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La maturité professionnelle victime de son succès

Près de 18% des titulaires d'un certificat fédéral de capacité poursuivent avec une maturité professionnelle. swissinfo.ch

La maturité professionnelle fête ses dix ans. Le nombre de titulaires ne cesse de croître d’année en année. Et celui de ceux qui suivent une Haute école spécialisée (HES) aussi.

Résultat, les HES ont de gros problèmes financiers. Elles vont donc devoir se serrer sérieusement la ceinture.

Confédération et cantons ont constaté que 498 millions de francs allaient manquer dans les caisses des HES d’ici à 2007. Principale raison à cela: le gonflement des coûts provoqué par une hausse escomptée de 30’000 à 35’000 du nombre d’étudiants (+16%).

Les instances politiques ont donc pris les devants. Le «masterplan» qu’elles ont adopté jeudi doit permettre de diviser par dix le déficit attendu.

A lui seul, l’abaissement du coût moyen par étudiant devrait permettre une épargne de 276 millions de francs. Cette mesure passera notamment par une plus forte implication du corps intermédiaire dans l’enseignement(assistants, chargés de cours etc).

Tout le monde devra faire des efforts, y compris les étudiants eux-mêmes. Les taxes d’études s’aligneront sur celles des universités (de 1300 à 1600 francs, soit une hausse de 2 à 300 francs).

Plus de succès que prévu

Cette forte pression sur les budgets des HES jette une ombre sur la maturité professionnelle au moment où elle fête tout juste ses dix ans.

Car elle aura des répercussions sur les titulaires d’une telle maturité qui souhaitent obtenir un diplôme de niveau universitaire en suivant les cours de l’une ou l’autre des Hautes écoles spécialisées.

Et, on l’a vu, l’augmentation du nombre de candidats va de pair avec celle du nombre de détenteurs d’une maturité professionnelle.

Un succès qui va d’ailleurs bien au-delà des prévisions du gouvernement. Et qui prouve que les milieux économiques avaient vu juste.

Lancé en 1994, ce nouveau titre devait permettre de redonner du lustre aux formations professionnelles. Cette année-là, 241 certificats de maturité professionnelle étaient décernés. Dix ans plus tard, ce chiffre a littéralement explosé.

En 2003, il était exactement de 9011. Ce qui représente 17,8% des titulaires d’un certificat fédéral de capacité d’une école professionnelle.

Globalement, quelque 10% des jeunes d’une même année de naissance décrochent une maturité professionnelle. Tandis que 18% réussissent une maturité gymnasiale.

A noter que, sur ce plan-là, la Suisse se situe dans une bonne moyenne européenne.

Doublement qualifiés

Aldo Widmer est le Secrétaire général de la commission fédérale de maturité professionnelle. Pour lui, les systèmes de formation cantonaux et la maturité professionnelle s’accordent parfaitement.

D’un côté, la Confédération fixe les conditions cadres (y compris du programme d’étude cadre). De l’autre, les cantons sont en charge de l’exécution concrète du menu.

«La commission fédérale de maturité fédérale a pour mandat de veiller à une application uniforme des prescriptions fédérales», explique Aldo Widmer. Et concrètement, ça marche. Cette jeune maturité répond aux besoins de l’économie, qui «aspire» une bonne partie des certifiés au sortir même de leur formation.

«En fait, ces jeunes gens sont doublement qualifiés, insiste Aldo Widmer. Avant même d’entrer en classe de maturité, ils possédaient un savoir-faire professionnel. Et au sortir, ils ont en poche un ticket pour les HES.»

Vers une passerelle

Reste un problème. Le titulaire d’une maturité professionnelle est «programmé» pour la HES, celui d’une maturité gymnasiale pour l’Université.

Mais les choses doivent changer, estime Aldo Widmer. Il faut en effet éviter que la maturité professionnelle confine les étudiants au seul secteur choisi au sortir de l’école.

Une passerelle est donc à l’ordre du jour. Depuis 1994, une année de pratique dans le secteur d’activité choisi permet déjà aux porteurs d’une maturité gymnasiale d’intégrer les HES.

Et dès 2005, un examen complémentaire permettra aux titulaires d’une maturité professionnelle de s’offrir l’accès à toutes les écoles de niveau universitaire.

swissinfo

– La maturité professionnelle complète la formation professionnelle officialisée par un certificat fédéral de capacité (CFC). Elle se définit comme une formation étendue et approfondie de culture générale. Et permet d’accéder aux Hautes écoles spécialisées (HES), aux exigences de niveau universitaire.

– La maturité professionnelle recouvre cinq orientations. A savoir: technique, commerciale, artistique, artisanale, sciences naturelles et santé-social.

– Confédérations et Cantons veulent réduire le déficit des HES pour 2004-2007 à 50 millions de francs. L’abaissement du coût moyen par étudiant doit permettre d’économiser 276 millions, la disparition du subventionnement public de la formation continue et des services à des tiers, 53 et 72 millions.

– Dans le secteur technique, économie et design (TED) des HES, la part des coûts liés à la recherche et développement doit passer de 13 à 17%. Et dans les filières d’études santé, social et arts (SSA) de 5 à 10%. Recherches et développement recevront une rallonge de 168 millions de francs.

– D’ici 2007, la Confédération versera 4,474 milliards de francs aux HES, et les cantons 1,29 milliards. Les dépenses consenties augmenteront de 80 millions par an.

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