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Comment éponger les excédents de Fendant

C'est dans les années 90 déjà que le chasselas a commencé à mal se vendre. Keystone Archive

Provins Valais, l'un des plus gros encaveurs de Suisse va fusionner ses quatre caves en une seule coopérative.

Une opération qui devrait permettre davantage de flexibilité sur un marché complexe où le cépage chasselas (fendant) est surabondant.

Les caves de Leytron, Ardon, Sion, Sierre et de la région de Fully livrent leur production à la Fédération centrale. Et elles constituent des entités juridiques différentes.

Depuis la création de la coopérative Provins Valais en 1930, cette politique régionale se veut solidaire à l’égard de tous les vignerons valaisans.

Elle vise à leur assurer un revenu convenable en achetant la totalité de leurs vendanges.

Mais, aujourd’hui, la viticulture valaisanne doit faire face à un marché qui ne cesse d’évoluer. Et pour y parvenir, elle doit faire preuve de davantage de souplesse.

Or, ses structures régionales sont trop lourdes. Elles constituent un véritable handicap

Pire, Provins Valais – qui représente le quart de la viticulture valaisanne et le dixième de la production suisse – a bien de la peine à réduire la production de chasselas (fendant) qui encombre ses cuves.

Résultat, il est confronté à des problèmes financiers qui entravent sa bonne marche.

Pression des banques

Problèmes de stocks et de structures auxquels s’ajoute un manque de transparence. Il n’en fallait pas moins pour que les banques mettent la coopérative sous pression.

La fusion (annoncée ce week-end) des cinq entités de Provins était donc devenue inéluctable.

«Nous ne sommes pas en danger de mort, précise le président du conseil d’administration. Nous devons simplement assurer la pérennité de l’entreprise en la gérant d’une manière plus moderne.»

Et Ambroise Briguet d’ajouter: «Cette fusion augmentera notre part de fonds propre de 23% à 40% et elle nous assurera une meilleure assise financière».

Mieux, grâce à ses nouvelles structures, explique Ambroise Briguet, Provins pourra prendre des décisions plus facilement et plus rapidement». Et «régler la question des excédents de manière plus efficace».

Comment? En remplaçant à une échelle beaucoup plus large les pieds de Chasselas par des spécialités qui ont de plus en plus la cote (chardonnay, petite arvine ou autre humagne blanc).

«Nous aurions dû réagir il y a longtemps, confirme Ambroise Briguet. C’est-à-dire dès 1990, lorsque la production valaisanne de chasselas a commencé à se vendre plus difficilement.»

«La preuve, ajoute le président du conseil d’administration, qu’une décision est longue à prendre lorsqu’elle doit recevoir l’aval de cinq entités juridiques différentes.»

Le scepticisme de l’interprofession

En attendant, pour diminuer la production de chasselas, Provins a revu ses engagements vis-à-vis des vignerons à la baisse.

En effet, cette année, il ne leur achètera qu’un kilogramme de raisin par pied, soit 200 grammes de moins qu’en 2001. Une décision qui a été prise d’un commun accord avec l’Interprofession du vin, qui défend les intérêts des professionnels de la viticulture.

Cela dit, Christian Brocard ne croît pas vraiment aux effets de la fusion sur la production du chasselas.

A en croire le président de l’interprofession, depuis dix ans, c’est déjà la Fédération centrale qui décide du prix de la vendange et de la quantité à encaver.»

Et puis, ajoute Christian Brocard, «la politique de Provins a toujours favorisé la production de chasselas au détriment des spécialités».

Pas étonnant dès lors que les sociétaires du principal encaveur valaisan rechignent à changer de cépage.

swissinfo/Jean-Louis Thomas

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