L’adolescence difficile de virt-x
Six mois après son lancement, la bourse électronique doit encore s'affirmer. Même si ses avantages techniques sont reconnus, les courtiers sont sceptiques.
Détenue conjointement par la Bourse suisse SWX et le consortium britannique Tradepoint, virt-x traite depuis Londres les 27 valeurs vedettes du SMI et quelque 600 titres européens. Les blue-chips suisses représentent à eux seuls environ 95% du chiffre d’affaires de la plate-forme. Les transactions sur les valeurs étrangères restent marginales.
Pas assez liquide
«Le niveau de liquidité sur les titres étrangers n’est pas suffisant», confirme Olivier Walter, responsable du négoce pour la Suisse à la banque BNP Paribas à Zurich. «Pour deux ou trois titres, les volumes d’échanges sont suffisants, mais cela se fait au détriment des autres», relève-t-il.
«Il est difficile d’extirper du volume des marchés domestiques étrangers et de l’attirer vers virt-x», reconnaît Jacques de Saussure, membre du conseil d’administration de la nouvelle plate-forme et associé de Pictet & Cie.
L’objectif pour les douze premiers mois est de traiter 10% du volume des blue-chips européens. Actuellement, la part de marché de virt-x se situe aux alentours de 8%. Pour atteindre l’objectif fixé, il faudra quadrupler d’ici l’été 2002 le volume des transactions sur les titres étrangers, a déclaré au début du mois dernier la directrice de virt-x Antoinette Ebneter-Hunziker.
Tout en admettant qu’il y a du pain sur la planche, Jacques de Saussure relève qu’«il peut se passer beaucoup de choses ces prochains mois».
Une pionnière
L’administrateur met en avant les succès déjà obtenus: l’infrastructure de la plate-forme est «techniquement parfaite», et la démonstration est faite qu’il est possible d’exporter dans une juridiction étrangère le négoce des valeurs suisses, tout en gardant sa propre réglementation en matière de cotation.
«C’est la première fois qu’une bourse européenne franchit ce pas», souligne Jacques de Saussure. Cela a son importance dans le contexte de concentration des bourses à l’échelle européenne.
Habitudes à prendre
«Si toutes les banques tirent à la même corde, cela peut marcher. Mais actuellement, virt-x n’est pas assez entrée dans les mœurs», déclare Philipp Bordenier, courtier à la Banque Rüd, Blass & Cie à Zurich, filiale du groupe Zurich Financial Services (ZFS).
Les volumes d’échange sont encore trop faibles pour rendre la plate-forme attractive par rapport aux bourses domestiques, note-t-il. Et la situation s’est «plutôt détériorée» ces dernières semaines.
Peu d’élus
Olivier Walter estime que virt-x ne parviendra pas à s’imposer parmi les deux ou trois bourses paneuropéennes appelées à dominer le marché à l’avenir. «Et il n’y aura pas de place pour les marchés parallèles», avertit-il.
Il reconnaît cependant une «grande force» à virt-x: celle de regrouper dans un seul système le négoce, le règlement et la livraison des titres. C’est un gage d’efficacité et de réduction des coûts.
swissinfo avec les agences
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