L’amiante plombe ABB
Pour faire face à 94 000 plaintes déposées aux Etats-Unis, le groupe helvético-suédois augmente ses réserves. Qui passent de 595 millions à 940 millions de dollars.
Au 31 décembre 2000, 66 000 plaintes étaient pendantes. Un an plus tard, on en compte 94 000. Le nombre d’individus qui se retournent contre ABB ne cesse de croître. Ces milliers d’Américains affirment qu’ils ont été exposés aux revêtements en amiante des chaudières électriques fabriquées par Combustion Engineering, une société achetée par ABB en 1990.
Les chiffres de 2001 sont rouges
Certes, depuis, le groupe helvético-suédois a revendu cette entreprise basée dans le Connecticut à Alstom. Mais il doit toujours faire face aux plaintes. Et, pour cela, le géant mondial de l’équipement électrique doit sensiblement augmenter ses provisions.
L’addition est de plus en plus salée. Le supplément a dû être prélevé sur les comptes de l’an passé. Résultat: pour 2001, les chiffres d’ABB sont dans le rouge.
La réaction des marchés financiers ne s’est pas fait attendre. A Wall Street et sur les places boursières européennes, l’action du groupe chute. Les investisseurs sont préoccupés. D’autant plus que la direction d’ABB parle aujourd’hui d’un rapport de cause à effet entre ses mauvais résultats et cette affaire de l’amiante. Un lien qu’elle avait toujours tenté de minimiser.
«Après avoir examiné de près le dossier de l’amiante, admet Jörgen Centerman, nous avons décidé d’augmenter nos provisions et nous prévoyons des pertes en 2001.» En juillet dernier, le même président de la direction d’ABB attribuait les problèmes du groupe à «l’incertitude causée par le ralentissement des économies américaine, européenne et asiatique».
Au même moment, Jörgen Centerman revoyait à la baisse les prévisions des résultats annuels du groupe. Et il annonçait un plan de restructuration prévoyant la suppression de 12 000 emplois.
Le patron d’ABB se veut rassurant
Au cours des douze derniers mois, l’affaire de l’amiante a pris des dimensions énormes aux Etats-Unis. 28 000 nouvelles plaintes ont été déposées contre ABB. Et le nombre de cas résolus par un accord à l’amiable a sensiblement diminué. Ce qui signifie qu’une proportion grandissante de dossiers ont pris ou prendront le tortueux et coûteux chemin des tribunaux américains.
Quoi qu’il en soit, le patron d’ABB se veut rassurant. Il affirme que «les provisions permettent de couvrir tous les risques prévisibles en l’état actuel des connaissances». Mais, dans le même temps, il reconnaît qu’il n’y a «pas de garantie absolue» et qu’il est impossible de prédire l’évolution de cette affaire.
Et puis, Jörgen Centerman compte sur l’aide des milieux politiques américains. Qui s’inquiètent des conséquences que les procès pour contamination à l’amiante pourraient avoir sur les quelque 2000 entreprises concernées par ce problème aux Etats-Unis.
ABB n’a pas perdu tout espoir
ABB compte en outre sur l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi en Pennsylvanie. Qui restreint la responsabilité des sociétés visées, en cas de contentieux lié à l’amiante.
Le groupe helvético-suédois espère que la législation de Pennsylvanie servira de modèle à d’autres Etats de la fédération, voire au gouvernement fédéral américain.
Mais dans son discours sur l’état de l’union, le président George Bush n’a pas dit un mot sur les compagnies poursuivies pour contamination à l’amiante. Pourtant, les observateurs s’attendaient à ce que le chef de la Maison Blanche propose au Congrès de limiter leur responsabilité.
Marie-Christine Bonzom, Washington
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