Déchets nucléaires, on repart à zéro
Le demi-canton de Nidwald l'a redit nettement ce week-end: il ne veut pas de poubelle nucléaire sur le site du Wellenberg.
La Suisse ne sait donc toujours pas où enterrer ses déchets radioactifs. Et aucune solution est en vue.
Ce second verdict est encore plus net que le premier. Il y a sept ans, 52,5% des citoyens de Nidwald avaient dit «non» à la Nagra.
A l’époque, la Coopérative nationale pour l’entreposage des déchets radioactifs – qui a désormais laissé tomber son sigle français de Cedra – sollicitait le droit de creuser une galerie de sondage et un dépôt définitif.
Dimanche, les opposants ont gagné cinq points supplémentaires. Les citoyens de Nidwald sont désormais 57,5% à dire non. Et, cette fois, la question ne portait que sur la galerie de sondage.
Le ministre de l’énergie Moritz Leuenberger en a aussitôt tiré la seule conclusion qui s’impose. Pour lui, le projet de Wellenberg est «mort».
Une affaire politique
A la Nagra – où l’on travaillait depuis une quinzaine d’années sur le projet Wellenberg -, on se contente de prendre acte.
«Nous devons respecter le choix de Nidwald, admet Hans Issler. Le jeu est maintenant entre les mains des politiciens.»
Et le président de la Nagra d’ajouter: «Ce n’est pas à nous, techniciens, de résoudre ce problème.»
En effet, le Parlement devait débattre lundi de la nouvelle loi sur l’énergie nucléaire. Un projet qui prévoit de retirer aux cantons le droit de s’opposer aux sondages de la Nagra, considérés comme d’intérêt national.
Le Gouvernement veut faire de cette loi un contre-projet indirect aux deux initiatives anti-nucléaires. Mais son sort est encore très loin d’être scellé.
Pour preuve, le Conseil national a finalement décidé à une courte majorité de ne pas supprimer le droit de veto des cantons concernant les dépôts de déchets radioactifs.
Du provisoire qui dure
En en attendant, les déchets s’accumulent. A fin 2001, quelque 4358 mètres cubes de matériaux faiblement, moyennement et hautement radioactifs étaient stockés à Würenlingen et dans les dépôts des cinq centrales nucléaires helvétiques.
Quant aux déchets qui sont traités dans l’usine de La Hague (F), ils rentrent progressivement en Suisse. Et viennent encore grossir ce stock.
Bien que vitrifiés, ils n’en restent pas moins dangereux. Et la seule solution serait de les enfouir sous terre avec les autres.
Depuis bientôt trente ans, la Nagra cherche un site adéquat. Mais partout, la fronde des populations locales l’a empêché de mener sa tâche à bien.
Un problème qui n’inquiète pas outre mesure les exploitants des centrales atomiques. Les dépôts actuels sont, assurent-ils, assez grands pour accueillir les déchets des 50 prochaines années.
Pas avant 2040
Pour autant, la Nagra n’est pas au chômage. Après la question des déchets faiblement et moyennement radioactifs, elle devra encore s’occuper des déchets hautement radioactifs.
A cet effet, un site a d’ores et déjà été retenu. Il se situe dans le Weinberg zurichois. Mais rien ne presse.
La Nagra estime que le stockage définitif n’interviendra pas avant 2040. Et Hans Issler n’exclut pas que l’on ait, d’ici là, trouvé une solution européenne.
Selon le patron de la Nagra, deux à trois dépôts seraient suffisants pour accueillir tous les déchets hautement radioactifs du continent. Reste à voir quels pays seraient d’accord de les accueillir….
swissinfo/Marc-André Miserez
La Suisse compte cinq réacteurs nucléaires
Ils produisent 40% de l’électricité consommée dans le pays
4400 m3 de déchets nucléaires sont stockés en Suisse, provenant des centrales, des hôpitaux, de la recherche et de l’industrie
Sur cette quantité, les déchets hautement radioactifs ne représentent que 6 m3
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