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L’âge de la retraite à nouveau en votation

Les syndicalistes ont déposé les cartons de signatures devant le Palais fédéral. Keystone

Six ans après le dernier essai, l'Union syndicale suisse (USS) a déposé mardi une nouvelle initiative populaire pour une retraite à la carte dès 62 ans.

Dans cette version, le coût à supporter par l’économie serait moins important que celui des deux précédentes initiatives du même genre qui furent rejetées en novembre 2000.

Les paraphes ont été récoltés en neuf mois, soit la moitié du délai maximal autorisé. La Suisse romande en a livré environ un quart, le canton de Berne autant et le Tessin près de 10’000.

Le dépôt de cette nouvelle initiative constitue une «nouvelle étape vers le succès», a déclaré mardi à Berne le président de l’USS, Paul Rechsteiner.

Un rente entière

Actuellement, l’âge de la retraite en Suisse est de 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes.

Le texte de l’initiative syndicale vise l’introduction d’un droit à la retraite (AVS) dès 62 ans sans réduction de rente.

Seules les personnes ayant exercé une activité lucrative, avec une limite de revenu annuel de 116’100 francs, y auraient droit. Une retraite partielle serait également possible.

Le modèle choisi devrait coûter 720 millions de francs si l’âge ordinaire de la retraite est relevé à 65 ans pour les femmes. S’il demeure fixé à 64 ans, les surcoûts atteindraient 1,15 milliard, explique Colette Nova, la spécialiste de l’USS en matière d’assurances sociales.

Les coûts ont été calculés sur la base d’une hypothèse de 30% de travailleurs profitant de la retraite à 62 ans. La part devrait s’élever à 50% pour ceux de 63 ans et à 70% pour les 64 ans.

Afin d’augmenter les chances de succès, l’USS a comprimé les coûts de son projet par rapport aux deux initiatives similaires rejetées en 2000, qui auraient coûté environ 2 milliards de francs par an.

Le financement de la retraite flexible pourrait être assuré en l’occurrence par une augmentation des cotisations salariales de l’ordre de 3 à 4 pour mille. Cette hausse ne serait pas nécessaire si le peuple acceptait, cet automne, l’initiative populaire COSA «bénéfices de la Banque nationale pour l’AVS».

11ème révision critiquée

L’USS a tenu à déposer son texte avant que la commission préparatoire du Conseil national (Chambre basse) ne commence à examiner la 11ème révision de l’AVS proposée par Pascal Couchepin, ministre en charge des assurances sociales.

Il s’agit par ce biais de faire pression sur les travaux concernant ce «projet de démantèlement social qui n’est à nouveau pas en mesure de réunir une majorité derrière lui», a lancé le patron de l’USS.

Les syndicats ne se satisfont pas de la rente-pont prévue, car cette prestation de préretraite est «réservée aux pauvres parmi les pauvres». Le député socialiste Paul Rechsteiner a accusé Pascal Couchepin de ne «rien apprendre des erreurs du passé». Pourtant, la retraite à la carte est un «besoin social urgent».

Pour l’heure, seuls les plus nantis peuvent se permettre de quitter le travail avant 65 ans. «Si M. Weibel» (le directeur des CFF) «était employé à la manœuvre à la gare de triage de cargo CFF de Bienne, il n’aurait sans doute pas décidé aussi sereinement de prendre sa retraite anticipée à 60 ans», a lancé le président du syndicat des transports SEV, Pierre-Alain Gentil.

swissinfo et les agences

L’initiative populaire permet à des citoyens de proposer une modification de la Constitution. Pour être valable, elle doit être signée par 100’000 citoyens dans un délai de 18 mois.
Le Parlement peut directement accepter l’initiative. Il peut aussi la refuser ou lui opposer un contre-projet.
Dans ces deux derniers cas, un vote populaire a lieu. L’adoption d’une initiative nécessite la majorité du peuple et des cantons.

– 1978: une initiative des Organisations progressistes de Suisse (POCH) est balayée. Elle voulait la retraite à 60 ans pour les hommes et 58 ans pour les femmes.

– 1988: une nouvelle initiative des POCH est refusée. Elle proposait d’abaisser l’âge de la retraite à 62 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes.

– 1995: une initiative socialiste et syndicale demandant notamment la retraite à la carte dès 62 ans est repoussée.

– 1998: le peuple refuse l’initiative des syndicats qui voulaient réaliser la 10e révision de l’AVS sans relèvement de l’âge de la retraite des femmes.

– 2000: deux initiatives en faveur de la retraite à la carte dès 62 ans, soutenues par la gauche et les Verts, sont rejetées.

– 2004: la 11ème révision de l’AVS, qui prévoyait un relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, est repoussée.

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