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Des dioxines à la décharge de Bonfol

Plus de 100'000 tonnes de déchets toxiques ont été entreposées à Bonfol de 1961 à 1975. Keystone

Greenpeace dénonce la présence de dioxines dans la décharge chimique de Bonfol (JU), autrefois utilisée par la chimie bâloise.

Selon l’organisation écologiste, il faut s’attendre à l’émission de ces substances pendant les travaux d’assainissement, prévus de longue date mais bloqués pour des questions financières.

Une étude publiée jeudi par Greenpeace révèle que des quantités «considérables» de dioxines sont entreposées dans la décharge industrielle de Bonfol, dans le canton du Jura.

Le projet d’assainissement doit être totalement revu pour tenir compte de la présence de ces dioxines, a précisé Matthias Wütrich, responsable de la campagne chimie de Greenpeace. La sécurité des travailleurs doit en particulier être renforcée.

Seule décharge légale

Greenpeace a étudié la production de Sandoz, Ciba et Ciba-Geigy dans les années 1950, 1960 et 1970. Durant cette période, ces entreprises ont produit ou traité au moins 38 substances dont la fabrication engendre la production de dioxines, furannes et PCB.

A l’époque, Bonfol était la seule décharge légale de déchets chimiques. Pour Greenpeace, il faut donc partir du principe qu’une partie des déchets de production déposés à Bonfol contient des dioxines, furannes et PCB.

Aucune protection

Aucune mesure de protection contre les dioxines ne figure dans le projet d’assainissement présenté par la chimie bâloise (BCI), souligne de son côté Unia. Le syndicat dénonce «le manque de rigueur et les atermoiements» de la BCI.

Les révélations de Greenpeace «confirment la nécessité d’assainir la décharge sans retard», indique pour sa part le canton du Jura qui constate que les informations du mouvement écologiste «semblent plus complètes» que celles délivrées par la BCI.

En 2000 déjà

Le ministre jurassien de l’environnement Laurent Schaffter «se demande dès lors pourquoi la BCI tergiverse à livrer toutes les informations» qui permettraient une identification du contenu de la décharge. Ce point est l’un des 53 compléments demandés à la chimie bâloise.

En 2000 déjà, Greenpeace avait prouvé la présence de dioxines dans les jus qui s’échappaient de la décharge. Cette découverte avait alors contribué à ce que la chimie bâloise accepte d’assainir le site, rappelle Matthias Wütrich.

Aujourd’hui, souligne Greenpeace, la chimie bâloise «prétend que les dioxines ne joueraient aucun rôle à Bonfol». L’étude du mouvement écologiste démontre «que cette appréciation est infondée».

Les leçons de Seveso

Il semble que la chimie bâloise n’a «pas tiré les leçons de la catastrophe de Seveso» en 1976, estime encore l’organisation écologiste. Les dioxines appartiennent «aux substances les plus toxiques que l’humanité connaisse».

La décharge chimique de Bonfol a été exploitée par la chimie bâloise de 1961 à 1975. En janvier 2000, le canton du Jura a exigé l’assainissement total du site.

Projet bloqué

Mais le projet – devisé à 280 millions de francs – est actuellement bloqué pour des questions financières. La BCI refuse en effet de signer un papier dans lequel elle s’engage auprès du canton du Jura à prendre à sa charge l’ensemble des frais d’assainissement.

De leur côté, les autorités jurassiennes ne veulent pas délivrer d’autorisation de procéder à l’assainissement. Elles exigent au préalable la garantie que les collectivités publiques ne doivent pas passer à la caisse.

swissinfo et les agences

La décharge de Bonfol a été exploitée par la chimie bâloise de 1961 à 1975.
Elle contient 114’000 tonnes de déchets chimiques et industriels.
Le canton du Jura a exigé son assainissement total en janvier 2000.
Le coût de l’opération est estimé à 280 millions de francs.

Le projet d’assainissement, présenté en 2003 par l’industrie chimique bâloise (BCI), prévoit le transport des déchets par train – essentiellement vers l’Allemagne – où ils seront ensuite brûlés.

Mais le projet est bloqué: la BCI refuse de signer un papier dans lequel elle s’engage à prendre à sa charge l’ensemble des frais d’assainissement. Et les autorités jurassiennes ne veulent pas délivrer d’autorisation avant d’avoir cette garantie.

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