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La crise irakienne plombe les voyagistes

Les touristes désertent les plages et remettent leurs vacances à plus tard. dipdip

Les voyagistes affrontent de nouvelles turbulences. Sur fond de guerre en Irak, ils constatent une diminution importante de leurs réservations.

Ils espèrent une reprise après le conflit. Mais l’évolution de la conjoncture pourrait leur réserver des surprises.

Mise à mal par une conjoncture économique précaire, l’industrie du tourisme se prépare à vivre un été difficile. En effet, le début des hostilités sur le sol irakien risque de détourner nombre de vacanciers de leur destination habituelle.

Ou plutôt de les inciter à remettre leurs vacances à plus tard. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) se montre d’ailleurs pessimiste. «Il est probable que dans les prochains mois des milliers d’emplois vont disparaître, mais tout dépendra de la nature du conflit», fait savoir Francesco Frangialli.

Recul des réservations

Le secrétaire général de l’OMT estime cependant qu’un conflit d’une durée limitée pourrait sauver la saison d’été. Mais pour l’heure, un constat s’impose: les réservations sont en diminution par rapport à l’année dernière.

Ainsi Hans Lerch, directeur exécutif de Kuoni a constaté, mardi à Zurich, que «beaucoup de clients ont les moyens de voyager mais ils ne font pas de réservations pour l’instant. Ils préfèrent attendre la levée des incertitudes qui planent sur l’Irak».

Après une année 2001 difficile, qui s’est soldée par une perte de 282 millions de francs, le voyagiste helvétique a retrouvé les chiffres noirs, affichant un bénéfice de 26,2 millions de francs pour 2002.

2002 avait pourtant été une bonne année

L’embellie ne sera-t-elle que de courte durée? C’est la question que se posent tous les acteurs de la branche. Loin de se laisser abattre, ils ont déjà pris des mesures. On trouve aujourd’hui des voyages à prix bradés vers plusieurs destinations de l’Afrique du Nord comme l’Egypte, le Maroc ou la Tunisie.

Mais il est peu probable que de telles mesures soient susceptibles de ranimer le secteur. «A l’heure actuelle, le prix des voyages n’est pas un élément déterminant car les gens éprouvent un sentiment d’insécurité qu’ils ne sont pas prêts à surmonter pour partir en vacances à l’étranger», estime Hans Peter Nehmer, porte-parole d’Hotelplan.

Le rebond se produira-t-il?

En effet, tout le secteur s’attend à un rebond de l’activité au terme des opérations militaires, comme ce fut le cas après la première Guerre du Golfe.

Mais comparaison n’est pas raison. Et pour commencer, le climat économique qui a précédé le conflit de 1991 n’était de loin pas aussi terne que celui que nous connaissons depuis près de deux ans.

En effet, plusieurs instituts conjoncturels allemands anticipent une entrée en récession imminente de l’économie allemande, la première du continent européen.

Si l’on ajoute à cela les bulletins de santés moribonds de la plupart des économies européennes, des Etats-Unis et du Japon, le rebond auquel les voyagistes veulent croire semble bien hypothétique.

Personne ne fait de pronostic pour 2003

«Il est très difficile de faire des prévisions sur l’ensemble de l’année, rassure le porte-parole d’Hotelplan, car les effets de la crise irakienne rendent la situation actuelle très spéciale».

Spéciale, certes, mais pas désespérée. «La situation était bien plus grave après les attentats du 11 septembre 2001, suivi de près par le grounding de Swissair», souligne Peter Anderegg, directeur du marketing et des ventes de l’agence de voyages SSR.

Mais de toutes les façons, cette crise pénalise une région dans laquelle le tourisme affichait une croissance enviable. La croissance des activités touristiques au Moyen Orient a progressé de 11% en 2002, contre une croissance moyenne de 3% pour le reste du monde.

Dès lors, seule la fin du conflit qui s’annonce en Irak permettra de trier parmi toutes ces hypothèses. Et de savoir enfin si le recul constaté actuellement dans les réservations découle davantage de l’incertitude qui anime la population que de l’épaisseur de son porte-monnaie.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

Les voyagistes constatent une baisse des réservations par rapport à l’an dernier
Les acteurs anticipent un regain d’activité au terme des opérations en Irak
L’évolution de la conjoncture pourrait leur réserver des surprises

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