La Fnac franchit la barrière de röstis
Multimédia, musique, films et livres… en français mais aussi en allemand. Après Genève et Lausanne, la FNAC s’installe à Fribourg. En attendant, Zurich, Bâle, Berne et, peut-être, Lugano.
En Suisse, le groupe français franchit pour la première fois la frontière des langues.
Success story à la française, la Fédération nationale d’achat des cadres (Fnac) figure aux avant-postes en matière de distribution de produits culturels. Elle travaille dans huit pays et emploie 17’000 collaborateurs.
A son arrivée en Suisse en 2000, la puissante filiale du groupe Pinault-Printemps-Redoute a tout de suite fait office d’ogre, avec sa politique de prix agressive. Et son ambition n’a pas faibli.
Trois ans plus tard, les trois magasins de Genève et Lausanne enregistrent un chiffre d’affaires de 120 millions de francs.
«Il faut voir Genève et Lausanne comme une vérification éclatante de notre analyse de marché et de la pertinence de notre concept», estime Michel Jamry, directeur du nouveau magasin fribourgeois.
A Fribourg, la Fnac s’est installée dans un centre-commercial flambant neuf à 150 millions de francs. Au passage, elle a créé une soixantaine d’emplois, dont 40% bilingues.
Sur une surface de 1600 m2, la Fnac commercialise des milliers de CDs, d’appareils électroniques et de produits d’édition. Dont 5000 livres en allemand.
Premier pas vers le marché alémanique
Avec cette librairie à 30% germanophone, la Fnac ne fait rien d’autre qu’un premier pas vers le marché alémanique.
Devraient suivre Zurich d’ici 2005, Bâle un an plus tard et Berne vers 2007. En 2008, le géant français compte gérer douze filiales en Suisse.
«En dehors de Bâle, Zurich et Berne, si Fribourg accueille favorablement la Fnac et que nous y voyons un intérêt, Neuchâtel pourrait être une place très intéressante aussi», indique Michel Jamry.
«En ce qui concerne Lugano, précise le même Michel Jamry, c’est un développement envisagé mais plus lointain. Il s’agit d’une autre langue».
Aux yeux de la direction de Fnac suisse, Fribourg permettra de tester l’accueil du marché alémanique.
«Fribourg n’est pas seulement un pas en avant en direction du marché alémanique, précise Michel Jamry. En terme de développement, je vois deux enjeux: une offre bilingue et l’arrivée d’une Fnac dans une ville moyenne. Fribourg sera riche d’enseignements».
Attentisme envers l’Allemagne
Déjà concurrent de Media Markt et du groupe Hachette (Payot Libraire), la Fnac s’apprête donc à marcher sur les plates-bandes d’Orell Füssli et autres Stauffacher et Jaeggi à Berne.
Déjà interrogée l’an dernier, la direction d’Orell Füssli faisait preuve d’un calme olympien à l’annonce de l’arrivée en ses terres de la Fnac.
Cela étant, la Fnac pourrait bien poursuivre son extension jusqu’en Allemagne. Dans les années nonante, elle a déjà fait une incursion rapidement avortée car commercialement désastreuse (1994) sur ce marché.
Michel Jamry se montre toutefois prudent. «Le marché alémanique n’est pas un test ou un premier pas vers le marché allemand. Fnac a ciblé la Suisse comme un marché en soi. Les deux sont déconnectés».
«Pour nous, poursuit Michel Jamry, le marché allemand figure entre parenthèse. Actuellement, les enseignes françaises ne marchent pas en Allemagne».
swissinfo, Pierre-François Besson
– Dans ses magasins suisses, la Fnac tire 60% de son chiffre d’affaires de la vente des articles techniques. Le reste découle de la commercialisation de produits éditoriaux. En 2002, les ventes mondiales de la Fnac se montaient à 3,54 milliards d’euros.
– La Fnac profite de l’assise financière de son propriétaire, le groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR). Actif dans 65 pays, il emploie 108’000 collaborateurs et possède des enseignes comme Printemps, Conforama ou Gucci Group.
– Le groupe PPR a enregistré en 2002 un chiffre d’affaires de 27,4 milliards d’euros, dont 832 millions réalisés sur ses différents sites de e-commerce.
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