La Banque cantonale vaudoise sous perfusion
Le canton de Vaud injecte 1,25 milliard de francs de plus dans sa banque cantonale.
Les petits actionnaires ont demandé, mercredi en ouverture de leur assemblée générale extraordinaire, des comptes aux dirigeants de la banque et à l’Etat de Vaud.
Mercredi matin sous des applaudissements nourris, plusieurs intervenants ont exigé des explications sur les événements révélés la veille, en particulier l’injection de 1,25 milliard de francs par le canton de Vaud dans la BCV.
«Qu’avez-vous fait de notre banque?», a lancé un patron de PME. Un autre actionnaire a douté que ce nouvel apport de fond soit le dernier demandé à l’Etat.
«Nous avons toutes les raisons de croire que nous ne ferons pas à l’avenir de nouvelles découvertes de ce genre», leur a répondu le président sortant du conseil d’administration Alain Hirsch.
Soupirs et ricanements dans la salle: le président avait prononcé une phrase similaire quatre mois plus tôt devant la même assemblée.
La Banque cantonale vaudoise (BCV) est-elle un trou sans fond? En juin dernier, le gouvernement vaudois décidait de souscrire seul une augmentation de 600 millions de francs.
Et, maintenant, une nouvelle fois, il injecte plus d’un milliard de francs dans le capital de la BCV, par émission de bons de participation.
Motif de cette opération très onéreuse? Un besoin en provisions de 850 millions de francs et le renforcement des fonds propres à hauteur de 400 millions de francs.
La tendance est au désengagement
La somme est très importante. Ce renflouement tombe à un mauvais moment (les licenciements se multiplient dans le canton de Vaud). Et, en plus, il va à l’encontre de la tendance générale.
En effet, partout, en Suisse et dans le reste de l’Europe, l’Etat a tendance à se désengager. Au nom du libéralisme, un gouvernement ne doit pas fausser la concurrence.
Alors qu’une banque privée, malade de mauvais investissements, meurt de sa belle mort, une banque cantonale continue d’être renflouée. Et cela grâce à la générosité des contribuables.
Certes, en septembre 2001, le souverain a rejeté le projet de loi sur la Banque cantonale vaudoise, par 33.161 de ‘oui’, contre 41.206 de ‘non’. Pour autant, on ne peut pas en déduire que les Vaudois tenaient à ce que leur gouvernement maintienne sa politique auprès de la BCV.
Les casseroles de Banque cantonale
En est-il toujours de même? En juin 2002, le gouvernement vaudois a souscrit la totalité de l’augmentation de capital de 600 millions de francs.
Peu avant, les Vaudois avaient découvert l’extrême générosité de l’indemnité contractuelle perçue par Gilbert Duchoud, l’ancien président du Conseil d’administration de l’établissement (1,6 million de francs).
A présent, l’augmentation de capital se chiffre à 1,25 milliard de francs. C’est une somme considérable pour un seul canton.
La 4e banque du pays (après l’UBS, le Credit Suisse et la Banque cantonale de Zurich) est dans un piteux état. Il n’est même pas sûr que cette nouvelle bouée de sauvetage suffise à lui sortir la tête de l’eau.
En effet, depuis presque dix ans, l’intervention de l’Etat n’a pas freiné la chute des établissements financiers dans le canton de Vaud.
En 1993, pour des raisons économiques mais aussi politiques, la BCV avait dû reprendre en catastrophe la BVCréd et ses 3,5 milliards d’actifs et de passifs. Sans cette reprise la BVCréd s’effondrait.
Dans la même période, le Crédit foncier vaudois (CFV) reprenait la Caisse d’Epargne et de Crédit (CEC). Puis, un an plus tard, le gouvernement vaudois décidait la fusion de la BCV et le CFV.
Résultat, en absorbant les canards boiteux des quatre établissements bancaires, la banque cantonale, n’a pas fini d’augmenter ses provisions pour absorber les crédits douteux.
swissinfo/Ian Hamel et les ageences
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