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La folle ruée sur les «petites» banques

Partout, les banques cantonales gagnent de nouveaux clients. Keystone

La crise financière fait réagir les petits épargnants, qui changent de banque par dizaines de milliers. Cet afflux de fonds frais dans les banques cantonales et les établissements plus petits n'est pas sans poser quelques problèmes.

La confiance s’est effritée, voire effondrée, chez de nombreux petits actionnaires et clients des grandes banques suisses, surtout de la chancelante – bien que désormais soutenue par l’Etat – UBS. Les transferts de comptes atteignent des montants record.

Parmi les principaux bénéficiaires de ces mouvements de fonds, la Banque cantonale de Zurich (BCZ) affichait pas moins de 8,5 milliards de francs d’argent frais à fin août, indique son président Urs Oberholzer. Les nouveaux clients se comptent par milliers chaque mois.

Les autres établissements cantonaux ne sont pas en reste: la Banque cantonale vaudoise (BCV) constate elle aussi une forte fréquentation de ses succursales.

«Mais on ne fait pas la queue», précise le porte-parole de la BCV Paul Coudret, sans donner de chiffres. La Banque cantonale bernoise a pour sa part comptabilisé 1,453 milliard de francs en argent frais et cette évolution à la hausse se poursuit, indique-t-elle.

Deux fois plus qu’en une année

Même tendance à la Banque cantonale de Genève (BCGe), qui a accueilli 6300 nouveaux clients au premier semestre, le double de ce qu’elle gagne normalement en une année entière.

Autre bénéficiaire, le groupe des Banques Raiffeisen dit engranger 1 milliard de francs de nouveaux dépôts chaque mois. Le président du conseil d’administration Franz Marty a parlé d’une véritable ruée de 100’000 nouveaux clients.

Tout, sauf une grande banque !

Pour les premiers jours d’octobre, la Banque Coop indique une explosion de 45% d’ouvertures de nouveaux comptes en plus par rapport à la même période de l’année dernière. Et la Banque Migros a comptabilisé quelque 46’000 nouveaux comptes de janvier à septembre, soit 37% de plus que durant le même laps de temps en 2007.

Afflux à la Poste aussi, dont la division Postfinance a ouvert 105’000 nouveaux comptes au premier semestre 2008. C’est une augmentation de plus de 30%.

Moins connue, et active surtout en Suisse alémanique, la Banque alternative reçoit également «nettement plus de nouveaux fonds et de nouveaux clients que d’habitude», indique à swissinfo son porte-parole Rico Kessler.

«Mais nous ne sommes pas débordés pour autant», ajoute-t-il. La banque estime qu’elle comptera entre 30 et 50% de clients supplémentaires à la fin de l’année, soit quelques centaines de personnes.

Problème de placements

Ces transferts sont cependant aussi synonymes de difficultés, surtout pour les banques cantonales. Celles-ci ne sont pas forcément équipées pour placer les nouveaux fonds.

«De façon générale, nous refusons partiellement les demandes de personnes ou d’entreprises qui ne sont pas localisées dans le canton et qui ne sont pas encore clients, car nous ne pouvons pas gérer ces nouveaux fonds de façon bénéficiaire», a ainsi expliqué Karl-Andreas Schuler, directeur de la Banque cantonale de Schwyz, dans le journal Zentralschweiz am Sonntag.

Sans compter le nombre d’heures supplémentaires induites par l’ouverture de nouveaux comptes et tous les frais administratifs qui vont de pair.

Nouveaux crédits

Les banques Raiffeisen, spécialisées dans l’octroi de crédits, réengagent les nouveaux fonds de cette manière, car la demande est restée forte. Ainsi, 5,1 milliards de francs ont été prêtés dans les premiers mois de l’année, un record, selon la banque. La Banque alternative utilise également l’argent frais pour des crédits répondants à ses critères éthiques.

La plupart des banques cantonales et Postfinance bénéficient d’une garantie de l’Etat. Les avoirs des clients sont garantis à 100% et non à hauteur de 30’000 francs comme dans les autres banques.

La crise actuelle a fait ressurgir la revendication d’abolition de cette garantie de l’Etat. Il n’est pas normal que 80% des banques bénéficient de la garantie, a déclaré Pierin Vincenz, patron du groupe Raiffeisen, au Tages-Anzeiger. Il réclame le même traitement pour tous.

Pierin Vincenz réclame également une meilleure protection des épargnants, du reste également proposée par le Conseil fédéral. Et il conclut: «C’est au client d’être protégé, pas aux managers qui n’ont pas atteint leurs objectifs».

swissinfo, Jean-Michel Berthoud
(Traduction de l’allemand: Ariane Gigon)

Après avoir longtemps affirmé qu’aucun plan de sauvetage n’était nécessaire en Suisse, le gouvernement a annoncé jeudi 16 octobre que la Confédération venait en aide à l’UBS, première banque du pays.

De fait, une «cellule de crise» créée en 2005 par le Département fédéral des finances avait demandé dès mars dernier à la Banque nationale suisse d’élaborer des scénarios.

Le plan prévoit le transfert d’actifs «toxiques» d’un montant de quelque 60 milliards de dollars vers un fonds ad hoc géré par la Banque nationale suisse et sis dans les Iles Caïman, ainsi qu’un prêt de 6 milliards de dollars à UBS.

Le montant total – 68 milliards de francs suisses – dépasse le budget de la Confédération (54 milliards en 2007).

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