Face à l’évolution démographique, l’AVS s’adapte
Le vieillissement de la Suisse menace le financement de l’assurance vieillesse et survivant (AVS). Le Parlement a donc accepté une 11e révision qui met l’accent sur les économies.
Considérant qu’il s’agit d’un véritable démantèlement social, la gauche a obtenu le référendum.
Pour l’heure, la situation financière de l’AVS est saine. Mais l’évolution démographique inquiète une partie de la classe politique.
En 1970, on comptait 4,6 actifs pour un rentier. Pour 2035, on estime qu’il n’y aura plus que 2,3 actifs pour un rentier.
Cette situation a bien sûr des conséquences financières. Selon les chiffres du gouvernement, si rien n’est entrepris, les réserves de l’AVS diminueront fortement à partir de 2010 et seront épuisées en quelques années.
Avenir assuré jusqu’en 2015
La 11e révision de l’AVS prévoit donc une batterie de mesures d’économies pour assurer l’avenir financier de la caisse au moins jusqu’en 2015. Cette révision permettrait en effet d’économiser 925 millions de francs par an.
Premièrement, l’âge de la retraite pour les femmes passerait de 64 à 65 ans dès 2009. L’âge de l’AVS deviendrait le même pour les deux sexes. Ce relèvement de l’âge de la retraite des femmes permettrait d’économiser 445 millions de francs par an.
Deuxièmement, les rentes ne seraient plus indexées au coût de la vie tous les deux ans, mais tous les trois ans seulement. Cette mesure permettrait d’économiser 150 millions de francs par an. Le gouvernement pourrait cependant anticiper l’adaptation des rentes en cas de forte inflation.
Troisièmement, les rentes de veufs et de veuves, qui représentent actuellement 80% du montant d’une retraite AVS, seraient diminuées jusqu’à atteindre 60% de ce montant. Pour les veuves sans enfant, la rente sera remplacée par une indemnisation forfaitaire.
Par contre, les prestations seraient revues à la hausse en ce qui concerne les orphelins. Leur rente serait relevée de 40% à 60% du montant de l’AVS Cette adaptation des rentes de viduité et d’orphelin permettra à terme d’économiser 250 millions de francs par ans.
Enfin, le quatrième point vise à engranger de nouvelles recettes. L’obligation de cotiser à l’AVS serait désormais étendue à tous les rentiers. Jusqu’à présent, les retraités qui percevaient encore un salaire jusqu’à 1400 francs en étaient exonérés.
Cette mesure apporterait chaque année 200 millions de francs supplémentaires. Le gain réel ne serait toutefois que de 80 millions. En effet, sur ces 200 millions, 120 seraient consacrés à l’amélioration des rentes des retraités obligés de travailler pour parvenir à obtenir la rente maximale.
La gauche se sent trahie
Déjà lors des débats entourant la 10e révision, les partis étaient parvenus à une sorte d’accord tacite. Ils avaient convenu de compenser les baisses de prestation contenues dans la 11e révision par une amélioration de l’accession à la retraite anticipée pour les bas revenus.
En effet, on constate que les bas revenus profitent peu de la retraite anticipée, car ils ne peuvent pas se permettre la diminution de rente qu’implique un départ à la retraite anticipé.
Mais, en cette période de coupes budgétaires tous azimuts, l’argent prévu pour favoriser les retraites anticipées a fondu comme neige au soleil. Il avait d’abord été question d’accorder 800 millions. Le gouvernement a ensuite proposé 400 millions, proposition refusée par la Chambre basse.
Au final, il ne reste presque plus rien de ce projet dans la 11e révision. En fait, seuls 145 millions de francs y sont consacrés. Cette somme est destinée à favoriser l’accès à la retraite anticipée pour les femmes nées entre 1948 et 1953.
La gauche estime que ce n’est de loin pas suffisant et a le sentiment d’avoir été trahie. C’est la raison pour laquelle elle a lancé le référendum contre la révision.
Clivage gauche-droite
La gauche invite donc les citoyens à rejeter la révision. «C’est la première fois que l’on a un projet purement négatif», relève le député socialiste Christian Levrat.
Durant les dix précédentes révisions, les baisses de prestations avaient en effet toujours été compensées par une amélioration dans d’autres domaines.
A droite, on considère en revanche que cette 11e révision est indispensable. Elle est indispensable si on entend freiner l’évolution financière défavorable liée au vieillissement de la population.
Reste maintenant à savoir si les menaces qui planent sur l’AVS sont bien réelles ou si «la droite peint le diable sur la muraille», comme l’affirme la gauche. C’est au peuple qu’il appartiendra de trancher.
swissinfo, Olivier Pauchard
L’évolution démographique en Suisse:
– En 1970, une femme avait en moyenne 2,1 enfants. On estime qu’elle en aura 1,6 en 2035.
– En 1970, un homme pouvait en moyenne espérer vivre encore 13 ans après la retraite. En 2035, cette espérance de vie sera de 18 ans.
– Ce phénomène d’allongement est le même pour les femmes: en 1970, une femme passait en moyenne 16 ans à la retraite; en 2035, elle y restera 22 ans.
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