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Il y a eu erreur de pilotage à Bassersdorf

24 novembre 2001: 24 personnes ont péri dans le crash de Crossair près de Zurich. Keystone Archive

Publiée mardi à Zurich, l'enquête sur le crash en 2001 d'un Jumbolino de Crossair à Bassersdorf incrimine Swiss.

La compagnie admet qu’il y a eu erreur de pilotage. Mais ne répond pas vraiment aux critiques du rapport, tout en assurant qu’elle a pris toutes les mesures qui s’imposaient.

Le crash du Jumbolino de Crossair qui a coûté la vie à 24 personnes le 24 novembre 2001 à Bassersdorf est dû à une erreur de pilotage. C’est l’une des conclusions du Bureau fédéral d’enquête sur les accidents d’avions (BEAA).

Avant même la publication de ce rapport mardi matin, la compagnie Swiss a réagi par voie de communiqué.

Dans ce texte de quatre pages, on peut lire que «si une enquête pénale devait être ouverte, Swiss souhaiterait que toute la lumière soit faite sur les causes de l’accident».

Et la compagnie – qui a pris Crossair et Swissair dans son giron en 2002 – de rappeller que toutes les mesures de sécurité ont été prises dans les jours qui ont suivi le crash.

D’ailleurs, la direction de Swiss ne manque pas de souligner que les enquêteurs du BEAA estiment qu’il n’est pas nécessaire de prendre, aujourd’hui, des précautions supplémentaires dans ce domaine.

Commandant épuisé

Selon le BEAA, lors de l’approche de l’aéroport de Zurich, le commandant de bord du Jumbolino n’a pas respecté l’altitude minimale de vol, malgré les signaux d’alarme automatiques et alors qu’il ne disposait pas d’un contact visuel avec la piste 28.

C’est, selon le rapport, ce comportement fautif du pilote, âgé de 57 ans, qui a entraîné la chute de l’avion contre une colline boisée près de Bassersdorf, quatre kilomètres avant la piste.

Quant au copilote, âgé de 25 ans, souligne le même rapport, il n’a rien fait pour l’empêcher.

Le BEAA confirme ainsi que le crash s’est produit parce que le Jumbolino de Crossair volait beaucoup trop bas. Ce qui paraissait d’ailleurs déjà clair quelques jours seulement après le drame.

En outre, le commandant était épuisé. Il avait donné des cours privés de pilotage le jour même et la veille.

Le rapport du BEAA passe en revue les lacunes professionnelles du pilote, qui seraient apparues de manière récurrente tout au long de ses 20 ans de carrière.

«Une certaine aversion pour les systèmes de navigation plus complexes apparaissent comme un fil rouge dans la carrière du pilote», écrit notamment dans le rapport l’enquêteur du BEAA, Daniel Knecht.

Les responsables de Crossair n’ont pourtant pas tenu compte de ces éléments et n’ont pris aucune mesure, ajoute-il.

Swiss ne commente pas. La compagnie se contente d’affirmer que le pilote était «très expérimenté et qu’il possédait toutes les qualifications nécessaires pour effectuer ce vol».

D’autres failles

Le BEAA ne mentionne que les erreurs de pilotage comme causes directes du crash. Pourtant d’autres facteurs y ont contribué.

Par exemple, la colline boisée où l’avion s’est écrasé ne figurait pas sur la carte utilisée par l’équipage.

Autres failles, l’absence d’un système d’alarme sur la piste 28 et des limites minimales de visibilité trop basses pour pouvoir effectuer un atterrissage à vue.

L’Office fédéral de l’aviation civile n’échappe pas non plus à la critique. Selon le rapport, l’OFAC n’a pas contrôlé l’efficacité de la formation des pilotes de Crossair.

En outre, tout n’a pas fonctionné comme il aurait fallu dans la tour de contrôle, aux mains de la société suisse Skyguide.

En effet, seul un aiguilleur surveillait les atterrissages au moment de l’accident, au lieu de quatre comme il était prévu.

Le BEAA n’exclut pas que ce sous-effectif ait eu une influence sur les événements. La question «reste ouverte», indique le rapport.

De manière indirecte, les enquêteurs se montrent également critiques à l’égard de l’ex-Crossair.

Ils estiment notamment que les responsables de la compagnie n’ont pas évalué correctement les compétences du commandant du Jumbolino accidenté.

Enquête pénale

Les nouveaux faits livrés par le rapport d’enquête ont poussé le Ministère public de la Confédération (MPC) à entamer une procédure pénale.

Pour l’instant, cette enquête pour «homicide par négligence» ou pour «lésions corporelles graves par négligence» a été ouverte contre inconnu.

En effet, comme l’explique le porte-parole du MPC, les deux pilotes de l’appareil ayant péri dans la catastrophe, ils ne peuvent plus être poursuivis.

Mais, précise Hansjürg Mark Wiedmer, il s’agit maintenant de savoir si d’autres personnes ont commis des actes de négligence dans cette affaire.

swissinfo et les agences

Le 24 novembre 2001, à 22 h 08, un Jumbolino de Crossair en provenance de Berlin s’écrase contre une colline à Bassersdorf, à quatre kilomètres de l’aéroport de Zurich.
24 personnes sont tuées, 9 survivent au crash.

– A l’époque du crash de Bassersdorf, André Dosé était directeur général de Crossair. A ce titre, il pourrait être entendu par la justice dans le cadre d’une procédure pénale.

– Un souci de plus pour l’actuel patron de Swiss. La compagnie n’a toujours pas trouvé auprès des banques le crédit de 500 millions dont elle a besoin.

– Après l’épidémie de pneumonie atypique, la grippe du poulet qui frappe une partie de l’Asie pourrait porter un nouveau coup dur au secteur aérien. Swiss ne s’en relèverait peut-être pas.

– Les liquidités de la compagnie – qui a perdu 609 millions de francs sur les neuf premiers mois de l’année dernière – fondent rapidement. Les avions ne sont pas assez remplis et les leasings coûtent très cher.

– Au mois de mars, André Dosé devra annoncer de nouvelles pertes, ce qui va encore ébranler la confiance dans le management de Swiss.

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