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L’économie suisse paie cash son immobilisme

Oswald Gruebel (gauche) directeur exécutif du Credit Suisse, annonce mardi de lourdes pertes pour son groupe. Keystone

En une semaine, des entreprises suisses ont annoncé près de 4000 licenciements et des pertes de plusieurs milliards.

Le ministre de l’économie a exposé les mesures qu’il veut appliquer pour faciliter un redémarrage. Mais les perspectives restent sombres.

«La réticence et l’attentisme continueront à influencer l’économie suisse pendant les prochains mois», prédit le KOF, le Centre de recherches conjoncturelles de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ).

D’après les informations publiées vendredi par le KOF, le PIB (produit intérieur brut) ne devrait pas retrouver la croissance avant six à neuf mois.

Une semaine noire

Même si l’institut zurichois anticipe une légère reprise d’ici la fin de l’année, la nouvelle n’a pas de quoi réjouir une population qui reste «groggy». Il faut dire que cette dernière semaine de février aura été éprouvante, tant pour le tissu industriel que pour la population.

Cette «semaine noire» aura en effet été marquée par près de 4000 licenciements au sein d’entreprises suisses de renommée internationale qui ont terminé l’année 2002 dans les chiffres rouges.

Swiss, Clariant et CSG

C’est le groupe chimique bâlois Clariant qui a ouvert les hostilités mardi en annonçant une perte de 648 millions de francs et 1700 licenciements sur un total de 28 000 employés.

Suivi de peu par Credit Suisse Group (CSG). Confrontée à une perte impressionnante de 3,3 milliards de francs en 2002, la banque a décidé de tailler dans le vif.

Résultat: 1250 postes de travail seront supprimés, dont près de 350 auprès de Winterthur Assurances, contrôlée par le groupe.

Toujours mardi, en fin d’après-midi, c’est la compagnie aérienne Swiss qui a annoncé une nouvelle réorganisation. En proie à un marché aérien paralysé par l’incertitude économique, la compagnie décidait de se séparer de 20 appareils, supprimant du même coup près de 700 postes de travail.

Roche, ABB et Zurich

Mercredi, Roche, le porte-étendard de l’industrie pharmaceutique suisse, annonçait une perte impressionnante de 4,026 milliards de francs en 2002.

Mais jeudi ne se présentait pas sous de meilleurs auspices. En difficultés depuis de nombreux mois, ABB avouait une perte nette de 787 millions de francs pour la période sous revue.

Toujours jeudi, ce fut au tour de Zurich Financial Services d’annoncer une perte de 4,8 milliards de francs en 2002.

Toute une série de mauvaises nouvelles que le bénéfice de Nestlé, en hausse de plus de 13% à 7,564 milliards de francs, n’est pas parvenu à estomper.

Croissance au plus bas

Pire, les chiffres de la croissance de l’économie suisse publiés le même jour ont fait état d’une croissance de 0,1% sur l’ensemble de l’année 2002.

De quoi donner des sueurs froides au nouveau chef du Département de l’économie, Joseph Deiss (PDC-centre droit).

Sorti de sa réserve mercredi déjà, le ministre avait fustigé les multinationales qui ne l’avaient pas averti de l’ampleur des licenciements qu’elles comptaient mettre en œuvre.

Deiss martèle son credo

Comme les prévisions n’anticipent pas de retournement de tendance avant le début de l’année prochaine, Joseph Deiss en a profité pour rappeler les principales mesures qu’il estimait nécessaires pour faciliter le redémarrage de l’économie.

Constatant l’inefficacité des mesures de libéralisation et de décloisonnement de l’économie suisse mises en œuvre après le rejet de l’adhésion à l’Espace Economique Européen (EEE), le ministre a l’intention de remettre l’ouvrage sur le métier.

Plus de concurrence

Il a notamment insisté sur la nécessité d’accroître la concurrence entre les entreprises sur le plan intérieur, tout en déplorant le manque de soutient offert par les milieux économiques lors de réformes précédentes.

A l’avenir, Joseph Deiss compte assouplir le marché intérieur en réformant la loi sur les cartels et celle qui traite de l’acquisition des marchés publics. Le ministre a encore plaidé en faveur d’une libéralisation du marché de l’électricité, que le peuple a pourtant refusée au mois de septembre.

Autant de mesures qui sont dans l’air depuis plusieurs années mais qui visiblement n’ont pas été retranscrites, pour l’instant, de façon adéquate dans l’ordre juridique.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

Clariant supprime 1700 places de travail.
Credit Suisse Group veut se séparer de 1700 employés.
Swiss supprime 700 postes et abandonne 20 avions.
En 2002, la croissance du PIB suisse s’élève à 0,1%.

– Près de 4000 postes ont été supprimés dans des entreprises suisses en une semaine.

– Les pertes de plusieurs multinationales helvétiques en 2002 se comptent en milliards.

– En 2002, la croissance de l’économie suisse est au point mort avec une hausse de 0,1%.

– Les prévisions pour 2003 sont loin d’être optimistes et ne prévoient pas d’amélioration notable.

– Le ministre de l’économie plaide pour davantage de libéralisation et de flexibilité.

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