La grippe aviaire se rapproche de la Suisse
Après la découverte de deux cas aux frontières de la Suisse, le danger du virus H5N1 devient de plus en plus réel, estiment les autorités fédérales.
Confirmation a été donnée après la découverte d’un canard infecté sur la rive allemande du lac de Constance et la mort de centaines de dindes dans la région de Lyon.
«Le danger que nous soyons touchés par la grippe aviaire devient toujours plus réel», a déclaré samedi le directeur de l’Office vétérinaire fédéral.
C’est en ces termes que Hans Wyss a commenté la confirmation, samedi, de la découverte du virus H5N1 à Überlingen, sur la rive allemande du lac de Constance, à une quinzaine de kilomètres de la Suisse ainsi que dans un élevage de l’Ain, à quelque 150 kilomètres de la Suisse romande.
Hans Wyss a ajouté que la Suisse avait déjà pris toutes les mesures de sécurité nécessaires. Toutefois en cas de découverte d’un oiseau infecté sur la rive suisse du lac de Constance, un périmètre de sécurité de dix kilomètres serait constitué, comme à Überlingen.
Première pour l’UE
Les résultats définitifs de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments ont confirmé tôt samedi matin la présence de la souche H5N1 sur les centaines de dindes retrouvées mortes jeudi dans un élevage de Versailleux, non loin de Lyon.
Selon Hans Wyss, la France, premier pays touché de l’Union européenne, a pris les mesures nécessaires pour que la maladie ne se répande pas. Les importations des régions concernées seront automatiquement réglées par des dispositions de l’UE.
En Suisse, les 87 analyses effectuées à ce jour sur des oiseaux morts n’ont pas révélé la présence du dangereux virus.
Le ministère français de l’Agriculture a précisé que les 11’000 dindes avaient «d’ores et déjà toutes été euthanasiées» et que les bâtiments avaient été désinfectés. Une étude épidémiologique devrait déterminer la façon dont les dindes, qui n’étaient pas élevées en plein air, ont pu être contaminées.
Quelques heures après cette confirmation, le président Jacques Chirac a toutefois affirmé, en inaugurant le Salon de l’Agriculture à Paris, qu’il n’y avait «aucun danger à consommer de la volaille et des oeufs».
Confirmé au lac de Constance
En Allemagne voisine, la présence du H5N1 a été confirmée chez le canard sauvage découvert mort vendredi sur la rive allemande du lac de Constance.
La confirmation est venue du ministre de l’Agriculture de l’Etat du Bade-Wurtember. Le canard infecté, un fuligule milouin, a été trouvé près des quais d’Überlingen.
Les autorités ont précisé que les mesures seront renforcées pour éviter une propagation.
Jusqu’à présent, l’épizootie en Allemagne était confinée dans le nord, au bord de la Mer Baltique, où 111 oiseaux morts ont été retrouvés porteurs du dangereux virus depuis le 15 février.
St-Gall et Thurgovie aux aguets
Les cantons riverains du lac de Constance, Thurgovie et Saint-Gall, n’ont pas renforcé les mesures de sécurité. «Nous partions déjà du principe qu’il s’agissait du virus H5N1», a déclaré Christian Senn, de l’office vétérinaire cantonal thurgovien.
Aucune mesure n’a été prise non plus du côté saint-gallois, mais les autorités restent en contact permanent avec leurs homologues allemands et les cantons voisins, a précisé Markus Seiler, adjoint du vétérinaire cantonal. «Nous sommes prêts», a-t-il affirmé.
swissinfo et les agences
– Le virus H5N1 est connu depuis des décennies mais il a été découvert pour la 1re fois sur des humains en 1997 à Hong Kong.
– Ensuite, il s’est répandu dans plusieurs pays d’Asie.
– En 2005, il a touché la Turquie, la Roumanie et la Croatie.
– Début février 2006, il a été localisé en Afrique.
– Ensuite, il a touché 6 pays de l’UE, dont les pays limitrophes de la Suisse.
– En Suisse, les volailles sont confinées depuis le 20 février mais les oiseaux ne sont pas vaccinés pour l’instant, contrairement à la France et aux Pays-Bas.
– Si un cas semblable à celui de la rive allemande du lac de Constance survenait en Suisse, un périmètre de sécurité de 10 km serait mis en place.
Jusqu’à maintenant, environ 170 personnes ont contracté le virus, et plus de 90 en sont mortes.
La transmission de l’homme à l’homme n’a pas encore été constatée.
Les scientifiques craignent que le virus puisse muter, permettant ainsi cette transmission et, donc, une pandémie.
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