Dans le rouge, ABB doit encore réduire ses coûts
ABB a perdu 183 millions de dollars au troisième trimestre 2002. Sur les neuf premiers mois, il cumule une perte de 82 millions de dollars et sa dette atteint désormais 5,5 milliards de dollars.
Le groupe annonce de nouvelles réductions de ses coûts. Des licenciements supplémentaires semblent inévitables.
Jeudi, ABB dévoile les premiers chiffres de son troisième trimestre 2002, trois jours après avoir lancé un avertissement sur bénéfice.
Non encore chiffrée, cette annonce avait suffi à faire littéralement s’effondrer le cours de l’action du groupe. Alors qu’il cotait encore à plus de 5 francs lundi, le titre s’est échangé mercredi à 1,41 franc aux pires moments de la séance à la Bourse suisse.
Déficit record
Dans les faits, le groupe helvético-suédois enregistre une perte de 183 millions de dollars au troisième trimestre. Sur les neuf premiers mois de l’année, cette perte se monte donc à 82 millions de dollars.
Pour comparaison, ABB avait dégagé l’an dernier un bénéfice de 23 millions de dollars au troisième trimestre et de 289 millions de dollars pour les neuf premiers mois.
Le chiffre d’affaires s’est contracté de 2,7% à 5,457 milliards au troisième trimestre par rapport à l’année précédente.
Le groupe souffre de la mauvaise conjoncture. Il est toujours empêtré dans l’affaire de l’amiante aux Etats-Unis, qui devrait lui coûter plus d’un milliard de francs.
Encore des économies, et des emplois à la trappe
«Les mesures prises jusqu’à présent sont insuffisantes pour rétablir notre compétitivité», admet le nouveau patron du groupe Jürgen Dormann.
De nouvelles suppressions d’emplois sont donc inévitables. Mais pour l’heure, ABB n’en précise pas le nombre. Une évaluation interne est en cours, et les détails devraient être rendus publics le 8 novembre.
Le syndicat VSAM (Fédération des associations suisses des employés de l’industrie des machines) estime entre 18 000 et 20 000 le nombre d’emplois qui disparaîtront. Depuis l’été 2001, le groupe a déjà fait passer à la trappe 13 100 emplois dans le monde.
La Suisse, où le groupe emploie 7300 personnes, devrait être largement épargnée. Les carnets de commandes sont bien remplis et le groupe y réalise des bénéfices, relève le syndicat.
Parallèlement, le nombre de divisions sera réduit de moitié. Le groupe s’articulera à l’avenir autour des deux entités «techniques de l’énergie» (8,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour 43 000 collaborateurs) et «techniques de l’automation» (9,25 milliards, 63 000 employés).
La division pétrole est à vendre
La division pétrole, gaz et pétrochimie sera gérée comme unité séparée. Différentes options sont à l’étude, mais la solution la plus probable reste une cession pure et simple, annonce Jürgen Dormann. Des contacts sont en cours.
Par ailleurs, la division Group Processus, qui s’occupait de l’unification des processus internes, est dissoute. La direction sera réduite à terme de huit à cinq membres.
Au bout de l’exercice, soit d’ici 18 mois, ces mesures devraient permettre d’économiser quelque 800 millions de dollars. Elles s’ajouteront aux 500 millions de réductions de coûts induites par la restructuration lancée l’année dernière.
Mea culpa
Jürgen Dormann, en poste depuis 36 jours à la fois comme président de la direction et du conseil d’administration, fait par ailleurs son mea culpa: «Lorsque j’ai pris mes fonctions, je ne voyais aucune raison de changer les objectifs» (formulés par son prédécesseur). C’était une erreur», admet-il.
La tâche du patron du géant industriel s’annonce gigantesque. Le taux de fonds propres est passé de 6,6% à 5,6% entre fin juin et fin septembre, et l’endettement net s’est creusé de 300 millions de francs, à 5,5 milliards de dollars.
L’action remonte
Malgré cela, l’annonce de ces restructurations a suffi à redonner un peu de vigueur au titre Jeudi matin, l’action gagnait 23 %, à 2 francs, rattrapant ainsi le terrain perdu la veille.
Un courtier interrogé par l’agence Reuters a toutefois rappelé que les deux grands problèmes d’ABB n’étaient toujours pas résolus. Le groupe industriel traîne toujours le poids d’un endettement qui s’est encore alourdi et semble ne pas pouvoir se dégager des poursuites liées à l’amiante aux Etats-Unis.
swissinfo avec les agences
Perte du 3ème trimestre 2002: 183 millions de dollars
Perte cumulée sur les neuf premiers mois: 82 millions de dollars
Chiffre d’affaires des neuf premiers mois: 5,46 milliards de dollars
Effectifs du groupe: 150 000 personnes dans le monde
ABB a supprimé 13 100 emplois en une année
Le groupe devra en supprimer d’autres, mais ne donne pas encore de détails
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