La Suisse adopte la «liste noire» européenne
La Suisse s'aligne sur la Commission européenne qui a publié mercredi sa première «liste noire» des compagnies aériennes bannies du ciel européen.
Au total, 92 compagnies sont complètement interdites de vol et 3 partiellement. Aucune d’entre-elles ne vole en Suisse. Africaines pour la plupart, elles sont jugées dangereuses.
Il s’agit de la première liste noire de l’Union européenne (UE). Et elle prend effet dès samedi, annonce mercredi la Commission européenne à Bruxelles. La décision a été prise la semaine dernière, à l’unanimité des experts de la sécurité aérienne des 25.
Sur cette liste, 92 compagnies, qui transportent du fret ou de passagers, font l’objet d’interdictions totales de vol. Les trois autres sont soumises à des «restrictions», ce qui veut dire que certains de leurs appareils seulement auront le droit de voler dans l’UE.
Hécatombe africaine
La grande majorité de ces compagnies sont immatriculés en Afrique. Ainsi, l’UE a interdit d’un bloc tous les transporteurs aériens originaires de Sierra Leone, de Guinée équatoriale, du Liberia, du Swaziland et de la République démocratique du Congo (RDC), à l’exception d’un seul.
Les rares compagnies non africaines figurant sur la liste sont originaires de Corée du Nord, d’Afghanistan, de Kazakhstan, du Kirghizstan, du Bangladesh et de Thaïlande. A noter que trois au moins des noms de la liste sont ceux de compagnies nationales, soit les Lignes Aériennes Congolaises, Ariana Afghan Airlines et Air Koryo (Corée du Nord).
Cette liste sera actualisée «aussi souvent que nécessaire» et au moins tous les trois mois, précise Bruxelles.
En Suisse aussi
La Suisse s’était fortement engagée en faveur d’une liste européenne commune. Dans un communiqué, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) indique que Berne reprend cette liste et participera au mécanisme de mise à jour.
Mais parmi les compagnies mentionnées, aucune ne dessert actuellement la Suisse. Et les deux compagnies interdites à ce jour par Berne – l’égyptienne Flash Airlines et l’arménienne Air Van Airlines – n’existent de toute façon plus.
Critiques
Si la Fondation pour la protection des consommateurs se félicite de la politique de l’OFAC. La liste noire laisse sceptiques d’autres associations et certains experts.
Ainsi, la Fédération internationale des victimes d’accidents aériens s’«étonne» de l’absence de compagnies du bassin méditerranéen «alors qu’il y a récemment eu des problèmes, avec des passagers qui ont refusé de décoller».
Journaliste spécialisé dans les questions aériennes, Sepp Moser explique à swissinfo que ce type de liste n’a pour lui «aucun sens» et ne sert qu’à «calmer l’opinion publique».
«Les listes noires ne servent pas la sécurité aérienne, mais de simples motifs politiques. Les tests qui déterminent qu’une compagnie va y figurer ou non se font sur 20 minutes par avion, c’est beaucoup trop court», précise Sepp Moser.
Et d’ajouter que logiquement, les pays riches ont un meilleur niveau de sécurité, simplement parce que la sécurité coûte cher.
«Dans un pays où je n’aurais pas l’idée de me faire hospitaliser, je ne ferais pas non plus confiance aux compagnies aériennes», conclut Sepp Moser.
swissinfo et les agences
Depuis qu’il est question de listes de compagnies dangereuses, Berne a défendu la solution européenne contre les solutions nationales.
La Suisse, qui applique les normes de l’UE en matière de trafic aérien, est membre de la Conférence européenne de l’aviation civile.
Cette année encore, elle aura rejoint l’Agence européenne de la sécurité aérienne.
Par ailleurs, la Suisse va intégrer le Ciel Unique Européen, projet visant à restructurer les services de navigation aérienne afin d’assurer une gestion rationnelle et sûre du trafic dans les années à venir.
Cette adhésion est importante pour le bureau de contrôle aérien helvétique Skyguide, qui doit gérer des espaces aériens en Allemagne, en France et en Italie.
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