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L’AELE est à la croisée des chemins

L'Association européenne de libre-échange (AELE), dont fait partie la Suisse, doit s'adapter à l'élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux membres.

La conclusion d’un accord avec Singapour est une étape de plus dans le processus.

«L’AELE est à la croisée des chemins», affirme le Suisse William Rossier, qui a présenté mardi à Bruxelles le rapport annuel de l’Association.

En effet, l’élargissement de l’Union européenne oblige les nouveaux pays à intégrer l’Espace économique européen (EEE). La Suisse a refusé en 1992 d’intégrer l’EEE.

Mais les trois autres membres de l’AELE – la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein – ont signé les accords EEE.

D’importantes opportunités économiques

«Au départ, explique le secrétaire général, on pensait qu’il ne s’agirait que d’un pur exercice technique». Et que l’adaptation des accords aux nouveaux pays de l’UE se ferait sans histoire.

Mais, dès la fin de 2002, ce sont de vraies négociations qui ont démarré. Avec, au centre des discussions, le commerce du poisson et des autres produits de la mer, un sujet qui intéresse la Norvège et l’Islande.

Ainsi que la contribution financière que réclame l’UE aux pays de l’EEE, comme contre-partie des bénéfices que ces pays vont retirer de l’élargissement.

Ces négociations sont sur le point de se terminer. La Suisse est également concernée. En effet, les sept accords bilatéraux conclus avec l’UE, entrés en vigueur en juin 2002, doivent eux aussi être élargis aux nouveaux membres. Et l’UE va bientôt réclamer à Berne une participation financière à l’élargissement.

L’élargissement «générera d’importantes opportunités économiques, souligne William Rossier, tout en améliorant tant la stabilité que la sécurité au sein d’une Europe unie».

Développement du réseau mondial

Par ailleurs, l’année 2002 a été marquée par l’entrée en vigueur de la nouvelle Convention de l’AELE, la Convention de Vaduz. Et surtout par le développement du réseau mondial de libre-échange.

Pour la première fois, l’AELE a signé un accord de libre-échange avec un pays du sud-est asiatique, Singapour. Avant même l’UE. Cet accord est entré en vigueur le 1er janvier 2003. Un autre vient d’être paraphé avec le Chili.

Ce qui porte à vingt le nombre d’accords conclus avec des pays tiers. Mais l’association n’entend pas s’arrêter là. Elle a engagé des négociations avec le Canada, l’Egypte et la Tunisie. Et va bientôt ouvrir des discussions avec le Liban et l’Afrique du Sud.

L’AELE n’est pas moribonde

«Depuis le début, on ne parle que de la fin de l’AELE» s’exclame William Rossier, interrogé sur les perspectives d’avenir de l’AELE. «L’Association existera aussi longtemps que les pays membres y auront des intérêts», affirme le secrétaire général.

William Rossier refuse de commenter l’éventuelle perte d’influence de l’AELE, qui ne compte plus actuellement que quatre pays membres.

«Nous ne sommes pas un groupe politique et nous n’avons jamais cherché à exercer une quelconque influence», explique l’ambassadeur.

L’AELE ne s’occupe que de libre-échange. Les pays membres sont considérés comme des «partenaires de premier plan», affirme-t-il.

D’ailleurs, depuis 1992, les quatre pays membres font preuve d’une grande solidarité. Par exemple, dans les négociations avec la Tunisie, la Suisse soutient les positions de ses partenaires norvégien et islandais concernant le commerce du poisson.

swissinfo, Barbara Speziali, Bruxelles

– Création le 20 novembre 1959 de l’AELE, à l’instigation du Royaume-Uni.

– Objectif: développer les échanges économiques entre les pays qui n’avaient pas adhéré à une Communauté économique européenne (CEE).

– Membres fondateurs: l’Autriche, le Danemark, le Portugal, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse.

– L’entrée du Royaume-Uni dans la CEE (1973) a constitué le premier pas du lent déclin de l’AELE.

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