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L’économie plébiscite la libre circulation

Joseph Maushart, patron d'une entreprise soleuroise, à l'appui du oui le 25 septembre. Keystone

Les milieux économiques se mobilisent pour un «oui» à l'extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’Union européenne.

Réunis mercredi, ils ont rappelé l’importance vitale de cet objet qui sera soumis au peuple le 25 septembre.

Tant l’économie d’exportation que l’économie intérieure ont besoin des accords bilatéraux avec l’UE. Un franc sur trois et un emploi sur trois en Suisse dépendent des échanges avec l’UE, rappellent les milieux économiques.

Les ténors des cinq grandes associations économiques helvétiques étaient présents à Bellach (Soleure). L’occasion de plaider pour le oui dans le cadre du comité «Les entreprises pour les accords bilatéraux», mais aussi d’exprimer leurs craintes.

Selon les représentants de l’économie, un non lors de la votation du 25 septembre entraînerait de sérieux dommages. L’incertitude qui en découlerait serait du poison pour l’économie suisse. Le comité soutient donc fermement «ce petit pas» sur la voie bilatérale.

«Une catastrophe économique»

Si le peuple dit «non», le 25 septembre, ce ne sera pas un problème à court terme pour une entreprise comme Fraisa, argumente Josef Maushart, son directeur général. «Mais si l’Union européenne (UE) annule les bilatérales, ce sera une catastrophe économique et à moyen terme, beaucoup d’entreprises comme Fraisa délocaliseront une grande partie de leurs activités dans l’UE».

Fraisa est spécialisée dans le développement d’outils de précision pour l’usinage industriel à hautes performances des métaux. Elle emploie 430 personnes et dépend de ses affaires internationales.

Les biens fabriqués avec ses produits sont pour 93% fabriqués ou destinés à l’étranger. Fraisa réalise 15% de sa production en Hongrie et 85% en Suisse où sa main d’oeuvre du sud et du sud-est de l’Europe lui est déjà indispensable. Un «non» le 25 septembre mettrait en danger les 200 postes occupés par des Suisses.

Le même Joseph Maushart rappelle aussi que la balance commerciale de la Suisse est largement déficitaire avec «l’Europe des 15» alors qu’elle est positive avec l’Europe de l’Est.

Aussi une question d’image

L’horlogerie suisse met aussi son poids dans la bataille pour le oui. Son président souligne que – exportatrice à près de 95% et employant 40’000 personnes en Suisse romande surtout – cette branche ne peut se passer de la main d’oeuvre étrangère.

Un rejet de l’accord lui ferait perdre la face alors que l’image est très importante dans l’horlogerie, estime aussi Jean-Daniel Pasche.

Pour le président de l’Union suisse des arts et métiers (USAM) Edi Engelberger, les succès des entreprises d’exportation ont des retombées positives directes sur de nombreuses PME et l’industrie locale. Un «non» pourrait dès lors créer de sérieux dommages sur le marché intérieur.

L’éventuel enterrement des autres accords bilatéraux I lié à un refus signifierait par ailleurs de nouveaux handicaps pour les entreprises suisses, relève Johann Schneider-Ammann, président de Swissmem (association faîtière de l’industrie des machines).

L’accord sur les obstacles techniques au commerce permet en effet d’éviter de coûteuses procédures d’examen dans l’UE et celui sur les marchés publics donne accès à un volume de commandes de 1000 milliards par an.

Contraire au but visé

«L’économie suisse ne veut pas d’une adhésion à l’UE», rappelle le président d’economiesuisse Ueli Forster. Mais elle veut faire des affaires avec son principal partenaire commercial et a pris des dispositions pour éviter l’immigration incontrôlée et la sous-enchère salariale.

«La priorité des travailleurs nationaux et le contrôle des salaires ferment presque complètement le marché du travail suisse aux citoyens des nouveaux Etats membres jusqu’en 2011», constate pour sa part Rudolf Stämpfli, président de l’Union patronale suisse.

De toute manière, estime Ueli Forster, le mouvement de pression sur les salaires ne doit rien à la libre circulation des personnes. Elle s’explique par les changements structurels en général.

Toujours selon le président d’economiesuisse, les opposants à l’accord provoqueront le contraire de ce qu’ils veulent éviter: chômage et dumping salarial. «L’économie ne veut ni ne peut assumer la responsabilité d’un tel désastre.»

swissinfo et les agences

– Le 1er mai 2004, dix nouveaux pays ont adhéré à l’Union européenne: Chypre, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République Tchèque, la Slovénie, la Slovaquie et la Hongrie.

– Les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne de 1999 s’appliquent automatiquement à ces nouveaux membres, exception faite de la libre circulation des personnes.

– Pour ce dernier cas a été prévue une réglementation transitoire spécifique qui permettra à la Suisse d’ouvrir progressivement et de manière contrôlée son marché du travail.

– Un référendum a été lancé contre cette extension de la libre circulation. Le peuple se prononcera le 25 septembre prochain.

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