts qu’elle y avait noués.
En revanche les débats l’avaient beaucoup moins impressionnée. «Ils sont très vagues, plein de déclarations d’intention», précise la Neuchâteloise.
Pour cette nouvelle édition, Valérie Garbani s’intéresse davantage à des actions concrètes. Comme une collaboration avec des ONG brésiliennes qui participeront au programme de lutte contre la faim du nouveau gouvernement brésilien.
Valérie Garbani promet d’intervenir aux côtés de la ministre suisse des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, elle aussi socialiste, pour déterminer s’il est possible de débloquer de l’argent pour une telle collaboration.
Agriculteur et écologiste
Agriculteur et député écologiste, Fernande Cuche se rend, lui, pour la première fois à Porto Alegre. Il tient à être présent à ce rendez-vous, car il s’agit de «l’expression d’un changement décisif pour la planète».
Le Neuchâtelois estime qu’il est indispensable de disposer d’une «alternative qui soit un pont entre deux mondes, celui des exclus et celui de l’économie».
Se référant à la situation au WEF de Davos, Fernand Cuche porte un jugement sévère: «si ces messieurs réfléchissaient à un monde plus équitable, les gens iraient à Davos pour les applaudir et non pour les critiquer.»
Fernand Cuche se dit également impressionné par le programme brésilien contre la faim.
«Quand on sait combien on investi pour le développement de l’agriculture européenne, je pense que les créanciers du Brésil, et parmi eux les banques suisses, doivent donner à ce programme une chance de se concrétiser.»
Un festival politique
Spécialiste des droits de l’Homme auprès du ministère suisse des Affaires étrangères, Gérald Pachoud retourne au WSF parce qu’il s’agit «d’un lieu privilégié de rencontres, de dialogue et d’observation, où l’on peut rencontrer tout le monde au même endroit».
Il considère que le WSF s’améliore avec le temps, qu’il est «plus mûr, plus crédible et, surtout, destiné à durer». Le spécialiste suisse compare Porto Alegre à une sorte de «festival politique» qui permet «de sélectionner et d’étendre les contacts, même avec les autres Suisses qui y sont présents».
Cet aspect de contacts est aussi salué par la Direction du développement et de la coopération (DDC) qui envoie quatre de ses membres à Porto Alegre.
Parmi eux, Dora Rapold qui affirme: «Nous travaillons toujours avec les ONG et la société civile. Or le WSF est une opportunité pour faire discuter et faire le point sur le pays en voie de développement ainsi que pour avoir des contacts directs.
Bientôt en Suisse
En tout cas, les Suisses qui participent à ce forum social mondial de Porto Alegre sont ravis. Ils sont à ce point enthousiastes qu’ils ont décidé de créer une Forum social Suisse (FSS) dont la première édition est prévue pour septembre prochain.
swissinfo, Claudinê Gonçalves
(traduction: Olivier Pauchard)
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