L’agriculture attire toujours plus de jeunes
Les paysans ont beau être sous pression et craindre parfois pour leur avenir, le métier attire de plus en plus de jeunes. Les écoles d'agriculture croulent sous les inscriptions.
Depuis 2002, ils sont de plus en plus nombreux à s’orienter vers les métiers de la terre. Certains établissements ont même atteint leurs limites de capacités.
Ce regain d’intérêt de la jeune génération ravit bien sûr l’Union suisse des paysans (USP), qui assure que les débouchés sont bel et bien là.
«Durant cet hiver 2006-2007, 164 élèves ont fréquenté nos cours. Ce nombre est le plus élevé depuis la création de notre école en 1923», se réjouit Guy Bianco, directeur de l’Ecole d’agriculture de Châteauneuf, à Sion (Valais).
M. Bianco prépare la rentrée d’octobre avec optimisme: plus d’une soixantaine d’inscriptions lui sont déjà parvenues, ce qui laisse augurer d’une fréquentation supérieure ou, tout au moins, similaire.
«Nos effectifs ont connu une hausse importante ces trois dernières années, avec une moyenne de 150 élèves par an. Auparavant, elle s’élevait à 114 élèves», relève-t-il.
En hausse depuis 2002
Depuis cinq ans, l’engouement se fait sentir dans toute la Suisse romande avec une hausse du nombre d’élèves de plus de 20%. Et, selon l’Union suisse des paysans (USP), les écoles d’Outre-Sarine connaissent le même phénomène.
«C’est assez exceptionnel, note Thierry Gallandat, doyen de l’Ecole d’agriculture de Grange-Verney (Vaud). Pour notre prochaine volée, nous avons dû prévoir une classe supplémentaire. Nous accueillerons une soixantaine d’élèves contre une quarantaine ces dernières années.»
Des novices et des filles
L’intérêt des jeunes pour les métiers de la terre se manifeste dans tous les secteurs – viticulture, arboriculture, cultures maraîchères, agriculture -, observent les écoles.
«La moitié de nos jeunes sont issus de familles paysannes et veulent reprendre l’exploitation familiale. Mais l’autre moitié n’a pas d’attache dans le domaine», précise M. Bianco qui constate que les filles sont, elles aussi, toujours plus nombreuses dans le secteur. «Elles osent désormais franchir le pas.»
Amour de la nature
Encore largement délaissée il y a une dizaine d’années, la profession attire une nouvelle génération parce qu’elle offre une large palette d’activités, estime Jakob Rösch, responsable de la formation à l’USP. «Les jeunes trouvent le moyen d’exprimer leur amour de la nature dans des domaines variés. C’est ce qui leur plaît.»
Et comme les places d’apprentissage se font rares dans de nombreux autres secteurs de l’économie, «certains jeunes pensent qu’il vaut mieux avoir un CFC d’agriculteur que rien du tout», explique-t-il.
Un avis que ne partage pas M. Horner, directeur de l’Institut agricole de Grangeneuve (Fribourg), «car malgré la reprise économique, l’intérêt persiste». A ses yeux, ce sont les exigences de professionnalisation qui ont redonné un élan à la formation.
«L’agriculture à l’ancienne fait peu à peu place à une agriculture de management, qui allie la connaissance des produits à la gestion. Une formation est dès lors indispensable», selon lui.
Nouveaux débouchés
En outre, les jeunes sont sollicités par les activités dites para-agricoles, en plein essor, constate M. Horner. Ainsi, l’industrie agroalimentaire, les coopératives agricoles ou les communes, pour la gestion de leur territoire, constituent autant d’employeurs qui offrent des débouchés.
Environ 4% des exploitations disparaissent chaque année en Suisse. Pourtant, selon l’USP, les débouchés sont assurés.
«Nous formons 900 jeunes par année. Sur une trentaine d’années, cela permettra de faire vivre 27’000 exploitations. Or, nous en dénombrons 60’000 dans le pays», explique M. Rösch, soulignant que plus de 15% des élèves se destinent aux professions voisines.
swissinfo et les agences
Le secteur agricole perd régulièrement du terrain en Suisse. Le nombre d’exploitations a baissé de plus de 160’000 en 1965 à quelque 63’000 en 2005.
Le nombre d’actifs dans le secteur a passé de 460’000 en tout en 1965 à 188’000 en 2005.
Le revenu agricole a atteint 54’000 francs en moyenne en 2005. En 1990, il était près de 63’000 francs.
La Confédération consacre près de 4 milliards de francs par an au secteur agricole.
Dès samedi et pour un an, plus de 200 paysans ouvrent les portes de leurs étables à la population. Une manière pour ces producteurs de lait de sensibiliser les consommateurs à leurs produits et favoriser la compréhension pour leur métier.
L’opération «Visites d’étables» débute samedi à l’occasion de la Journée du lait, dans le cadre de la campagne de communication «Proches de chez vous. Les paysans suisses».
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