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Etape brésilienne pour Joseph Deiss

Joseph Deiss restera trois jours au Brésil avant de rejoindre le Mexique. Keystone

Le ministre de l’économie Joseph Deiss passe par São Paulo avant de se rendre à la Conférence ministérielle de l’OMC à Cancún (Mexique).

Le Brésil est en effet le principal partenaire de la Suisse dans la région, comme le ministre l’explique à swissinfo.

swissinfo: Pour quelles raisons avez-vous décidé de vous rendre au Brésil?

Joseph Deiss: Le Brésil est le premier pays d’Amérique latine en ce qui concerne nos relations économiques. Il représente donc un partenaire très important.

De plus, le Brésil est également très important pour nos investissements directs. Enfin, il s’agit d’une force économique et politique importante au niveau du continent américain et dans le cadre des négociations de l’Organisation mondiale du commerce.

swissinfo: Le commerce entre les deux pays est relativement modeste. Pour le Brésil, la Suisse représente le 29e pays exportateur et le 13e pays importateur. Y a-t-il des difficultés?

J.D. : Oui et c’est justement pour cette raison que nous avons décidé de nous rendre au Brésil avec une importante délégation économique.

Je pense que le commerce souffre des difficultés économiques qui touchent cette région, même si le Brésil est mois affecté que d’autres pays.

D’un autre côté, la conjoncture mondiale n’est pas favorable. Je constate aussi que nos investissements ont stagné au cours des dernières années.

Au cours de ce voyage, nous allons donc discuter, afin de voir ce que nous pouvons faire pour intensifier nos relations.

swissinfo: En ce qui concerne les investissements étrangers au Brésil, la Suisse est passée en moins de dix ans du 5e au 15e rang. Les Suisses vont-ils retourner investir au Brésil?

J.D. : J’espère que oui. La Suisse est un grand exportateur de capitaux et le Brésil a un immense potentiel de développement. Je pense que c’est une chance pour notre économie.

swissinfo: Les Suisses ne sont-ils pas trop prudents et ne perdent-ils pas ainsi certaines opportunités d’affaires, par exemple dans le cadre du processus de libéralisation du Brésil?

J.D. : Il est possible que nos investisseurs soient trop prudents. Mais la Suisse a aussi montré que ses investisseurs savaient prendre des risques.

Sans risques, il n’y a pas de profits. Mais il convient également d’éviter les mauvais risques. Ce n’est pas toujours facile.

swissinfo: Le Brésil et l’Argentine ont pour priorité de renforcer le Mercosul (zone de libre échange réunissant plusieurs pays du sud du continent) avant de conclure d’autres accords. Le Mercosul fort est-il dans l’intérêt de la Suisse?

J.D. : Nous suivons de près ce qui se passe en Amérique, en particulier en Amérique du Sud.

Nous estimons le développement du Mercosul très positif. En effet, nous savons que les blocs économiques sont très importants pour ceux qui ont font partie, mais aussi pour leurs partenaires.

Nous souhaitons être davantage présents en Amérique du Sud. Nous avons par exemple signé un accord de libre-échange avec le Chili. Celui-ci devrait être prochainement ratifié par le Parlement suisse.

swissinfo: Vous allez assister à la conférence de l’OMC à Cancún. En ce qui concerne l’agriculture, les positions de la Suisse et du Brésil sont très éloignées. Allez-vous essayer de vous rapprocher du Brésil?

J.D. : Nous allons certainement aborder cette question, ce que nous avons par ailleurs déjà fait en d’autres occasions. Il est vrai que nos positions sont très éloignées et qu’il faudra beaucoup de travail pour les rapprocher.

D’un autre côté, je suis confiant sur le fait que nous pouvons aller de l’avant. Nous avons l’exemple récent des brevets sur les médicaments. Nos positions respectives étaient antagonistes: la Suisse a une industrie pharmaceutique très forte, alors que le Brésil développe une industrie de médicaments génériques.

Or, malgré ces différences, nous sommes parvenus à un accord dans le cadre de l’OMC.

swissinfo: En tant que professeur d’économie, comment expliquez-vous qu’un pays comme le Brésil ne parviennent pas à décoller?

J.D. : Il s’agit d’une question fondamentale pour tout économiste. Pendant longtemps, on liait le potentiel de croissance aux réserves en matières premières.

Si tel était le cas, le Brésil serait l’une des principales puissances économiques du monde et la Suisse ne serait pas ce qu’elle est. On voit donc que les conditions naturelles n’expliquent pas tout.

Pour que l’économie fonctionne, il faut aussi de la stabilité et de la sécurité. Je pense que le Brésil a déjà fait d’énormes progrès et est parvenu à une certaine stabilité. Je crois que ce pays va bientôt marcher sur le chemin de la croissance.

Interview swissinfo: Claudinê Gonçalves
(traduction: Olivier Pauchard)

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