La fièvre monte autour de Provins
Eric Lehmann annonce son départ de la direction de Provins. Et aussitôt, de rumeurs de faillite fusent. Ce que dément la Coopérative valaisanne.
«Tout cela est insensé». Interrogé par l’Agence télégraphique suisse, Eric Lehmann, ancien journaliste, bientôt ex-président de la SSR et surtout futur patron de police vaudoise, nie le risque de faillite évoqué longuement par la presse dominicale.
Une chose est néanmoins sûre: l’année 2001 a été difficile pour Provins, dont les comptes bouclent sur un déficit de 500 000 francs.
Le chiffre d’affaires de la Fédération des Caves de Producteurs de vins du Valais, (nom complet de Provins) a chuté de 10% par rapport à l’exercice précédent passant de 80 millions en 2000 à 72 millions l’an dernier.
40% de fonds propres
Tout cela amène Provins Valais à affirmer, chiffres à l’appui, que la démission surprise de son directeur, Eric Lehmann, n’est nullement liée à ces difficultés financières.
Et rappeler que les fonds propres de la structure cumulée de la Fédération et des quatre caves représentent quelque 40% du total du bilan.
«Nous aurions pu puiser dans nos réserves pour combler la perte de 2001, souligne Eric Lehmann, qui est encore directeur général de la coopérative, mais nous avons tenu à donner un signe clair aux coopérateurs en leur rappelant que le temps de l’abondance était terminé.»
5200 coopérateurs
Une façon comme une autre de signifier aux 5200 coopérateurs qu’il est temps d’adapter la production aux besoins du marché.
«Aujourd’hui, la commercialisation des vins rouges et des spécialités se développe de façon réjouissante», commente Jean-Marc Amez-Droz, président de l’Organisme de promotion des vins suisses.
Provins a bien défini une stratégie conforme à cette nouvelle tendance. «Mais, dit-il, les coopérateurs ont eu de la peine à s’adapter».
«La coopérative n’a pas réagi assez rapidement et elle a pris du retard par rapport à la demande du consommateur», ajoute Jean-Marc Amez-Droz.
44% de chasselas
Un avis partagé par Guy Bianco, «la production de spécialités atteint à peine 5% chez Provins contre 12% pour l’ensemble du Valais», souligne le directeur de la Chambre valaisanne d’agriculture.
En Valais, les vignerons-encaveurs se sont rapidement converti aux nouvelles tendances. Les sociétaires de Provins, eux, ont continué de perpétuer la tradition.
44% de leur vignoble est toujours planté de chasselas. Un cépage qui empoisonne véritablement la vitiviniculture helvétique.
Réencépagement programmé
«Le chasselas suisse se vend toujours plus mal, rappelle Guy Bianco. Malgré les limitations de récoltes adoptées l’an dernier, les stocks continuent d’augmenter et les prix de s’effondrer».
Afin de diversifier sa production, Provins a décidé de soutenir le réencépagement d’une partie du vignoble cultivé par ses sociétaires.
La coopérative a également procédé à l’achat ou à la location de 13 hectares de vignes destinés à l’implantation de cépages autochtones.
Aide fédérale
Fin juin, la Confédération a, elle aussi, annoncé qu’elle soutiendrait à raison de 20 000 à 35 000 francs par hectare la reconversion du vignoble suisse.
Berne financera également la production de jus de raisin, fabriqué notamment à base de chasselas.
Manque d’anticipation
Des mesures que certains jugent bien tardives. «On savait depuis 1996 que l’ouverture des frontières aux vins étrangers allait bouleverser le marché», rappelle Jean-Marc Amez-Droz.
«Pourtant, il a fallu attendre l’an dernier pour que tous les cantons viticoles se mettent d’accord sur une limitation des quotas de production».
En d’autres termes, la profession vitivinicole n’a pas su anticiper pour éviter la crise.
swissinfo/Vanda Janka
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.