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La crise n’épargne pas les agences de placement

Les agences ont dépensé 39% de moins pour les annonces entre septembre 2002 et 2003. Keystone Archive

Crise oblige, les agences de placement sont à la recherche de clients. La demande en travailleurs intérimaires a certes repris ces dernières semaines, mais la plupart des bureaux toussotent.

Leurs annonces dans la presse ont diminué de 40 % en un an.

La hausse du travail temporaire qui s’est dégagée en septembre dans les agences interrogées par l’ats n’incite pourtant pas l’optimisme. On préfère demeurer prudent, car septembre est généralemment le meilleur mois de l’année. Directeur à Moutier de A à Z emplois, Thierry Bergère ne voit pas dans cette reprise un indice de renouveau conjoncturel.

«Je préfère parler d’une pointe de production liée à l’approche de la fin de l’année. Certaines entreprises qui n’ont pas utilisé tout leur budget le font pour répondre aux demandes», poursuit Thierry Bergère.

Reste que cet élan est tout de même considéré comme le signe précurseur d’une reprise. «Le marché des agences reflète la situation économique avec quelques mois d’avance», note Daniel Buchler, chef d’une société au service des groupes de travail temporaire.

Effet saisonnier

Une certaine retenue prévaut également chez le numéro un mondial du secteur, Adecco. Le groupe ne veut pas se réjouir trop vite des demandes croissantes. «Il s’agit d’un effet saisonnier», note le directeur général d’Adecco Suisse, Michael Agoras.

Des personnes très qualifiées s’adressent à nous et c’est plutôt inquiétant, observe pour sa part le chef d’une société basée en Valais. Si certains se montrent plus confiants, c’est à long terme.

«La hausse du temporaire laisse présager d’une amélioration dès juin 2004», commente Laurent Triboullier, responsable de Star(t)emploi. Spécialisé dans le commercial, qui ressent durement la crise, ce bureau croit en l’indice que constitue le travail temporaire.

Quoi qu’il en soit, ce phénomène n’empêche pas des chefs d’agence de parler de crise pour leur marché. La santé de ce dernier est liée à la situation de l’emploi puisque la rétribution des sociétés émane des futurs patrons. La loi sur le service de l’emploi interdit de retenir un pourcentage sur le salaire d’une personne engagée.

Annonces à la baisse

Reflet éloquent de cette crise, la baisse des annonces dans la presse se manifeste depuis le deuxième trimestre 2001, selon PubliPresse. Le chiffre global dépensé dans les journaux a diminué de 39% entre septembre 2002 et septembre 2003 et de 44% entre décembre 2001 et décembre 2002.

«Actuellement, la plupart de nos membres connaissent des difficultés», confirme un responsable de l’Union suisse des services de l’emploi (USSE), Georg Staub. L’USSE représente plus de 170 entreprises actives dans la branche des ressources humaines.

Ses membres génèrent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 2,5 milliards de francs. On recense en Suisse entre 600 et 800 sociétés de la branche qui réalisent plus d’un million de chiffre d’affaires.

«Quelques agences sont en hausse, mais beaucoup pêchent par manque de vision stratégique. En 2004, les faillites seront inévitables», estime M. Staub. Des sociétés doivent revoir leurs ambitions et remettre en question leur focalisation sur certains domaines, à l’image de l’informatique.

Aussi les grands

Et la crise n’épargne pas les plus grands. Si Adecco a vu son bénéfice net augmenter de 11% au premier semestre, c’est aussi en raison d’une forte compression des coûts, le chiffre d’affaires ayant subi un recul de 7%. En Suisse, «nous sommes assez satisfaits de notre situation», relève pourtant Michael Agoras.

Entre juin 2002 et juin 2003, les effectifs du leader mondial basé à Chéserex (Vaud) ont été comprimés de 10%, soit 3000 postes à plein temps. Au niveau suisse, des mesures limitant les coûts ont été prises lorsque la crise a débuté il y a deux ans.

Adecco observe que le volume pour le placement fixe diminue car les gens ne changent plus aussi fréquemment d’emploi. Si une augmentation reste envisageable dès le printemps 2004, il faut modérer son envergure. «Nous ne connaîtrons plus l’élan ressenti entre 1995 et 2000», conclut, prudent, le chef d’Adecco.

swissinfo et les agences

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