La lutte contre l’effet de serre continue
Un accord a été trouvé in extremis samedi à Montréal à la Conférence de l'ONU sur les changements climatiques, mais sans le soutien officiel des Etats-Unis.
Plus de 150 pays, dont la Suisse, ont accepté de continuer de négocier sur la réduction des gaz à effet de serre après 2012, donnant un 2e souffle au Protocole de Kyoto.
Echec ou réussite à Montréal? Bruno Oberle, chef de la délégation helvétique, reprend la formule du verre à moitié vide ou à moitié plein. «Nous aurions aimé voir plus de pays qui n’ont pas ratifié le traité de Kyoto manifester leur volonté de se joindre au processus», a-t-il déclaré à swissinfo.
Un accord a certes été trouvé tôt samedi après une ultime nuit de négociations. Mais les Etats-Unis, non-signataires du Protocole de Kyoto, ont refusé d’y prendre part officiellement pour n’acceptant qu’un «dialogue» informel pour limiter le réchauffement climatique.
Les bases d’un nouveau cycle
Selon les termes de l’accord, les parties décident «d’engager un processus afin d’étudier de nouveaux engagements des pays industriels pour la période postérieure à 2012», jetant ainsi les bases d’un nouveau cycle de négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les pays signataires du Protocole de Kyoto, a toutefois noté Bruno Oberle, ne «pourront pas résoudre le problème. Nous avons besoin du soutien des Etats-Unis, mais aussi des grands pays émergents», allusion à des pays comme la Chine.
Pour le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, l’atmosphère était «très constructive» à Montréal. «Mais on sent que les différents groupes ont très peur de s’engager trop loin et de nuire à leurs propres intérêts. Il y a donc encore fort à faire pour établir une confiance réciproque», a-t-il également confié à swissinfo.
La conférence de Montréal était la plus importante depuis la signature de Kyoto par 140 pays en 1997. Le protocole paraphé au Japon prévoit qu’entre 2008 et 2012 les 34 pays les plus industrialisés du monde auront réduit leurs émissions de gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques, de 5,2% en moyenne par rapport aux niveaux de 1990.
Les Etats-Unis misent sur la technologie
Mais les Etats-Unis, premiers émetteurs de ces gaz (un quart de la production mondiale) et qui avaient initialement accepté une réduction de 7%, refusent depuis 2001 d’appliquer le traité pour protéger leur économie et parce que les pays émergents tels que la Chine et l’Inde ne sont pas concernés.
Si Washington préfère mettre en avant le développement de technologies plus propres, de nombreux Etats, villes et sociétés américaines ont déjà conclu de leur côté des accords de limitation de leurs émissions.
L’ancien président américain Bill Clinton, partisan de Kyoto, a souligné vendredi que l’administration Bush a «totalement tort» de refuser le protocole.
Le CO2 et autres gaz à effets de serre, produits par la combustion des moteurs et autres industries utilisant des carburants fossiles comme le pétrole ou le charbon, ont fait monter la température globale de la Terre de 0,7 degré Celsius au cours du 20e siècle, selon les scientifiques.
Ecologistes satisfaits
Pour les écologistes, les objectifs de la conférence ont été atteints. Alexander Hauri, expert de Greenpeace Suisse, est positif: «Je pense qu’il est encore temps et que la pression augmente puisque tout le monde réalise que le climat est en train de changer. Avec les énergies alternatives, nous avons les solution, il suffit de les utiliser.»
«Quant aux Etats-Unis, s’ils persistent dans leur attitude de blocage, les autres pays devraient trouver le courage de continuer sans eux», a-t-l encore indiqué à swissinfo.
swissinfo et les agences
La Conférence de l’ONU sur les changements climatiques et l’après-Kyoto s’est tenue à Montréal du 28 novembre au 10 décembre.
Plus de 150 pays ont accepté de lancer des négociations formelles sur la réduction des gaz à effet de serre après 2012.
– L’enjeu de la conférence sur le changement climatique était de définir les suites à donner au protocole de Kyoto.
– Ce traité, qui impose des réductions d’émission de gaz à effet de serre à 34 pays industrialisés, est entré en vigueur cette année et expire en 2012.
– Du fait de son rejet par les Etats-Unis, l’un des objectifs de Montréal était d’impliquer Washington dans les futurs efforts de limitation de l’effet de serre et les pays émergents comme la Chine ou l’Inde, qui n’ont pas d’engagements chiffrés dans le cadre du protocole.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.