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CSFB : La chute d’une star de la bulle Internet

Le CSFB veut sanctionner ses employés qui ne collaborent pas avec les autorités fédérales. Keystone Archive

Frank Quattrone a démissionné, avec effet immédiat du Crédit Suisse First Boston (CSFB).

Ce départ marque la chute de l’un des banquiers d’affaires qui a incarné le mieux la bulle Internet et tous les excès de la fin des années 90.

Aux belles heures de l’Internet, Frank Quattrone, à la tête du département technologique du CSFB, avait fait de son unité l’une des plus performantes de Wall Street et le numéro un des introductions en bourse d’entreprises de la high-tech.

Mais la lune de miel s’est terminée entre le CSFB et son banquier après l’explosion de la bulle Internet et alors que les autorités fédérales et boursières commençaient à se pencher sur les excès de cette époque.

Une vaste opération «mains propres»

Frank Quattrone fait ainsi l’objet depuis plusieurs mois d’une enquête de la part des autorités fédérales et boursières.

L’Association américaine des courtiers en bourse (Nasd) l’accuse, entre autres choses, d’avoir été incapable de gérer correctement les conflits d’intérêt entre les analystes et banquiers d’affaires du CSFB, notamment lors des introductions en bourse de titres.

La Nasd, tout comme Eliot Spitzer, le charismatique ministre de la Justice de l’Etat de New York à l’origine d’une vaste opération «mains propres» à Wall Street, soupçonne aussi Frank Quattrone d’avoir poussé des employés de la banque d’affaires à détruire des documents compromettants après avoir appris que le CSFB faisait l’objet de plusieurs enquêtes au cours de l’année 2000.

Depuis un mois, l’étau se resserre autour de Frank Quattrone. Le 3 février, la Nasd avait prévenu le banquier qu’elle comptait déposer plainte contre lui.

Le dernier rebondissement en date

Dans la foulée, le CSFB, cherchant à prendre ses distances avec Frank Quattrone, l’avait suspendu jusqu’à la fin d’une enquête interne.

La semaine dernière, d’après le Wall Street Journal de lundi, Frank Quattrone avait décidé de ne pas se présenter à une réunion avec la Nasd. A la suite de ce faux bond, la Nasd pourrait bannir M. Quattrone des métiers du courtage.

Eliot Spitzer étudie quant à lui la possibilité de poursuivre Frank Quattrone pour entrave à la justice, selon le New York Times de mardi.

Le CSFB avait déclaré lundi qu’il comptait sanctionner ses employés qui ne collaborent pas pleinement avec les autorités fédérales et boursières.

Mardi, la banque a sobrement annoncé le départ de Frank Quattrone, «dans le meilleur intérêt respectif» des deux parties.

La mise au ban de Krank Quattrone, qui se défend d’avoir mal agi et affirme avoir respecté toutes les règles en vigueur, représente le dernier rebondissement en date de la purge de Wall Street.

Caresser les autorités boursières dans le sens du poil

Au mois d’août, Jack Grubman, l’ex-analyste star du secteur des télécoms de Salomon Smith Barney (Citigroup), avait lui démissionné.

Il était alors soupçonné d’avoir écrit des recommandations de titres biaisées dans le but de décrocher de juteux contrats d’investissements.

En «lâchant» son banquier, le CSFB essaie de caresser les autorités boursières et judiciaires dans le sens du poil, estiment les analystes.

La banque a en effet déjà dû débourser 100 millions de dollars en janvier 2002 pour régler un différend avec la Commission des opérations de bourse américaine (SEC) et la Nasd portant sur un taux de commissions trop important perçu lors d’introductions en bourse.

swissinfo avec les agences

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