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La Suisse doit taxer davantage combustibles et carburants

Le principal défaut des usines à gaz, c'est d'émettre trop de CO2. Keystone

Si la Suisse veut réduire davantage ses émissions de CO2, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) lui recommande d'augmenter les impôts sur les carburants et les combustibles.

Quant au centime climatique, il est jugé insuffisant, ce qui confirme l’opinion du ministre Moritz Leuenberger.

Comme dans la majorité des pays industrialisés, le trafic représente le plus grand défi pour la politique énergétique et climatique suisse, a expliqué Nobuto Tanaka, directeur de l’AIE.

Les dix prochaines années seront déterminantes. La Suisse doit s’engager pour des objectifs plus ambitieux en vue de l’après-Kyoto, a-t-il souligné devant les médias, lundi à Berne.

Pour ce faire, le système actuel de mesures librement consenties et le centime climatique ne sont pas assez incitatifs, avertit l’expert. «La taxation du mazout, même en tenant compte de la taxe sur le CO2 qui entrera en vigueur en 2008, et celle des carburants sont très faibles en comparaison européenne et donc insuffisantes», a-t-il dit invitant la Suisse «à envisager une hausse de ces taxes»

Trop de voitures gourmandes

La recommandation de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) va dans le sens des ambitions de Moritz Leuenberger. Faisant allusion au fait que les Suisses circulent souvent seul à bord de voitures gourmandes, le ministre en charge de l’énergie et de l’environnement a ironisé sur la solitude des automobilistes suisses et la soif de leur véhicule sans égale en Europe.

L’AIE recommande aussi d’instaurer un système de bonus-malus pour promouvoir les voitures économes en énergie, de plafonner les émissions de CO2 par kilomètre pour les nouveaux véhicules ou d’augmenter les prix des parkings. A l’inverse, le nombre de places de stationnement devrait être réduit.

Approvisionnement menacé

Le deuxième défi que la Suisse devra relever est la garantie de l’approvisionnement en électricité, a ajouté M. Tanaka. Le gouvernement voulant éviter une dépendance à l’égard de l’étranger, il n’a pas d’autres choix que d’autoriser la construction de nouvelles centrales, à gaz ou nucléaires, selon le rapport de l’AIE.

Tout en affirmant respecter le fait que le peuple suisse ait le dernier mot sur ce point, M. Tanaka invite le Conseil fédéral à faire en sorte d’accélérer les procédures d’autorisation de nouvelles centrales. «Il faudra aussi résoudre la question des déchets», souligne l’expert.

Bonnes notes à Moritz Leuenberger

En matière d’efficacité énergétique, la Suisse obtient de bons résultats. Par exemple dans le bâtiment, l’application des normes volontaires Minergie «très exigeantes» a été saluée par M. Tanaka. De même pour le programme d’action, présenté par Moritz Leuenberger en septembre, visant à accroître l’efficacité énergétique et à développer les énergies renouvelables.

«Nous espérons que ce plan de mesures ne sera pas pelé comme un oignon jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien», a renchéri le conseiller fédéral. Ces mesures sont «un compromis qui tient compte des intérêts de l’environnement et de l’économie», a-t-il précisé.

Positions figées

La publication de ce rapport n’empêche pas les milieux concernés de camper sur leurs positions. La Fondation centime climatique estime que jusqu’en 2012, le centime est suffisant tel qu’il a été fixé dans le plan financier et approuvé par le Conseil fédéral, selon son directeur Marco Berg.

Du côté des organisations environnementales, tant Greenpeace que le WWF continuent à rejeter les centrales nucléaires et les centrales à gaz. L’avenir passe par le développement des énergies renouvelables et des mesures d’efficacité énergétique, qui permettent de faire face à la prétendue pénurie d’énergie annoncée.

swissinfo et les agences

1. Le centime climatique est une taxe sur les carburants volontairement consentie par le monde économique. La Confédration n’est pas impliquée et c’est la Fondation pour le centime climatique qui contrôle le niveau et les recettes de cette taxe.

2. La taxe obligatoire sur le CO2 qui grève les combustibles fossiles entrera en vigueur en 2008. Les recettes seront redistribuées à la population via les assurances maladies et aux entreprises en fonction de leur masse salariale.

3. Pour accroître la réduction de ses émissions de CO2, un pays peut acquérir des certificats d’émission, une sorte de «droit de polluer», auprès de pays qui, eux, ont réussi à atteindre leurs objectifs de réduction.

L’AIE fait partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle a été fondée en 1974 à Paris par les 16 membres de l’OCDE importateurs de pétrole (y compris la Suisse) pour riposter à la baisse de l’offre de l’OPEP. Aujourd’hui elle compte 26 membres.

Les objectifs de l’AIE visent à améliorer la structure de l’offre et de la demande d’énergie, l’utilisation plus efficace de l’énergie et le développement de sources d’énergie de substitution afin de réduire la dépendance.

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